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1946 : FiatFilm et l’abbé Vachet

1946

Ce bilan financier pro forma est publié à l’occasion de l’émission de 18,000 nouvelles actions privilégiées. RFD est alors représenté par Charles Monast (que l’on retrouvera à son conseil 5 ans plus tard). Si RFD a besoin de capital, c’est que l’année 46 s’annonce importante pour elle. Il s’agit en effet de faire le nécessaire pour s’assurer le succès du programme de production. Pour DeSève la clé de ce succès réside en France; il part donc en avril pour y rencontrer de vieilles connaissances dont l’abbé Vachet qu’il connaît depuis la fin des années 30 et qui est déjà venu au Canada auparavant. À la mi-juin, il est de retour et donne une conférence de presse. Voyons en quels termes Le Devoir rend compte de ce voyage :

Montréal deviendrait un centre mondial de saine cinématographie

Les studios seront construits dès cet été, annonce M. De Sève, qui revient d’Europe — Chaque film de Renaissance Films Distribution Inc. sera préparé en deux versions : la française et l’anglaise — Les services de M. l’abbé Vachet définitivement retenus

M. J.-A. DeSève, président et gérant général de la compagnie Renaissance Films Distribution Inc. de retour d’un séjour de huit semaines en France, nous a confié hier, en même temps que les résultats de son voyage, l’état de ses projets. Il est à mettre sur pied une entreprise dont l’envergure et l’opportunité sautent aux yeux. Il s’agit d’installer à Montréal une centrale internationale de cinéma d’inspiration catholique.

On commencera dès cet été la construction de vastes studios, dont M. DeSève nous a montré les plans. C’est son grand désir qu’ils soient établis à Montréal, si les autorités municipales veulent bien reconnaître l’importance de cette industrie nouvelle chez nous, et lui céder le terrain indispensable. Pour bien indiquer le caractère de l’entreprise, le plan de l’immeuble réserve un espace à l’installation d’une chapelle. Ces studios seront dotés d’un outillage technique moderne très élaboré.

Garanties morales

“Par cinéma d’inspiration catholique, explique M. DeSève, nous entendons du grand cinéma artistique à philosophie saine, du cinéma qui appellera les choses par leur nom, qui nommera bien ce qui est bien, et mal ce qui est mal. Nous sommes résolus à ne tourner que des films de qualité. Une telle entreprise est devenue une nécessité”.

M. DeSève rapporte la nouvelle que M. l’abbé A. Vachet, le réalisateur de NOTRE-DAME DE LA MOUISE, qui nous reviendra a la fin de l’été, a été autorisé par les autorités religieuses de Paris à se mettre à la disposition de Renaissance Films Distribution Inc., pour le développement de son programme au Canada. M. DeSève retient les services de M. l’abbé Vachet à titre de directeur technique et spirituel de cette entreprise. Il sera chargé de la supervision des scénarios.

Deux mentalités à satisfaire, deux découpages

Quant aux découpages, ils seront préparés en double version, selon l’esprit et les exigences différentes des publics français et anglo-saxons auxquels chaque film sera destiné. Le découpage de la version française (description des séquences et dialogue), préparé en France, sera toujours soumis à la Commission d’étude ecclésiastique des Films St-Joseph, qui fonctionne actuellement sous la présidence de l’archevêque auxiliaire de Paris, Mgr Beaussart. Un comité analogue d’examen des découpages, relevant des autorités compétentes, doit être incessamment constitué au Canada.

Les films ainsi tournés à Montréal seront destinés à une diffusion mondiale. Aux États-Unis, Renaissance Films Distribution s’est assurée la collaboration de la League of Decency, par l’intermédiaire du secrétaire général de cet organisme, Mgr John J. McClafferty.

Nouvelles

Ce qui donne à cette entreprise un caractère tout à fait exceptionnel, c’est qu’elle aura un pied à terre en France, où l’outillage correspondra à celui utilisé ici; d’autre part, les auteurs, techniciens et interprètes que l’on engagera seront tout d’abord des spécialistes français triés sur le volet, pour constituer les cadres solides au sein desquels viendront s’inscrire peu à peu des éléments nouveaux, et, aussitôt que possible, des éléments du Canada français. Entreprise franco-canadienne à rayonnement mondial, Renaissance Films Dis­tribution Inc., prévoit l’accession de nombreux Canadiens à la série des carrières de l’industrie cinématographique, depuis celle de dessinateur jusqu’à celle d’acteur.

Dans ce but, pour chacun des quatre films que l’on projette actuellement, dont deux sont entièrement prêts sous les titres provisoires LA PRIÈRE À BERNADETTE et LE VILLAGE DE PÊCHE (sic), les accords prévoient dans chaque cas l’engagement par le metteur en scène d’un assistant canadien. De plus, aux frais de la compagnie, des Canadiens seront envoyés en France au Laboratoire d’études et de recherches, de façon qu’ils nous reviennent doués des qualifications requises.

Le voyage de M. DeSève avait un double but: l’engagement de techniciens français pour la mise en marche simultanée, en France et au Canada, des premières productions projetées; puis l’organisation de la diffusion en France et en Belgique, du film LE PÈRE CHOPIN.

