Première coproduction : SON COPAIN
L’année 1950 s’avère plus cruciale pour QP. Depuis deux ans, la compagnie s’est orientée vers le marché domestique et a mis sur pied une équipe de production entièrement canadienne (elle possède un certain nombre d’employés et de techniciens permanents). Mais le problème pour elle demeure toujours l’accès à l’étranger (entendre par là autant le Canada anglais que les USA ou l’Europe). Seul parmi ses trois dernières productions, UN HOMME ET SON PÉCHÉ a été sous-titré en anglais, et cela pour un résultat somme toute restreint. Se pose alors le problème de l’avenir. Doit-on continuer à exploiter la veine des radios romans, comme il en est question avec RUE PRINCIPALE et CEUX QU’ON AIME? 1 Doit-on au contraire se retourner vers le sujet international? En français ou en anglais? Peut-on envisager de la coproduction avec les USA (dans le cadre du CCP par exemple) ou avec la France? Voilà autant de questions qui harcèlent Paul L’Anglais et dont il fait part régulièrement dans les nombreuses conférences qu’il donne. Dans les notes préparatoires d’une de celles-ci, il écrit :
“La seule chose sûre jusqu’à présent, c’est le support de notre province et à condition que notre public continue à payer des prix majorés (n.d.l.r. presque le double du prix régulier). Sans la majoration des prix, nous ne pouvons pas tenir le coup, tant que nous n’aurons pas à force de persistance établi un marché mondial stable. C’est une question de temps, seulement il faut avoir la foi”
Nous avons vu que cette foi, L’Anglais a essayé de la manifester dans le cadre du CCP et qu’il l’a proclamée devant la Commission Massey. C’est pour qu’elle puisse se matérialiser que la QP procède en ce début de l’année 50 à une réévaluation de sa politique, décide de s’ouvrir à l’étranger et de retourner au film bilingue. Le 27 février, René Germain et Paul L’Anglais partent pour New York étudier deux projets de coproduction. Ils ont aussi en vue des projets strictement canadiens-anglais comme THE LAST NIGHT. Par ailleurs les rumeurs selon lesquelles les célèbres Britanniques Powell et Pressburger, financés par les frères Vincent et Raymond Massey, viendraient tourner au Canada refont encore surface et QP est sur les rangs.
Au même moment, la compagnie de l’acteur René Dary, Eclectiques Films 2, soumet à QP un scénario qu’on juge intéressant 3. C’est ce projet qui se matérialise en premier. Le 24 mars, Dary arrive à Montréal. On négocie toute la fin de semaine à trois : Dary, Germain et DeSève. Le mardi, Dary et Germain signent le contrat de SON COPAIN. Le film sera tourné en France et au Canada par un réalisateur français et sera bilingue. On prévoit donner le premier tour de manivelle le 15 mai.
La production se met donc en branle. Côté français, on entreprend les démarches légales nécessaires auprès du Centre national de la cinématographie. Le 12 mai, Charles Hubert Exbrayat cède à Eclectiques les droits du scénario original et de l’adaptation de SON COPAIN. Le 17, Eclectiques soumet son plan de production; le réalisateur sera E.E. Reinert, le dialoguiste Michel Audiard et les acteurs Dary, Roc et Dupuis. Le devis approximatif est établi comme suit :
On remarquera que l’apport canadien est de 12,000,000 de francs. L’apport français, quant à lui, se spécifie ainsi :
Un peu plus tard, début août, en cours de tournage, de nouvelles sociétés françaises viennent se joindre à la production et le budget est réaménagé comme suit:
Québec Productions | 12,000,000 |
Exclusif-Ciné-Film (Lyon, distributeur) | 4,200,000 |
Les films Fernand Rivers | 12,000,000 |
Les films Excelsior | 6,000,000 |
Les films Dispa 4 |
500,000 |
Participations | 8,350,000 |
Eclectiques Films | 12,974,240 |
Il est par ailleurs entendu que l’ensemble des recettes mondiales du film seront réparties au prorata des apports respectifs et que les dépassements éventuels des frais de tournage au Canada sont à la charge de QP et en France des trois coproducteurs.
Fin mai, on change de réalisateur. On choisit Jean Devaivre 5 qui vient de remporter le Grand prix de Locarno avec LA FERME DES SEPT PÉCHÉS. À cette date les principaux techniciens sont choisis, ainsi que les vedettes; il le faut, le tournage débute le mois suivant.
Un argument publicitaire : un concours féminin
Entretemps, à la même date au Québec (le 14 mai), QP en collaboration avec le poste de radio CKVL et Le Petit Journal, lance un concours : Miss Cinéma 1950 6. Il s’agit, à partir d’un questionnaire que les candidates doivent remplir, de choisir dans un premier temps 16 finalistes qui auront droit de tourner un bout d’essai aux studios de QP. À l’aide de ces films, on déterminera la gagnante qui sera la reine de la première mondiale de SON COPAIN, aura droit à un voyage en France, à une voiture Skoda, à de nombreux cadeaux et à un portrait peint par Normand Hudon; on laisse même miroiter la possibilité de figurer dans la prochaine production de QP. Pour choisir ces vedettes en herbe, un jury : René Germain, Paul L’Anglais, Jean- Louis Laporte, Nicole Germain, Gérard Delage, Charles Goulet, Roger Baulu, Henri Poitras, Jacques DesBaillets et trois représentants du Petit Journal.
