COLLOQUE REPRENDRE À TOUT PRENDRE
Plus de 50 ans après la sortie du film À tout prendre de Claude Jutra, ne serait-il pas venu le temps de REPRENDRE la réflexion autour de ce film emblématique dont les innombrables interprétations et analyses n’ont pas fini de se révéler? Dans le sillage du dossier publié dans la revue 24 images au printemps 2014 — en parallèle avec Le Chat dans le sac — et de l’inventaire d’archives, réalisé par Pierre Jutras et accessible sur le Web, la tenue d’un colloque s’imposait de facto; ce que Diane Poitras, professeure à l’École des médias de l’Université du Québec à Montréal, s’est chargée de matérialiser.
L’influence de ce film traverse le temps et se poursuit encore aujourd’hui. Notre but est justement d’évaluer l’état des lieux de l’attraction exercée par ce film chez les cinéphiles, chercheurs et cinéastes contemporains.
Déjà à l’époque de sa sortie, le film est remarqué par Jean Renoir qui à la suite d’une projection à l’Université de Californie, en février 1964, identifie la véritable originalité formelle du film que sont les différentes « voix » du personnage articulées hors champ : « J’aime beaucoup le film; je pense qu’il est excellent. Toutes les parties du film où l’histoire est racontée de façon plus ou moins directe (voix in) sont bonnes ; toutes les parties où l’histoire est racontée indirectement (voix off) sont excellentes, et souvent même brillantes. Somme toute, le film marque une avancée dans le cinéma. J’espère qu’il aura le succès qu’il mérite. »
Pour sa part, John Cassavetes — lui qui s’y connait en films à petit budget, plus ou moins improvisés, tournés en 16 mm avec les techniques du cinéma direct — dira dans le cadre d’un entretien avec Pauline Kael : « Je pense que le film est superbe. Il est probablement le meilleur des jeunes réalisateurs que j’ai eu l’occasion de voir. Il manie la caméra magnifiquement; il a un sens de l’humour diabolique; il dirige les acteurs mieux que quiconque ne l’a fait depuis longtemps. Il est un amateur dans le meilleur sens du terme parce que chacune des scènes est une découverte. Je suis certain qu’il n’a pas tout planifié dans les moindres détails puisque ces scènes sont tellement spontanées. »
Et plus récemment Edgar Morin, invité à participer à notre journée d’étude, nous envoie à défaut de pouvoir venir à Montréal, une phrase-choc, bien ramassée, qui, à elle seule, vaut toute une thèse : « À tout prendre est un film génial d’une originalité absolue et il reste unique comme film d’auteur/acteur jouant sa vie dans son rôle. »
Ces trois citations constituent en quelque sorte des points de références, d’ancrage à nombre d’autres réflexions sur À tout prendre que les participants à ce colloque ont accepté de nous révéler.
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RENSEIGNEMENTS GÉNÉRAUX
Date : Jeudi 12 novembre 2015
Lieu : Salle Fernand-Seguin de la Cinémathèque québécoise.
ENTRÉE LIBRE
Présenté par :
Horaire et communications
9 h : Présentation d’ouverture, par Marcel Jean
1. Affinités/Socialité
Modératrice : Diane Poitras
- 9 h 30 : Shadows et À tout prendre : Une écriture 16 mm, par Robert Daudelin
- 10 h : Un cinéaste en quête de légitimité. À tout prendre et le champ cinématographique québécois, par Pierre Barrette
- 10 h 30 : Johanne Harrelle, du réseau Jutra au réseau Morin, par André Gervais
- 11 h à 11 h 30 : Échange avec les participants
- LUNCH
2. Intimité/Politique
Modératrice : Julie Vaillancourt
- 13 h 30 : « Aimes-tu les garçons? », de Thomas Waugh
- 14 h : Mapping Race, Sexuality, and Nation in Jutra’s À tout prendre, par Gregorio Pablo Rodriguez-Arbolay Jr.
- 14 h 30 : Échange avec les participants
- PAUSE
3. Style/Musicalité
Modérateur : Germain Lacasse
- 15 h 30 : L’incommunicable beauté. Analyse du dire-vrai dans À tout prendre et The Favorite Game, par Thomas Carrier-Lafleur
- 16 h : Du quiproquo vaudevillesque à l’épuisement burlesque : Sur le filon comique d’À tout prendre, par Michèle Garneau
- 16 h 30 à 17 h : Échanges et discussions avec les participants
Notes sur les conférenciers
PIERRE BARRETTE
Professeur à l’École des médias de l’UQÀM et détenteur d’un doctorat en sémiologie, Pierre Barrette enseigne la télévision, le cinéma, les théories de la communication et publie abondamment, d’une part dans le domaine de la sémiologie et de l’analyse des médias, d’autre part à titre de collaborateur à diverses revues culturelles. Spécialiste de la télévision et du cinéma québécois, il est membre régulier du Centre de recherche interuniversitaire sur la littérature et la culture québécoise (CRILCQ), directeur de GLOBE – Revue internationale d’études québécoises, et il consacre aujourd’hui ses recherches à la sémiologie des genres, à l’histoire de la télé ainsi qu’aux mutations contemporaines du paysage médiatique au Québec.
THOMAS CARRIER-LAFLEUR
Auteur d’une thèse de doctorat sur Proust et le cinéma, qui paraitra prochainement aux Classiques Garnier sous le titre L’œil cinématographique de Proust, Thomas Carrier-Lafleur a publié en 2010 son premier ouvrage, Une Philosophie du « temps à l’état pur ». L’Autofiction chez Proust et Jutra (Vrin/Presses de l’Université Laval). Il est aujourd’hui stagiaire postdoctoral au Département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques de l’Université de Montréal. Ses recherches actuelles portent sur l’histoire du cinéma selon les romanciers.
