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Annexe : Les Grandsaignes d’Hauterives

L’histoire des Grandsaignes d’Hauterives a été retracée à partir de trois sources : les travaux de généalogie de M. Guy de Grandsaignes d’Hauterives, parent éloigné qui a aussi cédé à l’auteur une partie de la correspondance qu’il détenait ; les travaux de l’historien Serge Duigou, qui a remis à jour aux Archives du Finistère (cote 60J67) la correspondance des d’Hauterives avec leur notaire ; finalement les entrevues faites par l’auteur en Bretagne.

Marie-Anne Joséphine Charlotte Tréourret de Kerstrat est née à Briec-de-l’Odet le 25 juillet 1841 1. Son père, le comte Ludovic, héritier d’un vaste domaine, meurt assez jeune après s’être ruiné dans d’interminables procès; sa femme, Marie de Riquetti de Mirabeau 2, se remarie avec Jean-Louis Martret de Préville et met en pension ses enfants qui perpétueront l’audace et l’opiniâtreté de la lignée. Deux sœurs et un frère de Marie lui tracent la voie; l’aînée, Gabrielle, renonce à la fortune de son mari le baron d’Herpent, qui la bat, et consacre sa vie à un refuge pour chiens; Anna, dame de compagnie auprès des grandes cours d’Europe, rompt sa liaison passionnée avec le riche sculpteur St-Vidal et s’enfuit aux U.S.A. où elle devient précepteur de français pour réussir à élever seule ses deux enfants 3; l’unique mâle de la famille, Charles, s’en va chercher fortune au Mexique; Marie-Anne elle, quitte à 57 ans son riche domaine en Bretagne pour accompagner en Amérique son fils qui essaie d’y refaire fortune en exploitant un cinéma ambulant. Ce fils, Henri Louis Marie, est né le 28 juillet 1869 à Pont-L’Abbé 4. Sa mère devenue institutrice, y avait connu et épousé l’année précédente le comte Gustave de Grandsaignes d’Hauterives 5, receveur des douanes, de 20 ans plus âgé qu’elle, peu fortuné mais ayant de bonnes relations dans la petite bourgeoisie régionale. Celui-ci cherchait surtout une mère pour ses deux enfants, Maurice et Louise-Marie, nés de son premier mariage avec Alix Cosmao-Dumenez, fille du riche maire de Pont-L’Abbé 6. Les revenus de la famille étant cependant beaucoup plus modestes que ses ambitions, Marie-Anne retourne bientôt à l’enseignement après avoir mis les deux aînés en pension et confié Henry à ses tantes. Puis, vers 1880 7, ses plans germent enfin: sans doute avec l’argent de sa dot (une donation de 50 000 francs à prendre sur l’héritage de sa tante Zoé de Lalandelle) 8 elle rachète de Maurice et Louise-Marie le domaine dont ceux-ci avaient hérité de leur grand-mère Cosmao: le Suler, une grande propriété située dans une anse de Loctudy, comprenant des moulins, une villa, des métairies, un étang de pêche aux huîtres, etc. Voulant faire fructifier son avoir, elle rénove et embellit son domaine, construit d’autres villas qu’elle loue aux vacanciers, vend les produits de ferme aux hôtels pour touristes… Mais plus se développent ses relations d’affaires, plus se détériorent celles avec sa famille, même son mari : “pauvre femme, avec un très bon cœur capable des plus grands dévouements, elle se fait des ennemis par l’excentricité dominante de son caractère, un orgueil mal placé et mal dirigé par son cerveau exalté; elle froisse, le regrette mais aime mieux en souffrir que de reconnaître son tort. J’ai eu bien à souffrir et je souffre encore de cette position qui m’est faite. Elle a froissé mes deux enfants, Louise et Maurice (…) ils ont complètement cessé de venir me voir.” 9

À Henry, par contre, elle voue toute son existence. Celui-ci, après des études de droit à Poitiers, s’installe à Paris où il trouve du travail chez un avoué, espérant ouvrir plus tard sa propre étude. En 1894, il “épouse une riche dot” : Charlotte Subé. Lui-même n’est pas trop mal nanti: sa mère lui cède les titres de propriété du Suler en plus d’une rente annuelle de 4 000 francs 10. Un fils naît l’année suivante: Robert Tony Gustave, surnommé Petit Bob d’après le titre du roman de sa célèbre grand-tante, l’écrivain Gyp. Le grand-père pense que le petit Robert “est un lien qui devra les porter à réfléchir; Henri a un caractère faible, ils s’aiment bien (…) je pense que sa femme aura sur lui une certaine emprise.” 11