Les techniciens sont engagés, notamment M. Claude Perrier, à titre de décorateur artistique et décorateur. Ils arriveront bientôt au Canada. Les autorités gouvernementales faciliteront leur entrée en raison du caractère éducationnel de l’entreprise à laquelle ils collaboreront. Un accord a aussi été conclu en France pour l’utilisation des studios de Fiat-Film, avec les industriels de Levallois et Gennevilliers.

Quant au film LE PÈRE CHOPIN, M. DeSève l’a fait voir à M. Fourré-Cormerey, directeur général de la Cinématographie Française au cours d’une séance à laquelle assistaient S. Exc. le général Georges Vanier, ambassadeur du Canada en France, Mme Vanier, ainsi que M. Yves Lamontagne, attaché commercial. Le film a plu, et M. Fourré-Cormerey en a recommandé l’adoption par l’industrie française du film. LE PÈRE CHOPIN sera présenté d’abord au Festival de Cannes en septembre, puis en grande exclusivité à Paris et en Belgique.

Comme les journaux l’ont annoncé, M. DeSève a assisté au cours de ce voyage à la Messe du Cinéma, où on lui a fait le plus chaleureux accueil à titre de Canadien.

Pierre de GRANDPRE

La Presse ajoute le détail suivant : “Il a été très ému de l’accueil chaleureux qu’on lui a fait à titre de Canadien, d’y être invité à parler aux convives et à la radio par les dirigeants de l’Office familial de documentation artistique dont il est devenu l’agent exclusif pour le Canada”.

Cette longue citation du Devoir a l’avantage de poser rapidement plusieurs données de notre problème que nous aborderons maintenant successivement. Voyons d’abord sommairement qui est l’abbé Vachet, personnage controversé en France et plus tard au Québec.
La presse ajoute le détail suivant: “Il a été très ému de l’accueil chaleureux qu’on lui a fait à titre de Canadien, d’y être invité à parler aux convives et à la radio par les dirigeants de l’Office familial de documentation artistique dont il est devenu l’agent exclusif pour le Canada”.

Cette longue citation du Devoir a l’avantage de poser rapidement plusieurs données de notre problème que nous aborderons successivement. Voyons d’abord sommairement qui est l’abbé Vachet, personnage controversé en France et plus tard au Québec.

Né le 28 janvier 1896 à Buxy (Saône et Loire) d’une famille modeste, le Bourguignon Claude Vachet dit Aloysius, se retrouve à la fin des années 20 vicaire de la banlieue parisienne “rouge”. On lui donne alors la charge de plusieurs mouvements sociaux qui conviennent bien à son tempérament fonceur et enthousiaste. Ce qui l’intéresse le plus, c’est d’œuvrer auprès de la jeunesse, d’y exercer son apostolat à travers l’action. Le mouvement scout semble lui convenir à merveille. À l’été 29, il s’achète une caméra 16mm et, durant sa colonie de vacances, tourne son premier film muet NINO, SCOUT DE FRANCE. En octobre il le présente dans sa paroisse. Grand succès. Le film entreprend alors la tournée de plusieurs patronages. Encouragé par le succès de cette nouvelle forme d’apostolat, Vachet récidive en 1930 avec SEMEURS DE VIE. En 1932 la direction de l’Œuvre des vocations du diocèse de Paris lui demande de réaliser un film pour le recrutement sacerdotal, POUR LA MOISSON. On lui achète une caméra 35mm pour l’occasion. Au mois de juillet le film est tourné sur les rives du lac d’Annecy; il le présente en novembre. Le résultat est tellement probant que les autorités ecclésiastiques relèvent Vachet de ses œuvres et de son ministère paroissial pour qu’il se consacre à plein temps à l’apostolat cinématographique. Il s’installe d’abord à Boulogne, puis à Clichy où le 21 octobre 1932, sous le numéro 1542, est déclarée à la préfecture de la Seine la société d’éducation populaire par le cinéma Éditions catholiques de cinéma éducatif (ECCE).

Pendant deux ans Vachet parcourt la France avec son film, comme certains prêtres québécois le font ou vont bientôt le faire ici. D’abord commenté au micro par l’auteur, le film est sonorisé et rapporte plus d’un million de francs. Vachet publie aussi un roman tiré de son film 1 qui atteint bientôt la 17e édition. En 1934, certaines autorités religieuses l’abordent pour lui commanditer un film parlant sur les vocations, L’APPEL. Les ECCE ne possèdent pas les installations nécessaires. C’est René Delacroix 2 ancien directeur technique d’Etoile Film et réalisateur de LA RELÈVE qui vient leur donner un coup de main. C’est ainsi que voit le jour la FiatFilm, car il est nécessaire d’avoir une société commerciale pour les opérations commerciales des ECCE. D’abord société à responsabilité limitée, elle devient le 10 avril 1935 société anonyme au capital de 2 millions de francs. Elle est munie en outre d’un comité de censure ecclésiastique dont le président est le chanoine Beaussart, qui devient quelques mois plus tard évêque auxiliaire de Paris. En 1936, FiatFilm se construit des studios à la Garenne-Colombes, en banlieue de Paris. Le 19 mars, Mgr Beaussart les bénit 3. Le premier travail indépendant de FiatFilm est la sonorisation et le montage du film du père Lhande 4 L’INDE SACRÉE.