ROBERT DAUDELIN
Directeur de la Cinémathèque québécoise de 1972 à 2002, Robert Daudelin a été aussi président de la Fédération internationale des Archives du film de 1989 à 1995 et rédacteur en chef du Journal of Film Preservation de 1996 à 2011. Il collabore régulièrement à la revue 24 images et a publié L’œil au-dessus du puits/deux conversations avec Johan van der Keuken (Montréal, Les 400 coups, 2006).
MICHÈLE GARNEAU
Professeure à l’Université de Montréal au département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques, Michèle Garneau a publié récemment sur les cinémas québécois et canadien : ONF par ONF.ca : Fabrication, valorisation et célébration du patrimoine à l’Office national du film du Canada, septembre 2015, No 6-1 [en ligne : http://imaginations.csj.ualberta.ca/]; « Autorité de la technique chez Pierre Perrault », dans L’auteur de cinéma. Histoire, généalogie, archéologie [Dir., C. Gauthier et D. Vezyroglou], Paris, 2013; « Retour sur la petite histoire d’une technique libératoire » dans « La Nouvelle Vague et le cinéma direct : rencontres France/Québec », numéro thématique de la revue Nouvelles Vues sur cinéma au Québec, No 14, Hiver 2013. [En ligne : www.nouvellesvues.ulaval.ca]; « Les rendez-vous manqués d’Éros et du cinéma québécois », dans Une histoire des sexualités au Québec au XXe siècle, Montréal, VLB éditeur, 2012; « Esthétique et politique du cycle abitibien », dans L’œuvre de Pierre Perrault Film Works, Vol. 3, La collection Mémoire de l’Office national du film du Canada (ONF). 2009; Traversés de Pierre Perrault, Québec, Éditions Fides, 2009.
ANDRÉ GERVAIS
De 1969 à 2007, André Gervais a enseigné à titre de chargé de cours et comme professeur au collège et à l’université. Il a publié plus de 25 livres depuis 1974 en tant qu’auteur (poète et essayiste) et depuis 1991 en tant qu’éditeur de certains des livres de Gérald Godin, de Gilbert Langevin, d’Émile Nelligan, de Pierre Létourneau, de Luc Lacourcière, de Louky Bersianik, et aussi de Marcel Duchamp. Il prépare une nouvelle édition du livre de Johanne Harrelle (Une leçon) et a collaboré au Dossier Web de Pierre Jutras sur À tout prendre.
MARCEL JEAN
Producteur, réalisateur et scénariste, Marcel Jean est coauteur du Dictionnaire du cinéma québécois et auteur de plusieurs livres sur le cinéma, dont son récent Dictionnaire des films québécois, et critique à la revue 24 images. Il a dirigé le studio d’animation du programme français de l’ONF de 1999 à 2005. Directeur du programme documentaire à l’Institut national de l’image et du son (INIS) depuis 2012, il a aussi enseigné la critique, de même que l’histoire et l’esthétique du cinéma à l’Université de Montréal de 1986 à 2013. Il a été vice-président des éditions Les 400 coups de 2005 à 2008 et est actuellement vice-président de Québec Cinéma. Grand spécialiste du cinéma d’animation, Marcel Jean est également délégué artistique du Festival international du film d’animation d’Annecy. Au printemps 2015, il a été nommé directeur général de la Cinémathèque québécoise.
GREGORIO PABLO RODRÍGUEZ-ARBOLAY JR.
Après avoir enseigné au secondaire dans le Bronx à New York, Gregorio Pablo Rodríguez-Arbolay Jr. est aujourd’hui inscrit au doctorat dans le programme des Sciences humaines de l’Université Concordia. Sa recherche interdisciplinaire vise à reconsidérer la géographie et la culture visuelle de l’homosexualité (Queer Studies) en étudiant les relations entre l’espace social et la culture visuelle dans la vie racialisée des LGBT de Montréal. Il enseigne dans le Programme d’études interdisciplinaires en sexualité ainsi qu’à l’Institut Simone-de-Beauvoir de l’Université Concordia, y assurant des cours sur le VIH/Sida, sur l’obésité et le féminisme (Fat Studies) et les méthodes de recherche sur les sexualités. Ses articles ont été publiés dans le bulletin Women’s History, De Gay Krant, Expreszo et dans d’autres publications universitaires ou communautaires des É.-U. et d’Europe de l’Ouest. Il est actuellement installé à Montréal.
THOMAS WAUGH
Directeur de la Chaire de recherche de l’Université Concordia en représentation sexuelle et film documentaire, Thomas Waugh enseigne les cinémas canadiens et québécois à l’École de cinéma Mel Hoppenheim depuis 1976. Parmi ses publications notons The Romance of Transgression in Canada : Queering Sexualities, Nations, Cinemas (McGill Queen’s University Press, 2006) ainsi que Montreal Main (Arsenal Pulp, 2010).
COMITÉ D’ORGANISATION
Diane Poitras
Pierre Jutras
Marilyn Côté
Michèle Garneau
Thomas Waugh
Adresse courriel : colloque.atoutprendre@gmail.com
Pour voir le film À tout prendre dans ses trois versions : http://collections.cinematheque.qc.ca/dossiers/a-tout-prendre/2-le-film/