Chaque semaine, Le Petit Journal publie les photos des candidates 7. On prend bien soin de faire en sorte qu’elles proviennent de toutes les régions du Québec. Les candidates passent à CKVL à l’émission Miss Cinéma 1950 diffusée du Café St-Jacques 8. Là elles doivent parler, réciter, chanter. Certaines auront même droit à de la figuration dans SON COPAIN. Le concours se clôt le 10 septembre. On invite les 16 lauréates à un bal du cinéma très mondain sous la présidence de Camillien Houde qui a l’honneur d’ouvrir le bal au bras d’Anouk Aimée, invitée à Montréal avec Yvan Desny spécialement pour l’occasion. Deux jours plus tard commence le tournage des bouts d’essais sous la direction de Gury. Attendons la première de SON COPAIN pour voir qui gagnera.
Un tournage, deux continents
Revenons en arrière, au 26 juin, lorsque le tournage débute. Quelques jours auparavant, Devaivre et Agostini étaient arrivés à Montréal avec un découpage prêt au millimètre 9; il n’y avait plus qu’à l’ajuster selon les contingences des lieux. Le premier problème auquel se heurtent les Français, c’est que le tournage n’est pas réellement prêt. Le véritable rythme de croisière n’est atteint qu’après quelques jours. On débute par quelques intérieurs puis par des extérieurs tournés à Montréal 10. Pour la première semaine de juillet, on tourne en Mauricie, près de Shawinigan, sur la Mattawin 11, ensuite à Louiseville. Puis on revient à Montréal où la dernière scène tournée sera celle de la prison, 48 heures d’affilée, car l’équipe doit commencer quelques jours plus tard le tournage parisien en studios (on a très peu tourné aux studios de St-Hyacinthe).
Effectivement tout se termine le 19 juillet. Les vedettes et les principaux techniciens (Devaivre, Agostini) s’envolent sur Paris le 21 et le 22. Le 25, le travail reprend aux Buttes-Chaumont (avec une toute nouvelle équipe technique). Le tout se déroule sans problème et vers le 2 septembre, le tournage est terminé. Le montage et la sonorisation ont lieu en France 12. Par contre, selon Devaivre, le négatif anglais est réexpédié au Canada pour que le montage et la sonorisation s’y effectue 13. Pour ce qui est de la version française, le Canada n’aura droit qu’à des copies de distribution.
Durant les mois qui précèdent la sortie du film, la presse corporative publie quelques reportages où l’on apprend (encore une fois!) que sans l’ombre d’un doute, SON COPAIN marquera une date importante dans notre cinéma, que « les horizons s’élargissent, que les possibilités se décuplent et que, graduellement, et forte d’expérience nouvelle, notre industrie du cinéma entrevoit d’ores et déjà les plus prometteuses perspectives », et que l’intrigue, se poursuivant sur deux continents, révélera « au monde notre Canada, et même notre Canada français, dans son rôle de puissance internationale ».
Le 14 novembre, René Dary et Patricia Roc reviennent spécialement pour la grande première. Ils se prêtent à diverses opérations publicitaires, comme de réciter à l’émission de l’armée canadienne Coup de clairon (produite par L’Anglais) 14, des extraits du dialogue du film. Le 17, grande soirée de gala pour la première fois au Canada, Jacques Hélian et son orchestre (qui sera là tant que le film tient l’affiche). On proclame aussi en grandes pompes l’heureuse gagnante du concours Miss Cinéma 1950 : c’est Jacqueline Gilbert, de Québec!
La première semaine, le public semble bien accueillir le film. Comme d’habitude il doit payer un tarif majoré : 60 ¢ avant 13 heures, 80 ¢ après, en plus des taxes. La deuxième semaine, on ajoute au programme un reportage sur la soirée de gala lors de la première et un film d’actualité sur le désastre de l’Obiou 15. Mais SON COPAIN ne tient l’affiche que deux semaines à Montréal. Jacques Hélian se rend alors à Québec pour la première du film dans la vieille capitale. Miss Cinéma fait aussi une apparition à cette occasion. Quel accueil réserve la presse à ce nouveau film? Encore une fois elle est généralement laudative :
Sur le film SON COPAIN
« MM. René Dary et Paul L’Anglais nous avaient promis un film d’action. Ils ont tenu parole. En outre, l’un et l’autre ont voulu qu’à part égale le décor de Paris et celui de Montréal soient de la partie et se soudent aux péripéties. Là encore la réussite est évidente. Sans verser dans le strict documentaire, SON COPAIN illustre pour l’étranger des aspects inusités de notre ville… Le photographe Agostini a su voir avec originalité et fidélité… Pour résumer, voici un film nettement public qui offre aux cinéphiles étrangers une vision du monde canadien à la fois exacte et belle. Conséquemment l’idéal qui a présidé à sa réalisation n’a pas été ignoré en route ».
