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L’ONF à la Chambre des Communes (1951-1954)

Suite à cette nouvelle loi, le gouvernement nomme les 8 membres du con­seil d’administration. Parmi ceux-ci, on remarque Albert W. Trueman, futur commissaire à la cinématographie, et Gratien Gélinas, représentant du Québec et unique francophone.

Un an plus tard, le 28 juin 51, le ministre Winters se félicite des effets de la nouvelle loi.


À la suite des changements effectués, l’efficacité de l’Office s’est accrue et sa production a augmenté pendant que le nombre de ses employés diminuait.

Les comparaisons qui suivent entre l’activité de l’an dernier et celle de l’année précédente intéresseront sans doute les députés.

Le 31 mars 1950, le nombre de personnes effectivement à l’emploi de l’Office s’établissait à 577. Le 31 mars 1951, il était de 533, soit une diminution d’environ 8 %.

Au cours de l’année financière qui vient de prendre fin, l’Office a achevé 187 films dont 130 à long métrage d’une bobine ou plus. L’an­née précédente, les chiffres cor­respondants étaient de 177 et 125 respectivement. La production de films fixes a été portée de 33 à 48.

Le métrage global préparé par le laboratoire cinématographique a augmenté de 5.4 %, bien que le personnel ait diminué de 7 %. Son rendement total de 11,278,000 pieds est le plus considérable qui ait été enregistré depuis l’établissement de l’Office en 1939.

On note des augmentations appréciables dans tous les domaines de la distribution. Ainsi, la location de films télévisés a augmenté de 260 %.

Les députés apprendront avec in­térêt que, au mois de mai cette an­née, 62,264 photographies de l’Office étaient en circulation, dont 34,017 au Canada et 28,247 à l’étranger.

On note une augmentation encourageante du nombre de conseils cinématographiques qui collaborent avec l’Office à la distribution de films, ailleurs que dans les théâtres, partout au Canada.

Il existe actuellement 338 conseils du cinéma dont font partie 6,670 organisations. Ils disposent de 310 cinémathèques et les pellicules non commerciales de l’Office du film sont présentées régulièrement en quelque 3,300 endroits du Canada.

L’Office a gagné 19 prix cinématographiques au cours de l’année. Six lui ont été décernés par le Canadian Film Awards, les treize autres, ont été obtenus à l’étranger, aux États-Unis, dans le Royaume-Uni et en Italie. Les membres de la Chambre ont sûrement vu certains de ces films à l’occasion des séances de cinéma qui ont lieu chaque semaine dans les salles de comité des édifices du parlement, où l’on présente des films en anglais et en français.

À noter que les crédits de l’Office prévus pour l’année financière 1951-52 représentent un montant total de 2,602,066 $, soit une augmentation de 307,525 $ sur l’année précédente. Page 278 du budget des dépenses, les honorables députés trouveront les détails relatifs aux divers services, lesquels sont répartis sous les rubri­ques suivantes : administration, réalisation et distribution.

L’augmentation que j’ai signalée est le produit de trois facteurs : a) la révision générale des salaires qui, dans le cas de l’Office du film, a en­traîné une dépense supplémentaire de 145,000 $; b) une hausse de 30,000 $ au titre des fournitures et qui provient, dans une large mesure, du relèvement des prix; c) un crédit de 250,000 $ pour l’inauguration d’un nouveau programme d’information à l’échelle internationale, connu sous le nom de Freedom Speaks Program­me. On constatera que ces diverses augmentations forment un montant global de 425,000 $ Le nouveau programme devra donc être assuré financièrement, dans une large mesure, par la réduction de l’activité de l’Office dans d’autres domaines.

L’objet primordial du programme Freedom Speaks est d’essayer de faire saisir aux populations d’autres pays le sens des valeurs que nous, à titre de peuple libre, jugeons fon­damentales dans une société dé­mocratique. Nous recourons au film comme à un moyen non seulement de traduire et d’afficher les principes qui nous tiennent à cœur, mais également de favoriser l’entente mutuelle et la solidarité entre les nations libres.

Le fonds du programme est tiré des occupations de tous les jours auxquelles se livrent les Canadiens, de leur travail et de leur culte religieux, de leurs foyers et de leurs écoles, de leurs relations sociales et politiques. C’est la représentation de la vie du citoyen ordinaire au sein d’une dé­mocratie, représentation fidèle et sincère.