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De sa fondation à 1939, FiatFilm réalise plus de 60 films 5 dont l’intérêt n’est pas très grand mais qui permettent aux techniciens de se perfectionner et de s’exercer dans tous les domaines des techniques cinématographiques. Ces nombreuses productions prouvent la nécessité d’une étroite collaboration entre toutes les forces catholiques qui s’occupent de cinéma. L’abbé Stourm, secrétaire général du cinéma et de la radio à l’Action catholique appuie la compagnie; en contrepartie FiatFilm se charge d’organiser le Circuit des salles catholiques de la région parisienne qui connaît en peu de temps une grande vogue. En 1938, FiatFilm commence l’édition de films cinématographiques et fixes sur le catéchisme; cette pratique du film fixe, elle la conservera toujours. En 1939, FiatFilm décide de franchir un grand pas en se lançant dans le long métrage de fiction. Elle établit des accords avec la Hollande et le Canada 6. Le film est terminé le premier septembre. La guerre en empêche le parachèvement, ce que France-Film ne prévoyait pas puis­qu’elle l’annonce déjà parmi ses nombreux films de la saison 39-40 et dans Le courrier du cinéma de novembre : “Ne croyez pas assister à une de ces mornes leçons de catéchisme qui rendaient la religion ennuyeuse à votre enfance, mais à un film qui sera un grand succès populaire”… En fait le but du film est “de rendre formatrices des séances récréatives”. Le film raconte l’histoire d’un prêtre (François Rozet), missionnaire dans les quartiers pauvres d’une grande ville industrielle (la “zone”). “L’action se déroule d’elle-même et les titres la résument : la vocation de la zone, défrichage, le pêcheur d’âmes. C’est la lutte de l’abbé pour parvenir dans la zone, ne pas se décourager de son rude accueil, s’installer, se faire admettre, préparer un terrain favorable à l’enseignement du Christ, soulager les misères matérielles et morales et secourir les âmes en détresse”. Coincé par la guerre, ce film ne sortira qu’après, (son titre est déposé à Paris le 26 mars 45), où l’on en dira : “L’adaptation de la pièce est d’une grande pauvreté d’imagination. Elle n’a pas su éviter les clichés. L’auteur s’est montré un loyal serviteur de l’idéologie de Vichy. La mise en scène ne réussit jamais à rendre exact le milieu dans lequel se déroule l’action. Un film de propagande pro-vichyste. Propagande confessionnelle” (Fiche UFOCEL). Au Québec, il sort le 24 mars 1945, en programme double avec LA MERVEILLEUSE TRAGÉDIE DE LOURDES.

C’est donc à cette époque que DeSève se lie à Vachet et FiatFilm. La guerre ne permet pas à leurs projets de se matérialiser. Elle n’est pas sitôt finie qu’ils les remettent en marche. C’est ce voyage de l’été 46 qui les concrétise dans la collaboration RFD-FiatFilm. Cette dernière se spécialise dans les travaux d’études, de recherches et de sonorisation tandis que la première se consacre aux réalisations dans ses studios. En effet, comme le rapporte DeSève, on doit construire cet été-là des studios au coût d’au moins $300,000. Le 12 juillet, le conseil d’administration de RFD résout d’acheter l’ancienne caserne du corps médical de l’armée sise au 4824 de la Côte-des-Neiges à Montréal pour la transformer en studio. Le 22, l’achat est conclu par DeSève et Léo Choquette au montant de $100,000. dont $37,500. comptant, $12,500. en actions de $25. portant intérêt de 5% et le reste payable en dedans de cinq ans. Mais cet achat, dans l’esprit des administrateurs, n’est que temporaire : pour pouvoir tourner leurs projets immédiats.

En effet RFD veut posséder de véritables installations. Elle en confie donc la préparation à Claude Perrier, le décorateur de Fiat que cette compagnie a envoyé au Canada, et à l’architecte montréalais Paul H. Lapointe. Le 19 juillet, la compagnie est prête à annoncer ses grands projets au public. Voici de quelle manière Jean Béraud en rend compte dans La Presse du 10 août :

“Pour tourner, il faut d’abord un studio. Il faut ensuite des techniciens; par voie d’affiliation avec l’organisme dont dispose en France M. l’abbé Vachet, ces techniciens viendront de France pour s’adjoindre aussitôt des apprentis canadiens, qui iront par la suite se perfectionner de l’autre côté. Il faut des appareils, de préférence les plus récents, des décors, des costumes, de la machinerie; il faut des scénaristes et des artistes, des directeurs de réalisation technique et des metteurs en scène.

Tout cela, on l’aura aux vastes studios de la rue Notre-Dame; tout sera sur place, on travaillera sans perte de temps, sans avoir à barguigner pour se procurer de jour en jour les instruments de travail.