Léon Franque, La Presse 18-11-50
Le baluchon de R.O.B.
« Le film SON COPAIN aura l’amitié des amateurs de sensations fortes. Il n’est pas possible de raconter son sujet car celui-ci est fabriqué d’une série de surprises et de coups de scène, qui perdraient de leur emprise si le spectateur était prévenu… SON COPAIN est un film d’action, un thriller (comme disent les Américains) et, au dénouement, de trépidation. Le spectateur n’a pas le temps de souffler. Il passe de rebondissement en rebondissement dans la meilleure formule de ce genre.
Il a la qualité, qui manquait jusqu’ici à la plupart de nos films, celle d’entrer rapidement dans l’intrigue et d’impressionnante façon, par une sorte de prologue très court dont on sort pour pénétrer, d’une manière un peu arbitraire, dans le vif de l’histoire… En somme un bon film “commercial” qui atteindra son objectif ».
René O. Boivin, RadioMonde, 25-11-50
SON COPAIN : une réussite de l’amitié franco-canadienne
“Le film prouve que la formule amorcée avec le DOCTEUR LOUISE s’avère excellente. De la collaboration cinématographique canado-française peut sortir des réalisations intéressantes… N’oublions pas que le film tient autant du documentaire que du film d’action. Paul L’Anglais et René Dary n’ont pas cédé à la tentation d’en faire un western hollywoodien.
Sans être un chef-d’œuvre, SON COPAIN est bien supérieur à tout ce que le cinéma canadien a tourné jusqu’ici. Justesse de l’image, action scénique équilibrée, musique de Joseph Kosma particulièrement bien adaptée, voilà des qualités qui donnent à SON COPAIN un intérêt continu. Populaire, comme tous les films d’action, il garde cependant assez de mesure pour plaire à tous les auditoires”.
Julia Richer, Notre temps, 25-11-50
SON COPAIN
“La carrière cinématographique de la Québec Productions n’a jusqu’ici été guère heureuse. Il est visible qu’elle cherche une formule d’art? je ne sais, mais à coup sûr un style qui réconcilierait la passion publique et la rigueur critique. SON COPAIN représente à peu près le meilleur de cette équivoque, sans que toutefois le résultat soit à la hauteur de l’ambition. On n’en peut dire grand mal, et le spectateur pourra s’y désœuvré sans trop d’ennui.
SON COPAIN est pourtant le moins mauvais film qu’ait produit la Québec Productions… Malgré de très graves erreurs, ce film policier-romanesque a le mérite d’être fermement construit, et de ne poser surtout à aucun moment la question de l’art, sur le strict plan de la beauté. Car ce n’est pas d’un beau film qu’il s’agit, mais d’un film sensationnel. Il choisit lui-même sa loi : celle de l’aventure, de l’action. Sur ce seul plan, il peut avoir quelque intérêt…
L’étonnant est que ce western (toute la dernière partie) rompe brusquement avec le rythme établi. Rien de plus étranger au mouvement même du cinéma. Là où précisément il devait s’accélérer, il n’en finit plus de nous proposer des natures d’un régionalisme douteux. Même régionalisme, d’ailleurs, ces interminables courses, pardon, promenades à travers Montréal. Décidément, rien ne nous est épargné. La caméra (M. Agostini) est d’une complaisance, d’une incontinence d’images… René Dary ne m’avait jamais semblé très sérieux. Ce n’était vraiment pas la peine de l’importer. Il fait un très pauvre amant, et un lamentable complice. Paul Dupuis, par contre, est vraiment de taille. Tout comme l’adorable Patricia Roc”.
Maurice Blain, Le Devoir 18-11-50
SON COPAIN est un film captivant qui renferme de très belles scènes.
« Le sujet de SON COPAIN était idéal pour la première production franco-canadienne… parce que l’histoire de l’amitié qui unit René Dary et Paul Dupuis est également celle de la grande et vraie amitié qui unit tous les Français de France et tous les Français du Canada. Il n’y aurait eu que cela, et déjà nous aurions eu une bonne raison de regarder ce film d’un oeil sympathique…
C’est un film captivant qui plaira à tous les amateurs de film d’action. Le film qui se termine par une excitante poursuite est présenté sous un angle spécial — l’amitié de deux hommes; c’est ce qui en fait l’originalité… René Dary et Paul Dupuis jouent avec une telle sincérité que l’on ne peut douter de leur amitié. Ce mot “copain” n’est pas un vain mot; ce sentiment d’amitié qui unit ces deux hommes qui se sont sauvé la vie pendant la guerre perce l’écran. Et quand ils vont jusqu’à se battre au sujet de cette femme, eh bien! on sent une certaine réticence; cette scène a été menée avec une remarquable maîtrise par le metteur en scène Devaivre. » 16
Roland Côté, Le Canada 18-11-50
SON COPAIN
« It lacks the quality of down to earth reality that distinguished the studio’s earlier work. Perhaps it is the case of too many cooks spoiling the broth. Or of QP having little to say in the production… The dialogue is ordinary, and both it and scenes repetitious. The film is obviously geared towards the audience abroad and Montrealers will probably find the local inaccuracies uncomfortably glaring. Ruthless cutting is certainly indicated before the release of the English version. Extended melodrama is not noticeably popular fare ».