Mais Charlotte veut être comtesse, Henry veut être riche, et le couple mène un train de vie absolument extravagant. À peine quelques mois après le mariage ils sont si endettés qu’ils doivent emprunter 10 000 francs et laisser en gage un titre de rente appartenant à Charlotte. Ils liquident ensuite des actions de chemin de fer qu’elle avait apportées en dot. En 1896, Henry est poursuivi par ses créanciers qui font saisir et vendre son mobilier 12. Il continue pourtant d’accumuler les emprunts et les comptes, provoquant le prochain coup de théâtre : “Marie est près d’Henry, elle m’écrit que sans l’en prévenir sa femme poussée par ses parents a abandonné le toit conjugal et aidée de son père va demander la séparation. Henry est à ce qu’il paraît complètement démonté il s’attribue tous les torts et veut partir pour l’Amérique où il compte refaire fortune (…) le passé d’Henri me fait peur, il est tellement léger et orgueilleux c’est un garçon intelligent mais tellement faible de caractère qu’il est dans l’impossibilité de tenir à une décision.” 13

En juin 1896, Henry traverse l’Atlantique, en même temps que les opérateurs du cinématographe Lumière qui se ruent sur l’Amérique pour exploiter le fulgurant succès de cet appareil. C’est sans doute après avoir constaté leur fantastique succès à New York où il séjourne, que l’idée lui vint de les imiter. La chance ne lui sourit guère: ne pouvant trouver d’argent, il s’engage comme débardeur, se blesse au travail, s’endette pour payer les médecins, pendant que sa mère se démène pour trouver des fonds et que son père agonise : “mes lettres, je lui en ai écrit deux depuis son départ et je n’ai reçu de réponse et je ne sais que penser. La vie est insupportable quelle triste vieillesse que la mienne. Je me demande ce que j’ai pu faire pour mériter un châtiment si dur. Je n’ai plus la force de lutter. Je ferme les yeux et j’attends le dernier coup.” 14

La lettre et la vie de son père s’achevant ainsi le 27 avril 1897, Henry revient en France pour quelques mois. C’est sans doute grâce à l’intervention de sa mère que ses projets prennent enfin corps. Sans doute aussi est-il tenu au courant des déboires des opérateurs Lumière aux États-Unis. Toujours est-il qu’en octobre, sa mère et lui s’embarquent à Liverpool, mais à destination du Canada, avec le héros des chapitres précédents : l’Historiographe.

Après leur odyssée québécoise, les Grandsaignes d’Hauterives poursuivent leur carrière aux Bermudes l’hiver et aux U.S.A. en été. Mais, là comme au Canada, ils ne sauront s’adapter aux lois d’un marché de bourgeois où ils veulent rester des nobles… “Nous passons en ce moment une crise terrible en Amérique, les théâtres font une guerre acharnée aux vues animées qui ont des centaines de théâtres dans toutes les villes. Nous payons des loyers fabuleux. À New York je paie une salle 90 000 francs, l’autre 11 630 dollars (58 150 francs) et nous avons dans une, 290 places à 10 sous, dans l’autre 216 à dix sous – la police nous cause toutes espèces d’ennuis, pas d’enfants en dessous de 16 ans, enfin, on vient de fermer les dimanches et 3 dimanches me coûtent 12 000 francs, je suis donc en ce moment très gênée. Le prix des vues a renchéri beaucoup de 10 sous le pied, on nous fait payer 15 – tout est en syndicat et les loueurs sont les maîtres. Nous avons essayé de louer et un rouleau de 1000 pieds de vues rayées, passées, dansant sur l’écran nous coûtaient 125 francs pour 3 jours or il nous en faut 8 par semaines nous avons trouvé meilleur marché d’ouvrir trois salles et d’acheter nos vues comme nous avons toujours fait et de cette façon nous gardons notre nom qui est le premier en Amérique et battons la concurrence.”