En conséquence, on pourra produire des films dont le prix de revient sera raisonnable, et dont l’exploitation pourra rapporter des bénéfices. C’est dire que cette nouvelle industrie assurera du travail à un grand nombre d’artistes, de techniciens et d’ouvriers de tous genres. D’autant que ces studios seront ouverts à quiconque se sentira enclin à produire un film, et qu’ils pourront servir aux metteurs en scène étrangers attirés chez nous par l’attrait de la nature ou le caractère du scénario.

On observera que le plan comporte un atelier de dessins animés. C’est que l’un des beaux projets de Renaissance est la réalisation en dessins animés d’une Vie du Christ en trois époques, chacune constituant un film de long métrage. On y préludera par un essai de film court sur l’Annonciation, en couleurs et sur maquettes en relief, dans un décor de triptyque et sur une partition originale de A. Derna.

Six grands films sont déjà en préparation en France et ici, de sorte que le jour où on commencera à tourner, pour une fois on n’aura pas mis la charrue devant les bœufs…”

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C’est finalement le 4 septembre que le maire Camillien Houde signe, en présence des administrateurs de la compagnie, le contrat de vente d’un terrain de 225, 131 pieds carrés, voisin de l’ancien parc Dominion, au 6300 Notre-Dame, est. Le prix de vente est de $28,350. payables $5,670. comptant et le solde en dix versements 7 Comme on peut le voir d’après les plans ci-reproduits, un projet d’une telle envergure doit coûter beaucoup d’argent. Comme il n’y en n’a pas assez pour l’instant, on décide, le 24 octobre, d’accorder à Paul Lapointe le contrat de réfection des studios de la Côte-des-Neiges que l’armée doit bientôt évacuer.

Mais cet automne-là, ce qui importe le plus à RFD, c’est de recruter des actionnaires. C’est alors qu’on fait appel à l’éloquence galvanisante de l’abbé Vachet, éloquence qui resservira en 47 et en 48 aux mêmes fins et avec les mêmes moyens. Vachet va partout: au club Kiwanis de Joliette ou de Chicoutimi, au Centre catholique de St-Jean, à la convention des hôteliers à La Sapi­nière, chez les hommes d’affaire du nord de Montréal, lors de l’inauguration de la Boulangerie provinciale, etc. Partout il vend la cause du cinéma catholique, partout, il vend RFD, partout il vend des actions avec l’aide d’employés de la compagnie. Mais il ne se contente pas de ces lieux officiels. Du 24 octobre au 14 novembre, tous les jeudis, il prononce au réseau de Radio-Canada des causeries sur le thème : “Le cinéma et l’inquiétude humaine”. Le secrétaire-adjoint de la compagnie, François LaRoche prévient les actionnaires que ces causeries leur sont destinées et qu’ils pourraient peut-être réunir chez eux, à cette occasion, quelques amis dans l’espoir de les gagner à LA cause.

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Finalement Vachet utilise les relations personnelles privilégiées que lui confère son statut de prêtre. C’est ainsi qu’il approche certains curés en leur demandant d’une part de le mettre en contact avec les notables locaux (maire, avocat, médecin, notaire, dentiste) ou avec des cultivateurs qui ont quelques économies, d’autre part de lui permettre de prendre la parole en chaire, de parler des relations catholicisme/cinéma, et de glisser, comme ça, qu’il existe au Québec une compagnie qui se dévoue à cette cause et qu’une façon d’accomplir son devoir de chrétien est d’y participer financièrement, ce qu’il peut leur permettre s’ils veulent bien passer après la messe à la sacristie; c’est là que se concluent directement les affaires ou que se fixe un rendez-vous chez un notable quelconque. C’est ainsi que cet automne-là sont particulièrement remerciés de leurs bons offices et de leur encouragement : J. Henri Duval, maire de Trois-Pistoles, les chanoines Paul Mayrand de St-Joseph de Drummondville et Ludger Gauthier de St-Joseph d’Alma (qui achète lui-même pour $1000. d’actions) et les abbés Jean-Charles Meunier de Chicoutimi et Pierre E. Théorêt, directeur du journal Salaberry de Valleyfield. On ne sait pas si, cette année-là, le clergé poussa les fabriques ou les communautés à investir dans RFD comme cela se fera par la suite, rarement néanmoins. Toutes ces conférences et ces rencontres portent fruit car la compagnie peut annoncer qu’elle compte 500 actionnaires le 15 octobre, 600 le 15 novembre (pour $20,000. de nouvelles actions vendues), 800 au 15 décembre (pour $30,000. de nouvelles actions vendues). On étudie même un projet de règlement pour augmenter le capital à trois millions. Les affaires vont donc bien. C’est dans cette euphorie que le 30 novembre Vachet s’envole vers Paris pour voir aux travaux qu’on effectue à FiatFilm pour faire en sorte que “notre maison de Paris va se placer parmi les premières, sinon la première de la capitale, pour le son” 8

À la fin octobre, la direction inaugure la pratique des “lettres à nos actionnaires” qui sont de notre point de vue une vraie mine. La première se lit comme suit :

“De plusieurs pays, nous recevons l’heureuse nouvelle que certains journaux ne tarissent pas d’éloges sur l’initiative de notre Société. À Londres, le journal corporatif du cinéma anglais, TODAY’S CINEMA nous consacre un intéressant article dans son numéro du 17 septembre dernier. À New York, c’est le MOTION PICTURE HERALD qui trace les grandes lignes de notre organisation; cependant que le FINANCIAL POST de Toronto, en date du 14 septembre, ne manque pas de nous être très favorable.