Pat Pearce, The Herald 18-11-50
SON COPAIN Has Premiere
« This film indeed shows in every aspect a marked improvement over former efforts. Particularly from the technical standpoint, the film is infinitely better than any Canadian film up to this time. Photography… presents Montreal, scene of about half the footage, at its most glamorous best. Scenes in Paris… are particularly representative and attractive. The film’s great weakness lies mainly in the story — though this could be considerably ameliorated with a more competent job of cutting… There are the elements of an exciting tale here but the film takes much too long to tell it ».
G.R.B., Montreal Daily Star 21-11-50
SON COPAIN
« SON COPAIN (His Pal in English) is the more disappointing because of several qualities which are excellent by themselves…But the story is thin and is sometimes entirely forgotten in the effort to provide pleasing scenic effects for the various audiences to which the film is directed (a camera tour of Montreal for local movie-goers, wilderness and a canoe shooting the rapids pour France) ».
Robert Duffy, Montréal Star 19-11-50
L’accueil français
Il reste maintenant à voir les réactions de la presse et du public français. Le film connaît d’abord une présentation corporative le 16 janvier 51. Le premier écho paraît dans Le Film français du 26 :
« La présence du sympathique René Dary dans l’interprétation suffira déjà à attirer le public. Ce film d’aventures, qui réserve une large part à l’émotion sentimentale, n’est pas, dans l’ensemble, dépourvu d’agrément. Les effets de surprise y sont adroitement ménagés et les scènes finales prises sur le vif de la fuite sur les routes et sur le torrent canadien sont réellement captivantes. Intéressantes vues de Montréal et du Canada ».
D’autre part la revue Cinémonde consacre au film sa couverture et un long reportage. La machine publicitaire fonctionne donc normalement pour que le film reçoive un accueil chaleureux. Cette véritable épreuve arrive le 17 août. SON COPAIN sort dans quatre salles parisiennes; il tient deux semaines. Voyons-en les détails :
Palais-Rochechouart | 1660 places | 35 séances | prix : 170-190 fr |
1re semaine | 5868 entrées | 943,010 fr | |
2e semaine | 5283 entrées | 850,223 fr | |
Paramount | 1903 places | 42 séances | prix : 200-300 fr |
1re semaine | 11,308 entrées | 2,504,420 fr | |
2e semaine | 11,408 entrées | 2,545,070 fr | |
Sélect Pathé | 1000 places | 35 séances | prix : 180 fr |
1re semaine | 3861 entrées | 642,088 fr | |
2e semaine | 3839 entrées | 635,946 | |
Élysées-Cinéma (aucune donnée) |
La presse française est particulièrement indulgente à l’égard du film :
L’INCONNUE DE MONTRÉAL : De bons acteurs, mais…
« Le film a pour thème l’amitié. Mais autour de ce beau thème, on a brodé une histoire mélodramatique invraisemblable et qui ne réussit à passer la rampe que par le jeu des acteurs et par le métier des techniciens qui nous la content… Mais ce film permet à Jean Devaivre d’affirmer, ici, ses qualités de réalisateur ».
Riou Rouvet, L’Écran français 22-8-51
L’INCONNUE DE MONTRÉAL
« Cette production, aux épisodes mouvementés et parfois pathétiques, est attachante. Un mystère plane longtemps sur l’intrigue, ce qui soutient l’intérêt. De beaux extérieurs, la personnalité violente de René Dary, la beauté de Patricia Roc, sont autant d’éléments s’ajoutant au sujet pour assurer son succès ».
B.T. Index de la cinématographie française 1952
L’INCONNUE DE MONTRÉAL : Un passionnant film d’aventures
« La collaboration cinématographique franco-canadienne en est toujours à ses débuts. Pourtant le film de Jean Devaivre montre que le cinéma de langue française peut y trouver un renouvellement de cadre et de pittoresque (sinon d’inspiration) qui ne sont pas sans intérêt… Construit un peu comme un récit de Simenon et mêlant le sentimental au policier, le scénario de Charles Exbrayat est bien venu, juste, aussi vraisemblable que le genre l’exige et ménage agréablement l’intérêt ».
J. Buthiers, Radio Cinéma 2-9-51
L’INCONNUE DE MONTRÉAL
« Les paysages canadiens sont décidément très jolis. Le cinéma canadien a donc le même avantage que le cinéma mexicain. Chaque fois que la caméra sort du studio pour tourner des extérieurs, le film devient admirable. Cette histoire… est un peu simple. Mais la poursuite dans la forêt et la descente en canoë sont admirables ».
