La Cinémathèque québécoise

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Le texte qu’on va lire est celui d’une conférence prononcée à Alger, le 21 juin 1952, dans le cadre des activités cinématographiques de l’association Travail et Culture d’Algérie. La projection du film Les Visiteurs du soir suivait cette conférence en guise d’illustration.

Issues, en 1945, de ce mouvement pour la démocratisation de la culture qui fut, au sortir de la Se­conde guerre mondiale, l’une des grandes espéran­ces de la Libération, les associations Tourisme & Travail et Travail & Culture, distinctes en France, étaient, en Algérie, jumelées. Leur programme se lit dans leur nom même. Elles disposaient au reste du soutien des syndicats, de la C.G.T. et du Parti Communiste. Pour avoir trop clairement attiré l’at­tention, dans ses voyages, sur le statut colonial du pays et la misère quasi générale de ses autochtones, Tourisme & Travail perdit ses subventions puis fut interdit à la veille de la guerre d’indépendance (1954).

L’honnêteté commande de dire que l’action et l’in­fluence de ces organisations culturelles ne furent — et ne pouvaient être — que gouttes d’eau dans le dé­sert. De dire aussi que la population algérienne leur échappa en entier. L’Algérie comptait, encore en 1960, 88% d’adultes analphabètes. Quant à la frange bourgeoise et petite-bourgeoise qui bénéficia de l’institution universitaire française, elle optait pour les savoirs utiles : médecine, pharmacie, droit, en­seignement, refusant d’instinct une culture qui lui venait de l’Occident et du colonisateur.

Ce n’est qu’après juillet 1962, après la naissance de la nation algérienne, qu’on put assister à ce “mi­racle” : des intellectuels et des semi-illettrés dis­posés à écouter parler de Racine, de Picasso ou de John Ford.

Barthélémy Amengual.

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