Il n’est pas du tout facile de don­ner par le film une interprétation fidèle du mode de vie canadien, mais on a, je crois, à l’Office national du film, les talents et la clairvoyance voulus pour réussir l’épreuve. Un autre élément important dont il y a lieu de tenir compte lorsqu’il s’agit d’évaluer le succès éventuel d’un tel programme, c’est que le travail de l’Office du film est tenu en haute es­time à l’étranger.

Pour terminer, je tiens à signaler que la statisque que j’ai déjà fournie au sujet de l’amélioration du rende­ment et des services atteste que l’Of­fice national du film, grâce aux nouvelles dispositions législatives et au nouveau conseil d’administration, a atteint un plus haut degré d’ef­ficacité. C’est mon opinion, et j’espère que les honorables députés la partagent, que cette année a été pour l’Office une année d’amélioration et de progrès.

Le commissaire Ross McLean
Le commissaire Ross McLean
© ONF

Au cours des années suivantes, la vie de l’ONF ne cause plus de grands remous à la Chambre des communes. Mais le 11 mars 1954, suite à la déposi­tion du rapport de la commission Massey devant laquelle avaient témoigné l’Office et ses ennemis (l’AMPPLC), l’ONF redevient le point de mire des députés fédéraux. Voyons brièvement en quels termes.  


M. NICHOLSON
Je ne puis évidemment pas le démontrer, mais je crois que l’avenir nous révélera que le déménagement de l’Office national du film, d’Ottawa à Montréal, aura pour effet d’ac­croître la proportion des commandes de films que l’État confiera aux producteurs privés au lieu de les con­fier à l’organisme qui nous appar­tient vraiment, l’Office national du film.

Ces remarques de la Chambre de Commerce m’ont poussé à me renseigner sur les recommandations de la commission. Cette commission était composée de personnes qui s’imposent au respect de tous les Canadiens, savoir : Son excellence le gouverneur général; M. Arthur Surveyer, de Montréal; M. Norman A.M. MacKenzie, président de l’université de la Colombie-Britannique; le très révérend père Georges-Henri Lévesque, doyen de la Faculté des sciences sociales de l’université Laval et Mlle Hilda Neatby, professeur d’histoire à l’université de la Saskatchewan.

Je constate que quatre de ces très éminents Canadiens se sont entendus sur le rapport concernant l’Office national du film, tandis que le cinquième, M. Surveyer, que je ne con­nais pas, a présenté un rapport minoritaire, il conviendrait peut-être de lire ce qu’on dit au sujet des films au Canada :

« Environ 120 organismes ont parlé du travail de l’Office national du film, certains longuement, dans des mémoires et au cours des té­moignages. La plupart d’entre eux ont approuvé son travail et ont demandé que l’Office étende son activité. Ils sont même allés plus loin. Bien des Canadiens se sont déclarés fiers du travail de l’Office national du film car, comme notre service national de radiodiffusion, il s’agit d’une importante réalisation nette­ment canadienne. Nous avons beaucoup entendu parler du canadianisme de l’Office du film. »

Et plus loin :

« On a aussi loué l’Office à l’égard des services qu’il rend aux agglomérations éloignées, car ses films atteignent « … d’une façon émouvante bien des gens qui, autrement, ne pourraient se tenir au courant de la culture de la nation ». On exprime un regret correspondant et même du mécontentement à la diminution des crédits de l’Office. La ligne de con­duite actuelle qui consiste à restreindre le budget ne peut mener qu’à l’appauvrissement culturel de la population du pays. »

On trouve, dans les recommandations, le passage suivant :

« En conséquence nous recommandons :
Qu’on accorde à l’Office national du film des fonds suffisants pour l’accroissement nécessaire de son personnel itinérant ainsi que de ses services de distribution et que, comme c’est la pratique actuellement, l’Of­fice continue d’encourager, stimuler et appuyer l’effort bénévole ».

Et plus loin :

« Que l’Office national du film continue à exercer ses fonctions, ainsi que le définit la loi sur le film, et qu’il poursuive la production de films documentaires, conformes à l’intérêt public.

Que l’Office national du film continue à confier à des producteurs privés le soin de tourner des films chaque fois que l’intérêt public l’ex­ige; qu’il poursuive et augmente ses efforts de collaboration avec les producteurs privés et qu’il encourage comme par le passé la production privée de films au Canada. »

Et enfin :

« Nous avons pu constater avec anxiété que les locaux occupés par l’Office national du film sont dis­persés, encombrés, incommodes et insalubres. En vue d’un rendement moins onéreux et de qualité meil­leure, et en toute justice envers les employés, il convient de remédier au plus tôt à cette situation déplorable.