Cinémonde 25-8-51
SON COPAIN / L’INCONNUE DE MONTRÉAL
noir et blanc, 105 min. 06 sec. (9458’)
Réalisation, adaptation, découpage : Jean Devaivre. Adaptation et dialogues anglais : Ted Allan. Scénario original : Charles-Hubert Exbrayat. Directeur de la photo : Philippe Agostini. Caméraman : Can-Andrew W. Bellenot, Fr-Jean-Marie Maillols. Assistant cameramen : Can- Benoit Jobin, Fr- Pierre Ancrenaz. Ingénieur du son : Can- Oscar Marcoux, Fr- Tony Leenhardt. Assistant au son : Can- G. Gervais, H.D. Mason, Fr- Raymond Chedmail, André Landin. Assistant réalisateur : Can- Paul Colbert, Fr- Paul de Cordon. Régisseur : Can- L. Trudel, Fr- Iréné Leriche. Conseiller délégué : Paul Blouin. Photographe : Can- Roméo Gariépy, Fr- André Garimond. Scripte : Can- Andréanne Lafond, Fr- Madeleine Santucci. Maquillage : Can- Denyse Ethier, Fr- Nicole Bourban. Ensemblier : Can- Percy Graveline, Fr- R. Christides. Chargé de presse : Can- Jean-Louis Laporte, Fr- René Thévenet. Directeur de production : Can- Jean Boisvert, Fr- Robert Sussfeld. Administration : Can- C. Primeau, Fr- Hervé Missir. Secrétaire de production : Andrée Bizot. Montage : Jacques Grassi. Assistant monteur : Suzanne Gérardin, Janine Boisselier. Robes de P. Roc : Mme Schiaparelli. Accessoiriste : R. Dubouilh. Décors : Can- Jacques Pelletier, Fr- Lucien Carré. Assistant décorateur : Can- J.Arthur Benoit, Fr- Jean Galland, Sydney Betex. Musique : Joseph Kosma. La chanson « Le temps s’en va » est jouée par : Elyane d’Orsay. Paroles : H. Bassis. Orchestre : Marcel Cariven. Production : Paul L’Anglais. Interprétation : René Dary (René Chambrac), Paul Dupuis (Benjamin Laforêt), Patricia Roc (Liliane) Albert Miller-Allan Mills (Anton, frère de Liliane), Guy Mauffette, Armand Leguet, Jacques Langevin, Elyane Dorsey, Mlle Ilonka (danseuse du French-cancan), Caporal Gaulin (officier de la RCMP), Dinan, Catherine Cath, Cecilia Bert, Frédérique Grandier, Denise Berley, Paulette Andrieux, Charles Fawcett, Maurice Marsac, DeRepentigny, Palmyre Levasseur, J. Konda, Sylvie Février, Henley, Jacqueline Makepièce, Roger Saltel, Walkel, D’Avey, Galsel, Garett, René Hell.
Benjamin Laforêt qui venait de Montréal et René Chambrac un Parisien, s’étaient rencontrés dans les forêts du Morvan où les hommes du maquis luttaient pour désorganiser les convois allemands s’acheminant sur Dijon ou vers la Loire. Du premier moment où le Canadien et le Français s’étaient trouvés face à face, ils avaient eu l’occasion de se sauver mutuellement la vie. Tous deux, solides bagarreurs, aimant cette existence de liberté et de coups durs, étaient devenus les meilleurs copains du monde. Puis la paix venue Laforêt avait regagné Montréal tandis que Chambrac n’arrivant pas à se réacclimater oubliait peu à peu son ami dans le morne ennui de la vie inutile et fade que sa fortune lui permettait de mener. Pourtant, il aimait le gars venu de l’autre bord de l’Atlantique et il en parlait à toutes ses amies de rencontre, comme la seule vraie affection qu’il ait jamais eue. Aussi, lorsque cinq ans après la fin de la guerre, René fut réveillé à 3 heures du matin par un coup de sonnette impératif, il ne cacha pas son plaisir de trouver devant lui un Benjamin tout souriant et tout frais débarqué de l’avion de Londres, pour venir prospecter la France au nom d’une maison de frigidaires. En un clin d’œil les cinq années furent oubliées et les voisins de René Chambrac, tirés brutalement de leur sommeil, eurent un après-goût du bruit que pouvaient faire deux amis heureux de se revoir.
C’était le Ciel sans doute qui venait de ramener Laforêt près de Chambrac car ce dernier avait une grande nouvelle à lui annoncer. Il allait se marier avec Liliane, une Anglaise qui aimait Paris au point de venir s’y installer et d’y travailler pour vivre. René marqua bien quelque dépit de voir que son vieux copain ne témoignait pas d’un enthousiasme délirant devant la photographie de la Bien-Aimée que Chambrac lui présentait avec orgueil. Ce même dépit, le Français devait l’éprouver quelques heures plus tard, lorsqu’ayant rejoint Liliane à la sortie de son bureau et lui ayant annoncé qu’il viendrait la prendre le soir même avec son ami Laforêt miraculeusement retrouvé, la jeune femme n’avait pas fait preuve d’un plaisir apparent. Mais, le dépit de René tourna à l’étonnement quand l’heure du rendez-vous venue, Laforêt et lui apprirent du concierge de l’immeuble où elle travaillait, que Liliane n’était pas venue de l’après-midi et cet étonnement devint de l’angoisse lorsqu’à l’hôtel habité par Liliane on leur apprit que l’étrangère avait filé avec ses bagages. Placide, Laforêt essaya vainement de remonter le moral de son copain mais le chagrin et la colère de celui-ci ne demandaient qu’à s’extérioriser et ce fut chose rapidement faite dans le premier bar rencontré où un voyou et ses amis eurent la mauvaise idée de chercher querelle aux deux copains.