Contrairement à ce qu’elle écrit en décembre 1907 à son notaire breton, Marie-Anne de Grandsaignes ne triomphera pas longtemps de la concurrence avec cette tactique. Au contraire, elle et son fils doivent abandonner leurs opérations à New York où ils perdent trop d’argent – elle se fait en plus voler sa bourse, perd ainsi 4000 francs. Après le dernier détour d’Henry à Montréal à Pâques 1908, ils partent de New York sans laisser d’adresse et sans régler leurs comptes chez les fournisseurs. Ils se rabattent ensuite sur leur clientèle estivale de St-Louis. Les affaires n’y sont pas meilleures. La comtesse doit finalement se résoudre à emprunter sur les revenus de sa propriété et même sur sa maigre pension de veuve de fonctionnaire pour tenter de renflouer la carrière de son fils. Peine perdue: le notaire qui gérait Le Suler a cédé son étude à un successeur, Me Gaouyer, qui ne connaît pas les Grandsaignes et se préoccupera uniquement de percevoir ses honoraires, tout en laissant péricliter leur propriété et leurs affaires. Toute la correspondance échangée avec ce notaire pendant ces années raconte la même histoire: ils ne font plus d’argent en Amérique et réclament les revenus d’une propriété dont ils ignorent l’abandon graduel. La seule chose qui change à chaque lettre, ce sont leurs nouveaux déboires. En 1910, le cinéma qu’ils louaient chaque été à St-Louis est vendu et le nouveau propriétaire exige un loyer exhorbitant 15. L’été suivant ils s’embarquent pour les îles St-Pierre et Miquelon: le climat y convient mieux à la vieille comtesse que l’été torride des Bermudes, les vues achetées en France y sont exemptes de douanes et les nombreux pêcheurs en transit sont une bonne clientèle pour le cinéma qu’ils y ouvrent. Mais l’unique génératrice électrique des îles tombe en panne au beau milieu de la saison… 16 Rentrés aux Bermudes pour l’hiver, ils n’ont pas d’argent pour y ouvrir leur salle. Marie-Anne loue une maison dans l’espoir de prendre en pension des touristes, mais Gaouyer tarde à lui expédier le mobilier et la literie dont elle a besoin pour opérer cette nouvelle affaire 17. Pendant des mois et des mois, elle lui demandera inlassablement d’expédier ce matériel qu’elle ne recevra jamais. La dentelle bretonne étant à la mode, elle essaie de gagner quelques sous en vendant celle qu’elle commande en Bretagne en plus de celle qu’elle confectionne elle-même. Mais ce négoce fonctionne couci-couça, la marchandise comme les paiements tardant trop souvent 18. Elle demande à Gaouyer de faire abattre une partie des arbres du Suler pour vendre le bois 19; mais les métayers y ont songé avant elle… Elle suggère même de louer le moulin à marée pour installer une centrale électrique 20. On le fera, mais ailleurs, et quelques décades plus tard. Pour couronner le tout, un concurrent ouvre un cinéma à Hamilton (Bermudes) où ils avaient été jusque-là les seuls exploitants: il se ruine, mais achève de les ruiner eux aussi 21.

À la fin de l’été 1912, pendant qu’un acheteur s’intéresse au Suler, la meunière intente un procès à cause du moulin que Gaouyer laisse tomber en ruines. La comtesse se précipite seule en France où elle n’est pas retournée depuis 1905 22. Son notaire, qui ne s’occupait jamais de rien, s’offusque maintenant de la voir intervenir : il se démène pour empêcher toute transaction et lui bloque toute avance de fonds. Elle doit laisser en gage son certificat de pension pour emprunter de quoi repartir “comme les immigrés, en 3e classe, à 72 ans.” 23

Après un dernier hiver sous les tropiques et un autre été à St-Pierre, même si elle “ne se résout pas à être une vieille femme”, la comtesse d’Hauterives rembarque pour la France en novembre 1913, espérant encore vendre Le Suler à bon prix pour terminer tranquillement sa vie et “assurer à mon fils après moi une position sûre et stable”. Nouvelle catastrophe : à St-Malo où ils accostent, la chaloupe qui transborde leur matériel du paquebot jusqu’au quai chavire: le projecteur et les films, seul bien qu’ils ramenaient de leurs 16 années de pérégrinations en Amérique, sont irrémédiablement perdus 24. Henry parle pourtant encore de trouver des fonds pour ouvrir un nouveau cinéma à St-Malo; se ravisant, il essaie ensuite de lancer une agence de location de voiliers à Dinard 25. Mais sa mère semble en avoir maintenant assez des lubies de cet enfant à qui elle a transmis son imagination, mais pas son opiniâtreté. Alors que commence la guerre, elle trouve enfin la paix : Le Suler est vendu, elle se réconcilie avec la famille, et se retire à Rouen 26 où Henry a trouvé un quelconque emploi de fonctionnaire. Elle s’éteint à Pont-L’Abbé, le 20 décembre 1920 27, jour du mariage de son petit-fils Robert.

La presse locale ne mentionne même pas son décès dans les notices nécrologiques. Ironie du sort, l’espace réservé à Pont-L’Abbé dans les notes locales de cette semaine-là est occupé entièrement par une annonce du Bretagne-Cinéma…

Henry sera plus considéré… Le 28 septembre 1929, le Petit Parisien lui accorde 5 lignes dans l’étalage des faits divers: “M. Grand’seigne d’Hauteville (sic), clerc d’avoué, demeurant 14, rue de Bellefond, est pris de malaise dans un café de la rue de Maubeuge et meurt pendant son transport à l’hopital. ” Qui peut porter attention à un fait divers aussi anodin, quand les premières pages sont consacrées aux funérailles du Cardinal Dubois et au mystère de la femme coupée en morceaux. “Le célèbre vicomte d’Hauterives”, dont les Québécois acclamaient la visite annuelle, ne fut après son retour en France qu’un petit employé de bureau remarqué pour son esprit et dont on admirait les récits de voyage.

