La Cinémathèque québécoise

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Présentation

Dès 1941, l’animation apparaît à l’ONF avec la présence de Norman McLaren. Il recrute quelques jeunes artistes à travers le Canada — George Dunning, Jim Mackay, René Jodoin, Jean-Paul Ladouceur, Evelyn Lambart, Grant Munro — et, avec eux, jettera les bases de l’atelier initial d’animation. Les premiers films serviront la cause de l’effort de guerre tels V FOR VICTORY, HEN HOP, FIVE FOR FOUR de McLaren, BIT IT UP SUCKER et JOE DOPE HELPS CAUSE INFLATION de Mackay, GRIM PASTURES de Dunning. La petite équipe sera aussi assignée à l’exécution d’innombrables diagrammes, cartes géographiques, schémas de procédés industriels, cartons de génériques, destinés à d’autres services de l’ONF. Evelyn Lambart fut étroitement associée à la cartographie, élément essentiel, par exemple, de la série World in Action de Stuart Legg. Dans ce sens, elle réalisera LA CARTE IMPOSSIBLE démontrant les problèmes et le travail complexe du cartographe. Des films socio-éducatifs, comme THREE BLIND MICE de Dunning, seront aussi réalisés.

Puis, John Grierson, premier commissaire à la cinématographie, eut l’idée de mettre en valeur la culture populaire du pays. Les séries Let’s All Sing Together, Chants Populaires et Chansons de Chez-Nous fourniront l’occasion aux artistes de donner libre cours à leur imagination et à leur fantaisie pour animer et illustrer plusieurs chansons folkloriques françaises et anglaises.

À cause des moyens très restreints de l’époque, certaines techniques furent mises au point pour pallier aux carences de l’équipement et du budget. Quand on revoit ces films aujourd’hui, quelque trente ou quarante ans plus tard, l’esprit d’invention qui a présidé à ces premières réalisations, reste étonnant. La Tchécoslovaquie, entre autres, s’est intéressée à ces travaux des débuts, les a étudiés et en a tiré profit. Même avec une instrumentation de plus en plus sophistiquée, les animateurs de l’ONF ont perpétué la tradition des recherches techniques depuis les premières contributions importantes de Ken Kendall — surtout dans le domaine du son synthétique — celles de Raymond Spottiswoode dans la stéréoscopie jusqu’à l’oscillateur vertical de Roman Kroitor. Les membres de l’équipe ont et continuent toujours de suggérer aux fabricants des modifications et des perfectionnements à leurs appareils.

Après la guerre, Jim Mackay prit la direction du studio d’animation et s’entoura de nouvelles recrues. Ce seront les débuts de Robert Verrall, Colin Low, Wolf Koenig, Sidney Goldsmith. Avec des moyens de plus en plus considérables, ils donneront une nouvelle orientation à la production. SPORTS ET TRANSPORTS (1952) marquera une coupure entre les films de facture plutôt artisanale et donnera l’impulsion à des réalisations produites selon les techniques utilisées dans les grands studios. Dans le même temps, McLaren approfondit ses inventions dont l’un des résultats les plus spectaculaires sera BEGONE DULL CARE (1949).

Après l’installation de l’ONF à Montréal en 1956, coïncidera l’arrivée d’une nouvelle génération : Bernard Longpré, Yvon Mallette, Ryan Larkin, Pierre Moretti, Pierre Hébert sont de ceux-là. Le système de représentation s’élargit et chaque artiste adopte sa propre imagerie et sa technique personnelle.

En 1966-67, une section française distincte d’animation sera créée avec le concours décisif de René Jodoin, pionnier de la première heure. Autour de lui, se formera un nouveau noyau jeune et dynamique qu’il dirigera pendant plusieurs années.

L’apport occasionnel ou permanent d’animateurs étrangers a aussi contribué de façon importante à l’essor des studios tant anglophone que francophone.

L’image de marque de l’animation onéfienne symbolise un haut degré d’excellence et sa réputation est reconnue partout. La multitude de prix venue couronner le travail de ces animateurs est un hommage probant.

Un sommet a été atteint au cours de la dernière décennie. Œuvrant dans des conditions optimales enviées du monde entier, profitant de l’apanage qui est le leur et de la panoplie technologique mise à leur disposition, les créateurs du cinéma image par image de l’ONF sont parvenus à une maturité et un éclectisme quasi uniques.

Il va sans dire que ce vaste éventail allant des premiers éléments découpés jusqu’à l’ordinateur, en passant par les dessins sur cellulos, les marionnettes, la peinture sur verre, l’animation de sable et les collages, ne se laisse pas enfermer dans une tendance ou une unanimité quelconque. Sans parler de l’écran d’épingles (LE PAYSAGISTE), la pixillation (MON­SIEUR POINTU), le pastel sur papier de verre (THIS IS YOUR MUSEUM SPEAKING) et j’en passe.

En dépit de l’envergure de cet ensemble que constitue l’animation à l’ONF, il reste encore de larges possibilités de réorientation. Les animateurs de cet organisme se classent parmi les mieux pourvus pour occuper les champs de la vigueur créatrice. Leur réputation le leur impose et c’est le vœu que nous formulons en cette année d’anniversaire.

Louise Beaudet

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