Que des locaux salubres et bien aménagés soient mis, dans les plus brefs délais, à la disposition de l’Of­fice national du film. »

J’en arrive ainsi au rapport minoritaire, aux réserves et observations faites par M. Arthur Surveyer. L’extrait de son rapport relatif à la radiodiffusion, que je vais citer, res­semble beaucoup aux mémoires qui sont à l’occasion soumis aux honorables députés et qui ont trait au sort malheureux des radiodiffuseurs particuliers de notre pays. Mais il y a ici quelque chose qui a trait à l’ONF et, vu les opinions tout à fait mesurées émises par les quatre autres membres de cette commission distinguée, je crois qu’il est assez significatif que le cinquième membre ait jugé bon de présenter un rapport minoritaire. Sans doute ne l’appelle-t-il pas lui-même rapport minoritaire, mais simplement « réserves et observations »; c’est ainsi que le désigne, pourtant, la Chambre de commerce du Canada. Voici comment M. Surveyer résume ses observations.

« Je recommande, en conséquence que l’Office national du film soit re­quis de confier chaque année, à des producteurs de films ou à des photographes privés, des travaux d’une valeur équivalant à la moitié de ses opérations annuelles ou à la moitié de la valeur de sa production annuelle de films ou de photographies. »

C’est le refrain que nous entendons, depuis la création de l’Office national du film, de la bouche de ceux qui prétendent que le Gouvernement n’avait pas d’affaire à se mêler de la production de films et qu’il devrait laisser ce domaine aux producteurs privés.

Lorsque la première loi a été adoptée en 1939, un des membres bien connus du parti conservateur (du moins à l’époque), M. Earle Lawson, s’y est opposé. Il a bien pré­cisé pourquoi, en déclarant :

« Au cours de ma carrière juridi­que, j’ai souvent eu l’occasion de représenter plusieurs secteurs de l’in­dustrie cinématographique. »

Je cite ces paroles de la revue Food for Thought, livraison de mars 1950 :

« Ayant ainsi présenté ses lettres de créance, M. Lawson a conseillé au gouvernement de confier la production de ses films à l’Associated Screen News, de Montréal, ou à l’autre société cinématographi­que dont j’oublie le nom.

Une voix : Crawley Films.

M. NICHOLSON :
Non la Crawley Films n’existait pas encore.

Ainsi, M. Lawson était d’avis que l’État, au lieu de produire des films, devait s’en remettre à l’Associated Screen News, de Montréal, ou à quelque autre entreprise du genre, dont le nom lui échappait. Depuis, les gens qui possèdent une forte par­ticipation dans l’industrie ciné­matographique sont jaloux des réus­sites de l’Office national du film. J’ai ici la liste des films réalisés…

M. PHILPOTT :
J’invoque le Règlement. Nous sommes saisis d’une proposition d’amendement relative à la construction, à Montréal, d’un nouvel im­meuble pour l’Office national du Film. Le député étudie en ce moment toute la ligne de conduite de l’Office national du film.

M. le PRÉSIDENT :
À l’ordre! Je sais gré au député d’avoir invoqué le Règlement. Le présent débat s’est étendu à un très vaste domaine, et, vu la discussion qui s’est déroulée antérieurement, je ne puis qualifier que de non per­tinentes les observations du député. Comme le débat dure depuis un cer­tain temps déjà, les députés devraient, cependant, s’en tenir de plus près à la question à l’étude, c’est-à-dire le déménagement à Montréal.

M. NICHOLSON :
Merci, monsieur le président. J’essaierai de suivre votre conseil mais j’estime que mes remarques sont parfaitement pertinentes. Si le gouvernement donne suite aux opi­nions exprimées par M. Surveyer, si l’Office national du film est démé­nagé à Montréal et si la moitié au moins de la production est confiée à des sociétés autres que l’Office, les contribuables canadiens en subiront directement les conséquences.

L’hon. M. HARRIS :
J’invoque le Règlement. Un porte-parole du Gouvernement n’a-t-il jamais déclaré qu’on se proposait de faire ce dont mon honorable ami vient de parler? Je n’ai jamais entendu de déclaration en ce sens; mon honorable ami ne devrait pas supposer, parce qu’un rapport minoritaire a été soumis à propos de l’Office national du film, que nous donnerons suite à ce rapport.

M. NICHOLSON :
On nous avait d’abord donné à entendre que l’Office serait déménagé à Montréal pour donner suite à un vœu de la commission Massey.

L’hon. M. HARRIS : Non.