Du fait de cette bonne publicité et de la position avantageuse du Canada, nous recevons des offres de service intéressantes. De Londres, un producteur anglais serait anxieux de nous faire bénéficier de son expérience. Le Canada qui débute dans son développement économique, est le point de mire de l’univers. Pouvons-nous douter du présent et de l’avenir?

Nous sommes en bonne place parmi les nations les plus privilégiées et surtout dans aucun pays du monde, le capital n’est mieux protégé que dans la province de Québec, grâce à notre population qui d’esprit religieux, laborieux, économe, se montre absolument réfractaire à toutes les idées subversives. C’est maintenant que ceux de chez nous qui disposent de capitaux doivent s’unir pour venir en aide à la production et au travail, par une opportune coopération dans les entreprises saines qui cherchent de l’assistance pour grandir.

Nous nous réjouissons de pouvoir vous annoncer qu’au 15 octobre, nous comptions 500 actionnaires de RFD. Nous envisageons bien davantage puisque la création d’un centre de production internationale du film d’inspiration chrétienne devra propager notre enseignement familial, pédagogique, professionnel, social, politique, esthétique et religieux.

Enfin, il est consolant de constater qu’au désarroi des hommes et des choses, a succédé la confiance et la sérénité et avec elles l’ordre et le progrès. Aujourd’hui appartient au Canada, à nous de savoir en profiter.”

La troisième lettre aux actionnaires nous apprend que la commission d’étude et de contrôle du Canada 9 dont DeSève mentionnait au mois de juin l’existence prochaine, s’est réunie le 26 novembre en présence de DeSève, Hector Perrier et Edgar Tessier, respectivement président, vice-président et secrétaire de la compagnie, pour étudier deux scénarios. Cette commission est composée de :

Marie-Ceslas Forest, O.P.M., professeur à l’Université de Montréal, président.
Albert Tessier, ptre, visiteur des écoles ménagères, vice-président 10
Aloysius Vachet
Émile Legault, C.S.C., directeur des Compagnons
Jean-Charles Gauthier, ptre, assistant-directeur diocésain de l’Action catholique et aumônier de la centrale de Chicoutimi
Joseph Judes, ptre, curé de St-Roch de Montréal
Gérard Delage, président de l’Union des artistes
Murray Ballantyne, Président du Catholic Center de Montréal.

Ces quelques considérations nous amènent à clarifier un autre point soulevé dans la conférence de presse de DeSève du mois de juin : la centrale internationale du cinéma d’esprit chrétien, qualifiée de “notre centrale” dans une lettre adressée le 30 septembre à Léo Choquette où DeSève lui présente un rapport sur l’organisation de cette centrale. Que dit ce rapport :

“Le Cinéma est né il y a cinquante ans, il parle depuis vingt ans, il reproduit la couleur depuis dix ans à peine, il sera demain en relief — Il va, par la télévision, pénétrer dans les plus lointaines régions et atteindre le peuple tout entier.

Dès aujourd’hui, et de plus en plus, c’est la grande École populaire, la plus aimée et la plus suivie. Il y a déjà par jour des centaines de millions de spectateurs.

Voici l’avertissement du Comité Central du parti communiste, tel que paru dans “LA PRESSE” de Montréal le 12 septembre, 1946 :

“Le Cinéma n’a pas et ne peut avoir d’autre intérêt que celui de l’état, d’autre mission que celle d’élever le peuple et en particulier dans l’esprit des grandes idées… de Lénine et de Staline.”

Le Pape dans son Encyclique “VIGILANTI CURA” ne dit pas autre chose :

II est impossible de découvrir aujourd’hui un moyen d’influence capable d’exercer sur les foules une action plus efficace.

En fait, le Cinéma grandit en puissance chaque jour; chaque jour, des progrès techniques en font un instrument merveilleux d’expression, une écriture nouvelle à l’usage des foules de plus en plus séduites.

Mais de trop nombreux films véhiculent le poison religieux, social et moral. Réalisés par des financiers sans scrupules ou sous des influences occultes ou politiques, ils sont devenus un moyen redoutable de perversion intellectuelle et morale.

L’Autorité, celle de Dieu et celle des hommes, la famille, la loi naturelle, le respect de la vie ou de la propriété, la pudeur, la vérité, tout est faussé et tourné en dérision. Une humanité sans religion, sans morale, sans devoirs, toute entraînée par ses instincts, est présentée aux peuples sous les couleurs les plus attrayantes, avec des artistes éminents et dans des réalisations somptueuses — L’athéisme, l’inutilité de toute pratique religieuse, le divorce, l’union libre, le suicide, le mépris des lois et de l’autorité sont supposés ou enseignés dans la plupart des films.