Liliane, retrouvée par hasard dans un café où elle avait l’habitude de se rendre pour rencontrer des compatriotes, envoie René lui chercher des cigarettes avant de lui fournir la moindre explication et quand Chambrac revient, la jeune femme a de nouveau disparu avec l’approbation de Laforêt à qui incombe le douloureux devoir d’apprendre à son ami que sa Bien-Aimée n’est pas libre. Un autre l’attend en Angleterre, un autre qu’elle doit rejoindre.
Pourtant, le lendemain Liliane vient trouver Chambrac chez lui pour lui demander de la sauver de l’emprise de cet inconnu qu’elle déteste. Pourquoi ne partiraient-ils pas tous les deux très loin? Un peu surpris d’abord. René réalise que Liliane vient de concrétiser les rêves qu’il mûrit depuis la fin de la guerre; goûter à nouveau une existence libre et batailleuse. Il accepte de fuir immédiatement avec Liliane mais Benjamin Laforêt revient à temps pour rappeler la jeune femme à son devoir. Elle n’a pas le droit de chercher le bonheur dans la fuite. Liliane se laisse convaincre malgré les efforts de René, elle s’en va pour toujours.
Pour la première fois, les deux copains se sont quittés froidement, et, au soir de ce même jour, alors que René complètement ivre est allé, au sortir d’une boîte de nuit, revoir l’hôtel où habitait celle qu’il ne se résigne pas à perdre, il voit Benjamin et Liliane passer au bras l’un de l’autre. Chambrac est trop saoul pour intervenir et ne peut que pleurer sur son amour perdu et sur l’amitié gâchée. Seulement, le lendemain, lorsque Laforêt rappelé subitement à Montréal vient faire ses adieux à Chambrac, il se trouve en face d’un ennemi. Le Canadien ne veut pas répondre aux injures dont l’autre l’accable et refuse de se battre malgré les coups qu’il reçoit. Dans cette haine subite dressant l’un contre l’autre les camarades de naguère, Benjamin seul, garde son sang-froid. Il souhaite simplement que René le laisse sortir. Ne pouvant faire entendre raison à son antagoniste, il est bien obligé de cogner à son tour et après une furieuse bataille, Chambrac est mis hors de combat. Alors, Laforêt s’agenouille auprès de son copain, le ranime et lui apprend qu’il emmène Liliane avec lui à Montréal.
Au moment où Benjamin et Liliane vont monter dans l’avion René apparaît et les agents d’Air-France le maîtrisent alors qu’il allait abattre ceux l’ayant si indignement trompé. Tandis qu’on emmène Chambrac, le Canadien et la jeune femme montent l’échelle roulante donnant accès à la carlingue et nous nous apercevons alors que leurs poignets, à tous deux, sont réunis par une menotte.
Deux mois plus tard, alors qu’il fumait tranquillement sa pipe dans sa petite maison de Montréal, Benjamin fut bien surpris de voir René, toujours aussi hargneux, débarquer chez lui. Chambrac est venu chercher Liliane, ou du moins, obtenir d’elle l’aveu de sa tendresse pour Laforêt. Excédé, comprenant qu’il n’arrivera pas à persuader celui qu’il aime toujours comme son meilleur copain. Benjamin emmène le nouveau venu à la prison de Montréal et, à travers un guichet, lui montre Liliane enfermée dans sa cellule.
Laforêt est un policier fédéral civil et Liliane, de son vrai nom Olga Kaciezk, une Tchèque réfugiée au Canada. Au cours d’un week-end, elle a assassiné son patron, un diamantaire dont elle était la secrétaire et s’est enfuie avant qu’on ne s’aperçoive du crime. Dans huit jours, elle sera emmenée à Ottawa et vraisemblablement condamnée à la pendaison.
Les jours qui précèdent le départ de Liliane pour la capitale fédérale, Chambrac en passe la plus grande partie devant la prison et, il ne peut dissimuler sa joie le matin où Benjamin lui apprend que Liliane s’est enfuie grâce à son frère Anton qui a dû abattre un gardien pour parvenir à ses fins. Mais, Laforêt tempère le triomphe de René en lui disant que les fugitifs n’ont aucune chance de se sauver car la frontière est gardée et leur signalement communiqué partout.
Par tendresse pour Liliane, Chambrac qu’Anton a pu joindre, se mêlera aux deux criminels pour tenter de les aider à échapper à la potence, mais ils seront rejoints par Laforêt et ses hommes qui leur ont tendu un piège où ils tomberont. Au cours de l’ultime bataille, Liliane qui ne veut pas être pendue révélera que son frère est, en réalité, son mari et que c’est lui qui a assassiné l’homme pour le meurtre duquel elle était recherchée. Furieux, Anton abattra Liliane et René avant d’être maîtrisé par Laforêt.