M. NICHOLSON : On ne l’a pas dit carrément.

L’hon. M. WINTERS: On ne l’a jamais donné à entendre.

M. NICHOLSON :
On nous a laissés supposer que le gouvernement donnait suite aux vœux de conseillers très autorisés, aux vœux de la commission Massey.

L’hon M. WINTERS : Non.

M. NICHOLSON : On a recom­mandé d’aménager de nouveaux locaux.

L’hon. M. HARRIS : Personne n’a jamais dit cela

M. NICHOLSON : Je sais qu’au­cun ministre ne l’a jamais dit, mais c’était sous-entendu.

L’hon. M. WINTERS : On a nettement établi que ce n’était pas le cas.

M. NICHOLSON :
Mais l’Office du film déménage; quand le siège de l’Office du film sera à Montréal et la société Crawley Films à Ottawa, et que le ministre voudra qu’on tourne immédiatement un film, il sera beaucoup plus facile de s’adresser à la Crawley Films, qui se mettra tout de suite à l’œuvre, que de communiquer avec l’Office natio­nal du film, d’abord à Ottawa, puis à Montréal, pour en faire venir des personnes en avion ou en train. Je dirai que depuis les débuts de l’Office du film certains organismes au Canada n’ont cessé de lui tirer dans les jambes et de jeter le discrédit sur ses services.

Le dernier rapport annuel dont je dispose cite les réalisations des années précédentes. Il indique que l’Office national du film s’est dis­tingué trente fois au Canada et dans des concours internationaux; l’office a réalisé le film VOYAGE ROYAL de long métrage, en se servant d’un nouveau procédé colorant. Les spé­cialistes de l’Office ont mis au point un nouveau procédé de bandes-son bilingue. Le nombre des spectateurs des réalisations de l’Office national du film, au Canada, sans compter les auditoires des cinémas, ont atteint 11 millions et plus, augmentation de 14.8 pour 100 par rapport à l’année précédente. Les personnes qui ont assisté à ces présentations ailleurs que dans des cinémas à l’étranger, ont également été au nombre de 11 millions environ, ce qui correspond à une augmentation de 15 %. Vu ses réalisations notables, en dépit de très graves difficultés, l’Office natio­nal du film a accompli une œuvre ex­cellente pour la nation et il est regret­table que le Gouvernement tienne à ce déplacement.

Le représentant de l’une des circonscriptions d’York a mentionné la société Crawley Films. On sait fort bien que l’Office national du film s’est montré très généreux envers cette société. M.F.R. Carawley a débuté avec de minces capitaux et il pu…

M. le PRÉSIDENT :
À l’ordre! Le député admettra sans doute que je me suis montré plus que généreux. L’objection du député de Vancouver-Sud était fondée. Étant donné le débat qui a déjà eu lieu, je ne veux pas restreindre les discours. Je crois quand même sincèrement que l’honorable député devrait restreindre ses observations plus par­ticulièrement à la résolution.

M. NICHOLSON :
Je termine mon discours là-dessus; mais je crois qu’il est parfaitement opportun, étant donné l’expansion remarquable de la société Crawley Films dans cette ville, surtout aux dépens du Gouvernement, de savoir que si l’on déménage l’Office national du film et que, dans cinq ans d’ici, nous voyons à Ottawa une société cinématographique privée continuer de prospérer, ce sera une question d’intérêt public. Je n’in­sisterai pas davantage sur ce point, puisque vous avez protesté.

M. ROULEAU :
Monsieur le président, au cours du débat nous avons entendu beaucoup de discours, dont certains étaient favorables et d’autres défavorables au déménagement de l’Office national du film à Ville Saint-Laurent, dans l’île de Montréal. Jusqu’à présent, nous n’avons pas entendu un seul orateur de l’opposition mentionner une bonne raison pour laquelle l’Office national du film ne devrait pas être déménagé à Ville Saint-Laurent.

Puisque nous reconnaissons tous la nécessité de l’Office national du film pour le Canada et les Canadiens, la question qui se pose est celle de savoir où et comment l’Office national du film peut le mieux at­teindre ses fins. D’après ce que j’ai entendu dire au cours du débat, je conclus que nous reconnaissons, ainsi que l’a reconnu dans son rap­port, le comité chargé d’étudier l’ac­tivité de l’Office national du film, que les principaux services doivent être centralisés dans un seul édifice con­struit d’après un modèle spéciale­ment adapté à ses besoins d’ordre technique ainsi que de production et de distribution. C’est sur l’emplace­ment seulement de l’édifice que l’ac­cord fait défaut.