Par ailleurs, il est certain que le public apprécie et aime les films sains, et les plus gros succès ont récompensé des efforts isolés réalisés en ce sens.

Si nous voulons exercer une influence, garder notre civilisation chrétienne et faire rayonner notre idéal, il faut nous servir du Cinéma comme de la Radio et de la Presse, et cela d’autant plus que demain verra la fusion de ces trois sphères d’influence en une seule arme : la télévision.

Inutile d’espérer obtenir de producteurs non chrétiens des œuvres d’une vraie valeur, ni surtout un effort constructif.

Si les chrétiens veulent exercer un rôle influent en ce domaine, il faut :

1. Avoir une Centrale Technique Internationale de Cinéma, avec ses studios et ses laboratoires;
2. Il faut une École de techniciens catholiques du Cinéma.
3. Il faut un laboratoire d’études et de recherches pour égaler, et si possible, distancer les progrès de la technique dans ce domaine.
4. Il faut créer une union internationale catholique des producteurs et distributeurs de Cinéma Catholique.
5. Il serait souhaitable qu’il y ait également une Centrale spirituelle où pourront s’élaborer des projets susceptibles d’informer l’âme du Cinéma Catholique.

Les industriels, les commerçants, les actions catholiques de chaque nation, les hommes d’action doivent comprendre que devant la marée montante du mal, il faut agir avec énergie et puissance.

En 1929, un prêtre français, l’Abbé Aloysius Vachet, vicaire en banlieue rouge à Paris, a compris cette nécessité. Malgré toutes les difficultés, il prend l’initiative de créer une Société de Production de Films, construit un studio, apprend la technique du film et réalise presque sans ressources plus de soixante (60) films en dix ans, dont plusieurs ont un retentissement mondial.

Il obtient de l’Épiscopat français la reconnaissance officielle de son œuvre. Les studios Don Bosco sont bénis le 19 mars 1936 par S.E. Mgr. Beaussart, Archevêque de Mocissos, Auxiliaire de Pajis, et le 23 mai 1943, la Centrale du Film d’Enseignement est inaugurée par le Cardinal Suhard, Archevêque de Paris.

Une commission d’études et de Contrôle pour la préparation des films à réaliser est créée sur la demande des Cardinaux et Archevêques de France.

Mais l’œuvre doit croître sur le plan international. Il faut pénétrer de christianisme le Cinéma tout entier. La fin de la guerre en donne l’occasion.

En 1939, un grand film était réalisé (sic) par M. l’abbé Vachet qui se nommait NOTRE-DAME DE LA MOUISE. Ce film avait été financé par le Canada, la Hollande et la France. Le succès international de cette première production fut la cause d’un projet de création d’une Société, qui aurait pour but l’établissement de studios et de laboratoires en vue de la production de films d’inspiration chrétienne, en diverses langues, notamment l’anglais et le français.

Au Canada, un groupe de catholiques résolurent de s’associer à l’effort de M. l’Abbé Vachet. Une société, Renaissance Films Distribution Inc., a été fondée en avril 1945 à Montréal, Société au capital initial de 500,000 dollars, devant être porté ensuite à deux millions de dollars.

Après enquête, S.E. le Cardinal Villeneuve, au nom des Évêques de la Province, demandait au Cardinal Archevêque de Paris que l’Abbé Vachet soit autorisé à venir poursuivre son œuvre au Canada.

Des accords furent signés entre un groupe de sept sociétés (trois en France, deux au Canada, une en Belgique, une en Hollande). Des pourparlers sont en cours avec les Évêques de l’Amérique du Sud et du Mexique.

La Société a déjà réussi en quelques mois à atteindre plus de 400 actionnaires. Elle a acheté le contrôle de deux compagnies cinématographiques, un immense terrain en bordure du Saint-Laurent à Montréal, et des immeubles importants pour y établir des studios provisoires, en attendant l’exécution des plans définitifs.

Douze grands films sont prêts à être tournés, ou en préparation.

Ces films seront tournés en version américaine avec artistes et réalisateurs américains, sur un texte d’esprit américain — Ils seront tournés en même temps en français avec artistes et réalisateurs Canadiens et Français, sur des textes d’esprit français.

S’il est nécessaire, on envisagera les versions en espagnol ou en allemand, et des doublages pour les autres langues, une des filiales de RFD se spécialisant dans ce genre.

La hiérarchie catholique a ses représentants au sein d’un syndicat de contrôle, composé de douze membres. Ce syndicat pourvoit lui-même au remplacement de ses membres, et l’unanimité doit se réaliser pour toute décision importante.

Montréal a été choisi comme capitale internationale du film d’inspiration chrétienne, pour les raisons suivantes :

  1.  Pays d’esprit latin pénétré par la civilisation anglo-saxonne, carrefour idéal pour la rencontre du génie latin et de la technique américaine.
  2.  Pays bilingue parlant les deux langues les plus importantes du Cinéma international.
  3.  Pays profondément chrétien
  4.  Pays en pleine prospérité et de grand avenir — Pays jeune, cherchant de nouveaux débouchés industriels et techniques.
  5.  Pays d’Amérique du Nord qui permet d’espérer que des catholiques influents uniront leurs efforts pour créer une œuvre très puissante, capable d’atteindre le monde entier.
  6.  Pays qui possède une jeunesse vibrante, intelligente et saine, et des talents nombreux qui ne demandent qu’à être encouragés et développés, aussi bien dans le domaine technique que dans le domaine artistique.