Le jour où Chambrac quittera la clinique de Montréal où il a été hospitalisé, il apprendra que justice a été faite en ce qui concerne Anton et que Liliane, en mourant, a échappé à la prison qui l’attendait. Sur l’aérodrome où René prend l’avion qui le ramènera en France avec le souvenir d’une morte qu’il ne pourra plus oublier, Benjamin l’embrasse une dernière fois. Ils sont redevenus les copains d’autrefois qui se serraient les coudes dans les coups durs.
Lorsque l’avion menant Chambrac a disparu, Laforêt revient sur ses pas et échange quelques mots avec Liliane accompagnée de ses deux gardiennes et à qui il a permis de venir voir partir l’homme qu’elle aimait. Le policier lui révèle qu’il l’a faite passer pour morte, c’était la meilleure solution et, pourtant Laforêt se demande si Chambrac n’aimait pas assez Liliane pour l’attendre, fut-ce dix ans. Cet ultime doute sera la seule consolation que la complice d’Anton aura pour adoucir sa longue détention.
Notes:
- Devant le Club des anciens du Ste-Marie, L’Anglais déclare le 13 mars : “Nous avons payé en trois ans $1,250,000. en salaires. On ne peut pas continuer à exploiter indéfiniment le roman radiophonique et à faire de la paysannerie. Notre cinéma doit tenir compte de ce danger, mais il doit quand même, s’il veut réussir, trouver des sujets restant canadiens. Les compagnies de cinéma doivent s’en tenir à un budget maximum de $90,000 sinon elles risquent presqu’à tout coup d’essuyer des pertes. Pour maintenir l’industrie du film, la province doit rapporter $100,000. par film aux compagnies“. ↩
- Certains journaux québécois ont écrit à l’époque qu’une partie des capitaux de cette compagnie provenait du Canada, donc de DeSève. Cela reste à prouver mais nous semble fort improbable. ↩
- On raconte que DeSève, qui distribue le premier film de cette compagnie UN CERTAIN MONSIEUR, est pour quelque chose dans cette proposition, car il en aurait fait la suggestion à Dary en France. Chose sûre, ce sera DeSève qui, présent à Paris en mai, mettra au point les derniers détails de cette production. ↩
- Le 13 septembre, le contrat est encore modifié. La participation d’Excelsior est de 5,343,098 (équivalant à l’aide payée par le CNC pour FANDANGO et SUZANNE ET SES BRIGANDS) et celle de Dispa de 1,256,760 (équivalant à l’aide pour LE CAFÉ DU CADRAN). ↩
- Devaivre a débuté au cinéma en 1934 à l’âge de 22 ans comme décorateur. De là il touche à tous les métiers : production, montage (v.g. ALERTE EN MÉDITERRANÉE de Joannon, 1938) et travaille avec Pierre Billon, Léon Mathot, Jean Dréville, Jean Renoir, etc. Il est inactif durant la guerre. Après la guerre, un producteur lui propose un premier travail : LE ROI DES RESQUILLEURS. Puis viennent LA DAME DE ONZE HEURES (48), LA FERME DES SEPT PÉCHÉS (49) et EAST COWBOY OU VENDETTA EN CAMARGUES (50). Après SON COPAIN, il tourne MA FEMME, MA VACHE ET MOI (51), UN CAPRICE DE CAROLINE (52, avec Martine Carol, un film condamné par l’église comme pornographique), ALERTE AU SUD (53, avec Eric von Stroheim) et LE FILS DE CAROLINE (54, avec Brigitte Bardot). À cette époque il écrit à L’Anglais pour lui proposer une nouvelle coproduction, PILE OU FACE, dans laquelle Paul Dupuis aurait tenu le rôle principal. QP ne réalisant plus de films à cette époque, le film sera tourné et sortira en France sous le titre L’INSPECTEUR AIME LA BAGARRE. Par la suite sa carrière est irrégulière. Il tourne des films en URSS d’après le procédé Kinopanorama (UN FRANÇAIS À MOSCOU, KINOCHOC) et peu après, il quitte le cinéma. ↩
- Rappelons-nous qu’en 47, RFD avait aussi lancé, un concours, de scénario cette fois, pour mousser sa publicité. On aurait mal imaginé une compagnie catholique faire défiler de splendides jeunes filles sous les yeux avides de quelque chanoine… ↩
- Parmi les candidates qui feront ultérieurement carrière, on retrouve Jeanine Mignolet, Monique Lepage, Denise Filiatrault, Janine Fluet et Mariette Duval. ↩
- Le thème musical de l’émission, composé par Guy Bélanger, proclame :
Miss cinéma, Québec Productions vous tend les bras
Miss Cinéma, Demain l’univers entier vous saluera.