Comme nous l’avons vu, l’objet de l’Office national du film est d’entreprendre, de produire et de distribuer des films propres à faire connaître le Canada aux Canadiens et aux pays étrangers. À ces fins, non seulement avons-nous besoin d’un bâtiment convenable, mais encore que l’Office du film soit logé là où il pourra mieux travailler.

La question de l’emplacement a été étudiée lors des délibérations du comité en mai 1952 et les membres du comité de tous les partis savaient que l’emplacement envisagé était situé à Montréal. À mon avis, l’Of­fice national du film doit être situé dans une grande ville culturelle, pas trop éloignée de la capitale nationale, où l’on dispose de moyens de transport par avion, par chemin de fer, par camion ou par voiture et, compte tenu du caractère bilingue du Canada, dans un endroit où les talents culturels et créateurs dans les deux langues officielles du Canada sont faciles à trouver.

Même si notre capitale nationale, Ottawa, est un bel endroit, elle n’est malheureusement pas assez con­sidérable pour convenir à une institu­tion du genre de l’Office du film.

Quant à la ville très progressiste de Toronto, elle offre certes bien des avantages. C’est une grande ville et un centre culturel où les talents ne manquent pas, mais elle n’a pas le caractère rigoureusement bilingue de Montréal. Montréal est un centre de culture française et de culture anglaise. En même temps, elle est située à proximité d’Ottawa. C’est une grande ville qui attire des talents, artistes, musiciens et techniciens des deux cultures qui y trouvent plus de débouchés qu’ils n’en trouveraient ailleurs.

Avec sept postes radiophoniques en activité et un autre qui le sera dans quelques semaines, avec deux postes de télévision, l’un français et l’autre anglais, avec le service inter­national de Radio-Canada, Montréal attire les artistes, musiciens, acteurs, auteurs, écrivains, techniciens, traducteurs, narrateurs et autres tant de langue anglaise que de langue française. (…)

M. HOLOWACK :
En face de ce montant extraor­dinaire qu’il est question de dépenser pour l’aménagement de cet immeu­ble de l’Office du film, nous devrions songer aux centaines de jeunes qui partent pour d’autres pays afin de conquérir le succès, la renommée et, ce qui est plus important, la recon­naissance de leur talent. Ils quittent notre pays et vont enrichir la vie culturelle d’autres régions parce que nous manifestons tant d’indifférence à leur endroit. Je me demande en toute sincérité s’il ne conviendrait pas que le Gouvernement utilise ces montants pour accroître la produc­tion de l’Office national du film, pour créer des bourses et réaliser les autres projets qui s’imposent, si nous voulons avoir une vie culturelle qui en vaille la peine.

Il me semble que, dès le début, on a, à l’égard de cette question dressé un écran de fumée. D’après des conversations intimes que j’ai eues avec divers députés, il semble que le Gouvernement soit résolu à démé­nager l’Office national du film. Je me suis demandé s’il ne serait pas op­portun pour le Gouvernement, advenant le cas où il aurait décidé de déménager l’Office national du film, de le transporter dans un endroit qui demeurerait toujours un centre ap­proprié. J’envisage cette question d’une façon tout à fait objective. Je ne parle pas de ma propre cir­conscription, ainsi que d’autres députés l’ont fait par le passé.

Je pense que le Gouvernement ferait une bonne affaire s’il démé­nageait l’Office national du film dans une localité qui offre un site magnifi­que et symbolise le Canada. Il s’agit du parc national de Jasper ou du parc national de Banff. Lorsque les magnats du cinéma décident de réaliser un film pittoresque ou qu’Hollywood se propose de réaliser un film de premier ordre, ce sont les endroits où ils vont, non pas dans une ville. Nous devrions, à mon sens, tenir compte du point de vue des divers organismes sérieux de notre collectivité, qui ne s’inspire pas de motifs politiques mais des intérêts bien compris du pays.


Malgré les divers arguments en faveur du maintien de l’Office à Ottawa, c’est la proposition gouvernementale qui passe. Il fallait s’y attendre…

Voici donc l’ONF à Ville St-Laurent au beau milieu d’un champ. Le con­tact tant désiré entre l’élite culturelle et artistique de la métropole bilingue et le grand centre de création qu’est l’Office tarde à se matérialiser. La boîte tourne, mais sur elle-même. On aurait peut-être pu l’oublier si ne s’était pas déclenchée l’Affaire ONF.


Les laboratoires
Les laboratoires 
© ONF

Scènes typiques de tournage

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© ONF
2013_0390_PH_01
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