Ces considérations faites, comment organiser l’Action Chrétienne Catholique?

  1.  Aider RFD à compléter son capital, ce qui assurera la construction des studios à Montréal, — lesquels comprennent : chapelle, administration, ateliers et magasins. (Voir plan ci-joint.)
  2.  Créer l’Institut Catholique du Cinéma pour la formation des techniciens chrétiens, et pour assurer l’existence du laboratoire d’études et de recherches.
  3.  Organiser un syndicat international catholique pour la distribution des films. Ce syndicat financera les productions, selon les lois ordinaires du Cinéma — Chaque nation et chaque région aura un distributeur affilié au mouvement.
  4.  Acheter, construire, louer ou contrôler des salles populaires de Cinéma, dans les quartiers et les villes qui ont le plus besoin d’être influencés.

L’ensemble de ces activités représente certes des capitaux importants, mais à part le capital de lancement, il est certain que cette organisation — non seulement peut vivre par elle-même — mais doit se développer très vite en raison d’importants bénéfices certains.

En Cinéma, il faut faire et répandre :

  1.  Des films récréatifs, de grande classe, à mentalité chrétienne
  2.  Des films religieux, traités avec une grande mise en scène et sans aucun sectarisme.
  3.  Des films d’enseignement sous toutes formes.
  4.  Des actualités d’esprit chrétien, et organiser le journalisme cinématographique.
  5.  Il faut demander aux écrivains, aux penseurs, aux gens de théâtre de penser et d’écrire pour le Cinéma chrétien, et organiser une campagne en ce sens.

Telle est, sommairement, l’œuvre à accomplir. Les hommes pour la diriger existent — M. l’Abbé Vachet a groupé en France des éléments excellents et expérimentés. Au Canada, M. J.-A. DeSève, Président de RFD est un administrateur d’expérience qui a fait ses preuves dans le Cinéma, depuis de longues années, et connaît à fond le marché international du film.

Les autorisations épiscopales et le climat favorable pour le lancement de cette grande fondation sont acquis. Il suffit que des capitaux importants soient mis à la disposition de l’organisation en cours. Il doit se trouver des industriels chrétiens ou des capitalistes intelligents, qui comprendront l’urgence de résoudre un pareil problème et qui s’uniront pour en donner la solution.

Car, en pareille matière, il ne faut pas de médiocrité. Nos films doivent d’abord s’imposer par la qualité technique, condition essentielle de leur Portée morale.”

Ce rapport nous amène de plain-pied dans la problématique centrale de RFD telle qu’elle apparaît dans la brochure publicitaire que celle-ci publie en cette fin d’année 46 et qui doit conduire les futurs actionnaires à s’engager concrètement dans l’action. Cette brochure se place d’emblée sous le patronage de l’encyclique “Vigilanti cura” dont elle reproduit l’extrait suivant :

“Tous savent combien de mal les mauvais films produisent dans l’âme. Ce sont des occasions de péché; ils poussent la jeunesse dans les voies du mal parce qu’ils font la glorification des passions, ils montrent la vie sous un faux jour; offusquent l’idéal; détruisent l’amour pur, le respect du mariage, l’affection pour la famille. Ils peuvent même créer des préjugés entre les individus, des malentendus entre les nations, entre les classes sociales, entre des races entières.

D’autre part, les bonnes représentations peuvent, au contraire, exercer une influence profondément moralisatrice sur ceux qui les voient. Outre qu’elles récréent, elles peuvent susciter de nobles idéals de vie, donner des notions précieuses, fournir de plus amples connaissances sur l’histoire et les beautés du propre pays, présenter la vérité et la vertu sous une forme attrayante, créer ou — pour le moins — favoriser une compréhension entre les nations, les classes sociales et les races, promouvoir la cause de la justice, éveiller l’attrait de la vertu et contribuer par une aide positive à la genèse d’un juste ordre social dans le monde.

“C’est donc une des suprêmes nécessités de notre temps de veiller et de travailler à ce que le cinéma ne soit plus une école de corruption, mais qu’il se transforme au contraire en un précieux instrument d’éducation et d’élévation de l’humanité.

C’est une obligation qui incombe non seulement aux Évêques, mais aussi aux catholiques et à tous les hommes honnêtes qui aiment la dignité et la santé morale de la famille, de la nation, et en général de la société humaine.”

Voilà un discours qui n’a pas beaucoup changé et qu’on entend encore aujourd’hui. On annonce ensuite dans la même brochure, selon une habitude qui caractérise bien RFD, les prochaines productions de la compagnie :

“Parmi les premiers films à être réalisés, nous pouvons citer : (les titres indiqués sont provisoires).