Remarié après la mort de sa mère avec une jeune femme de 26 ans sa cadette, Marguerite Eugénie Holleville, il habitait un modeste immeuble où se côtoyaient des voisins sans prétention qui oublièrent vite son titre de vicomte. Ses relations se souviennent cependant d’eux comme d’un couple heureux qui adorait les sorties: “Henri était extraordinaire de gaiété, il avait un esprit pétillant, un vrai feu d’artifice. Je me souviens que lors d’une excursion à la pointe du Raz, nous étions arrêtés pour visiter une très belle église sur la route de la pointe. H avait effaré le brave curé avec ses plaisanteries, il avait quelque chose d’un gamin.” 28 Chaque été, il faisait sa visite de courtoisie à Pont-L’Abbé, chez sa demi-sœur. Les petits-neveux se rappellent qu’il aimait bien prendre un verre, mais il donnait des bonbons et on le préférait à sa mère, surnommée grand-maman-tape-dur 29.

Henry fut inhumé à Paris, au cimetière de la porte Pantin. L’année suivante, le corps fut exhumé pour être transporté à Pont-L’Abbé, dans le tombeau familial. Les autres noms sont déjà effacés de la dalle de marbre où le sien continue aussi de s’éroder. J’ai donc gravé à mon tour ce monument, dont voici le point final.

Notes:

  1. État civil, Commune de Briec
  2. Marie de Riquetti de Mirabeau était une descendante de Boniface de Mirabeau, le frère du grand tribun révolutionnaire Gabriel-Honoré. Boniface était quant à lui, passé à l’histoire pour avoir recruté un régiment avec lequel il vint appuyer aux côtés de Lafayette la guerre d’indépendance américaine.
  3. Entrevue avec Mme Grandey et M. Davidson, petits-enfants d’Anna.
  4. État civil, Commune de Pont-L’Abbé. Les registres donnent Henri comme orthographe. Mais lui-même a toujours écrit Henry, aussi l’ai-je imité.
  5. La famille des Grandsaignes d’Hauterives est une vieille lignée originaire de Séverac-le-Château, dans l’Aveyron, où le premier ancêtre anobli gagnât son titre par l’exercice d’une charge de conseiller-secrétaire du roi vers la fin du XVII. Les générations suivantes fournirent à la France des fonctionnaires, professionnels, surtout des militaires. Plusieurs furent Chevaliers de la Légion d’Honneur, le plus connu fut Maurice de Grand­saignes d’Hauterives, grand-père d’Henry (ne pas confondre avec son demi-frère, aussi appelé Maurice) qui fit les campagnes napoléoniennes et fut l’un des chefs de l’insurrection vendéenne de 1832.
  6. État civil, Commune de Pont-L’Abbé
  7. Cf. lettre du 9 août 1912
  8. Contrat de mariage passé chez Me Mauduit, à Pont-L’Abbé en 1868.
  9. Lettre d’adieu du comte Gustave à ses enfants. Archives du Finistère (cote 60J67)
  10. Sa mère cède à Henry la nu-propriété, c’est-à-dire les terres, se réservant les revenus pour elle-même sa vie durant, mais versant à Henry une pension de 4000 francs par an.
  11. Lettre d’adieu. La rédaction de cette lettre, comme l’agonie du comte durera plusieurs mois.
  12. Tribunal de Grande Instance de la Seine et Conservatoire des Hypothèques de Quimper.
  13. Lettre d’adieu
  14. Lettre d’adieu
  15. Lettres du 21 décembre 1910 et du 13 octobre 1910
  16. Lettres du 11 juin 1911 et du 28 novembre 1911
  17. Lettres du 23 janvier 1912, 8 juin 1912 et du 9 août 1912
  18. Lettres du 28 février 1910, 8 juin 1912
  19. Lettres du 8 juin 1912 et du 213 janvier 1912
  20. Lettre du 23 octobre 1911
  21. Lettre du 21 décembre 1910
  22. Lettres du 9 août 1912, 22 août 1912, 24 novembre 1912 et du 12 janvier 1913
  23. Lettre du 24 novembre 1912
  24. Lettres du 21 novembre 1913, 17 janvier 1914, 24 janvier 1914
  25. Lettre du 25 mai 1914
  26. Lettres du 23 octobre 1916 et du 24 janvier 1918
  27. État civil, Commune de Pont-L’Abbé
  28. Lettre à l’auteur de Mme Yvonne Joncour, août 1984. Les parents de cette dame avaient une concession voisine du Suler, où ils péchaient des huîtres. Plus tard, leur fille a fréquenté Henry à Paris.
  29. Entrevues avec Mme de Blignières et M. Davidson petits-neveux de Henry de Grandsaignes d’Hauterives.