La Cinémathèque québécoise

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Génèse des rencontres > Les trois manifestes de Rocha, Solanas et Espinoza

Les trois textes qui suivent ont été repris sous diverses formes et dans des contextes parfois très différents. Ils témoignent des bouleversements politiques, et culturels qui ont traversé l’Amérique latine dans la deuxième moitié des années soixante jusqu’au début des années 1970. Ils coïncident également avec l’émergence d’un nouveau cinéma venu des pays du Sud. Bouleversements qui ont coïncidé avec ceux qui ont contribué à un renouveau fondamental dans le cinéma dans les pays occidentaux et qui sont évoqués dans plusieurs documents de ce site.

Esthétique de la Faim de Glauber Rocha

Celui de Glauber Rocha a été écrit dans des circonstances et selon une commande très précises afin d’être présenté, en janvier 1965, sous la forme d’une communication écrite et orale, lors d’une rétrospective de cinéma latino-américain qui comprenait un hommage spécifique au jeune Cinema Novo brésilien organisée, à Gênes, en Italie. Plus qu’une simple communication il s’agit d’un texte à valeur de manifeste, qui s’inscrit contre les «forces colonisatrices» qui cherchaient à figer le mouvement du cinéma brésilien dans les clichés installés à son sujet par les observateurs extérieurs. Il a été rédigé à un moment où Glauber, qui avait quitté le Brésil suite à l’entrée en scène de la dictature militaire, commençait à transformer son voyage permanent en exil. Ce qui deviendra en quelque sorte, le manifeste de ce “nouveau cinéma” traduit les aspirations de la jeunesse brésilienne. Ses images baroques, que sous-tend la dénonciation des inégalités sociales, lui valent bien des honneurs, tant en Europe qu’en Amérique. L’Esthétique de la faim est certainement le texte le plus célèbre de Glauber Rocha, et le plus souvent traduit en diverses langues.

Le texte peut être consulté sur les sites Web suivants :

Vers Un Troisième Cinéma de Fernando Solanas et Octavio Getino

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Version française dans la revue Cinéma politique, octobre 1975.

C’est le document qui a le plus circulé des trois cités ici. La première déclaration du Groupe Cine Liberacion, date de 1968 soit en pleine dictature militaire. Son objectif principal était de faire le point sur les actions menées avec le film La Hora de Los Horno (L’heure des brasiers). Dès l’année suivante apparaissait en Argentine le manifeste Vers un Troisième Cinéma qui coïncidait avec les événements de 1968 en Europe. Lancé avec le film lors du Festival Internazionale del Nuovo Cinema de Pesaro, le document est vite devenu l’étendard d’un certain nouveau cinema plus affirmé politiquement parlant et qui se situait à la marge du cinema industriel traditionnel, tout comme à celle d’un certain cinema d’auteur plus progressiste tout en affirmant des valeurs formelles. Il relégua un peu aux oubliettes de l’histoire celui de Glauber Rocha, tout en s’en inspirant, puisque tout comme Glauber, Solanas et Getino y rejetaient les clichés du cinéma soit-disant tiers-mondiste. Sa publication comprenait un bilan complet de l’expérience du Groupe Cine Liberacion en 1973, soit avec le retour de la démocratie et du peronnisme, et sous le titre “Cine, Cultura Y Descolonizacion” .

Le texte peut être consulté sur les sites Web suivants :

Pour un cinéma imparfait de Julio Garcia Espinosa

Écrit en 1969 et publié dans la revue CineCubano, est une forme de réponse à ces deux autres manifestes importants. Espinosa y défend l’idée d’un retour aux théories de Brecht dans les Caraïbes, c’est-à-dire la nécessité de créer un nouveau type de film pour un nouveau type de spectateur. Démarche illustrée dans son film Las Aventuras de Juan Quinquin où il reprend les codes d’un cinéma de «genre» en lui inculquant un discours politique différent.

Le texte peut être consulté sur les sites Web suivants :

André Pâquet