ORATORIO A BERNADETTE — Grand film dont l’action se passe en Amérique et en France, à Lourdes.
LE VILLAGE DU PARDON — Drame social se déroulant en grande partie dans la province de Québec, en Gaspésie.
LE TRIOMPHE DE LA VIE — Grand drame sur la famille et la maternité, inspiré par l’encyclique pontificale sur le mariage.
LES FEMMES NE MENTENT JAMAIS * — Fantaisie comique, musicale et psychologique.
L’APPEL DES CLOCHERS — Comédie dramatique qui pose la question brûlante de la vocation.
ANTONIO * — Mélodrame sur l’enfance abandonnée.
MON PETIT FRANÇOIS — Un scénario inédit et bouleversant du R.P. Lhande, l’illustre romancier français.

Un grand nombre d’autres films sont en préparation.

Parmi les films spécifiquement religieux, citons quatre grandes productions :

LE PAIN DES VIVANTS
LE GRAND SACRIFICE
LE DIVIN PARDON
SACERDOCE

qui seront tournés avec une mise en scène et une partition sonore de très grande classe, et enfin le projet d’une Vie de Jésus réalisée en dessins animés et en couleurs.”

On avance enfin le programme d’action de RFD et du cinéma catholique en général : (nous en respectons la présentation typographique)

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* Propriété de Renaissance Films Inc.

Notes:

  1. Il aura ultérieurement souvent recours à cette méthode, tout en s’adonnant aussi à de la littérature “non-cinématographique”. À la fin des années 50, son œuvre comprendra les titres suivants : LE MYSTÈRE DE LOURDES, LES MAINS LIÉES (roman d’après le film et drame d’après le roman), NOTRE-DAME DE LA MOUISE et POUR LA MOISSON.
  2. Voir Annexe IV
  3. La date est importante, c’est celle de la fête de St-Joseph, patron et modèle de l’abbé Vachet, directeur des Films St-Joseph, qui ne fait pratiquement rien sans le mentionner ou lui rendre hommage. Ainsi le comité de censure s’appelle Commission St-Joseph. Ainsi il y a une chapelle qui lui est dédiée au studio Fiat et dont Odette Oligny donne une touchante description dans Le Canada du 13 juin 47 alors qu’elle la visite avec DeSève et qu’il lui raconte que durant la guerre une bombe est tombée juste au pied de la porte de la chapelle, sans exploser… Ainsi l’on décide de commencer les studios Renaissance le 19 mars 1947. Ainsi l’on inaugure les studios Fiat cette même journée, et les studios de Montréal en 48. Ainsi on met en marche LE GROS BILL le 19 mars 49. Ainsi en 51 Vachet fonde les Compagnons de St- Joseph. Etc…
  4. Le même jésuite qui écrira le roman dont Vachet tirera LES MAINS LIÉES en 55.
  5. Dont LA RELÈVE, NUIT SILENCIEUSE, PROMESSES, CONQUÉRANTS PACIFI­QUES, LA MARCHE À L’AUTEL, JEUNESSE À TOI LE MONDE, etc.
  6. Dans Le courrier du cinéma d’avril 41, on lit : “NOTRE-DAME DE LA MOUISE est le premier film produit en France grâce à de l’argent canadien. En effet c’est la compagnie France-Film qui a assumé les frais de cette réalisation et à la paix, le projet sera poursuivi avec ardeur. La collaboration franco-canadienne telle que réalisée par France-Film est la formule idéale”.
  7. Contrairement à ce qu’on peut croire, puisque personne n’en parle plus ultérieurement, le projet n’est pas jeté aux oubliettes. Le 8 janvier 47, RFD représentée par Edgar Tessier et Émilien Bette/ achète un petit lot adjacent pour $239.25. Le 31 mai 48, RFD représentée par DeSève achète un plus grand lot avec bâtiments pour $10,000. payés comptant; on prévoit y loger les artistes d’Hollywood qui doivent venir cette année-là pour les productions anglaises de la compagnie. Les plans de DeSève sont probablement contrecarrés par son départ fin 48 car dès49, on ne rembourse plus à la ville l’hypothèque sur le terrain. En septembre 50, alors que RFD est en plein problème financier, elle se fait représenter par deux de ses directeurs (Georges Arpin et Lionel Leroux et vend tous les lots pour $25,000 soit $15,000. environ de moins que le prix coûtant et $22,000 de moins que la valeur déclarée au bilan du 31 décembre 49!
  8. C’est en se référant à toute cette période que plusieurs ex-actionnaires parlent aujourd’hui des “vacheries de Vachet” car celui-ci les avait amenés à investir dans une compagnie qui tombera en faillite. En fait, comme nous le verrons plus tard, sa responsabilité dans la faillite est plutôt mince. Il faut donc dissocier le jugement que l’on peut porter sur ses méthodes de vente de celui sur la faillite.
  9. Rappelons-nous qu’elle a un vis-à-vis en France, la Commission des films St-Joseph, présidée par Mgr Beaussart.
  10. Peu de temps avant sa mort, Mgr Tessier nous confiait qu’à son souvenir, cette commission, totalement décorative, ne s’était réunie que quelques fois tout au plus.