Pour la musique, voir Le Petit Journal du 4 juin. ↩ - La méthode de Devaivre consiste à dessiner sur papier chaque emplacement et à y indiquer presque tous les angles de prise de vues. ↩
- Comme SON COPAIN est tourné en deux versions, on filme d’abord en français puis on recommence en anglais. Le seul problème, c’est que Dary ne parle pas l’anglais et qu’on doit avoir recours au lipsing pour le doublage ultérieur. ↩
- Une anecdote : la descente en canot est doublée par le cinéaste-photographe trifluvien Léo Henrichon. Pour cette séquence, comme pour celles nécessitant un tournage souple, on utilisa une Caméflex. Pour les autres, une Mitchell. ↩
- On a quand même effectué au Québec un bout-à-bout et un premier montage. On a apporté en France les négatifs tournés au Québec ; ceux-ci étaient sur la nouvelle pellicule non-flamme. Par contre les négatifs français sont sur le nitrate. La sonorisation s’effectue assez normalement uniquement pour enregistrer les bruits et les déplacements, sans dialogues. ↩
- Il faut signaler que pendant que se déroulent ces opérations, à mi-septembre, Otto Preminger tourne à St-Hyacinthe THE SCARLET PEN. On a écrit que pour ce faire, la QP a dû retarder le tournage du FAUBOURG À LA M’LASSE, ce qui met en rogne l’auteur, Pierre Dagenais, qui se venge par un sketch radiophonique raillant le monde du cinéma et la QP. ↩
- Cette émission, à laquelle nous avions déjà fait référence pour LES LUMIÈRES DE MA VILLE se sert de la chanson, des variétés, de la visite des artistes pour agrémenter un message politique très clair toujours dit par “la voix de l’armée” le capitaine Marcel Baulu. Un autre soldat sert d’intermédiaire dans la production de ce programme : le major Bourassa, de la Walsh Advertising Agency, et qui est incidemment l’époux de Nicole Germain. Citons quelques passages qui donnent la saveur des émissions : “L’agression armée en Corée démontre bien que les communistes n’ont qu’une ambition : conquérir le monde et imposer leur idéologie à tous les peuples. Il est évident que la grande menace du communisme se précise de plus en plus. Il faut que nous soyons prêts à faire face à cette menace, il faut que nous soyons prêts à défendre nos libertés les plus chères” (21-9-50). “Si nous voulons la paix, il faut être prêts à la défendre partout où l’agression communiste voudra la menacer. Enrôlez-vous dans le 22e régiment pour combattre partout dans le monde l’agression communiste” (28-9-50). Nous pourrions enligner des centaines de lignes de cet ordre auquel s’ajoute de vibrants appels patriotiques dont le plus inspiré est le O Canada revu et complété que récite Nicole Germain le 9 novembre, du genre “Ton front est ceint de fleurons glorieux, fleurons du sacrifice et de l’apostolat, fleurons de la lointaine aventure et du robuste combat… Car ton bras sait porter l’épée. Il sait porter l’épée des justes causes. Il sait porter l’épée qui protège” etc.
Signalons finalement qu’Anouk Aimée et Yvan Desny, qui étaient venus à Montréal pour le Bal du cinéma, vont aussi entonner le 19 octobre un petit couplet anticommuniste à l’émission. On remarquera néanmoins qu’il y a une différence entre les façons qu’ont L’Anglais et RFD de s’opposer au communisme : ils n’utilisent pas le même terrain. Toutefois le produit cinématographique terminé peut se ressembler et s’apprécier d’après des critères semblables. ↩
- À l’occasion de la proclamation du dogme de l’Assomption et de béatification de Marguerite Bourgeoys, plusieurs Canadiens s’étaient rendus à Rome assister aux cérémonies. Le 13 novembre, le DC-4 baptisé le Pèlerin canadien qui ramène certains de ces fidèles heurte de plein front l’Obiou dans les Alpes. Bilan: 58 victimes dont 13 prêtres. Signalons que le cinéaste Maurice Proulx se trouvait à Rome où il réalisa un film sur chacun des événements religieux. De retour à Paris, il apprend la catastrophe et repart derechef pour l’Obiou pour tourner un film sur l’événement. Mais ce n’est pas, semble-t-il, cette actualité que présente le St-Denis. ↩
- Roland Côté valorise exactement ce sur quoi France-Film insiste dans sa publicité dans Le courrier du cinéma qui titre : “Pour une femme… deux hommes tuent leur amitié. C’est le drame de SON COPAIN” et “Le film SON COPAIN exalte l’amitié souvent plus forte que l’amour“. Par ailleurs le communiqué que France-Film émet pour la deuxième semaine du film met aussi l’accent sur le même thème : “Rien de plus émouvant que ce drame de deux amis, deux inséparables, deux copains qui voient leur amitié en fanger par suite du mystère d’une femme aimée de l’un d’eux“. Jean Devaivre nous déclarait à ce sujet en juin 76 qu’il était passionné par le film d’aventures avec tout ce que ça comporte de courage et d’amitié, d’amour de l’action. Et il ajoutait : “Moi on m’aura toujours sur l’amitié car j’aime avoir un contact avec un autre homme et j’aime rendre service, Dans la vue, il n’y a que cela qui vaut la peine“. ↩