Préambule
Quand arrive l’an 1900, Raoul Barré (1874-1932) mord dans le siècle nouveau avec un appétit évoquant parfois celui de l’épicurien, parfois celui du gastronome. Ce fils de famille bourgeoise importatrice de vin de messe, cet artiste ambitieux formé à Paris aux Beaux-Arts, cet inventeur de génie, ce Québécois visionnaire et audacieux s’illustre aux endroits où s’annoncent les idées modernes. Les cinéphiles le connaissent comme pionnier de l’animation. Peintre coté dans les salons d’art, il fait aussi sa marque dans l’édition, il participe à l’essor de la presse à grand tirage, il signe des bandes dessinées, des caricatures. Cet homme est aussi un bon vivant, respecté et aimé par ses proches.
En 2004, la Cinémathèque québécoise a présenté une grande exposition consacrée à tous les talents de Barré : peinture, illustration, bande dessinée et cinéma. À l’origine de ce projet eut lieu l’acquisition d’une importante collection de documents et de dessins d’art que conservait la nièce du cinéaste, Madame Marie-Paule Barré (21 juin 1906 – 08 décembre 2009). Ce don nous a permis d’avoir une image plus claire de la vie de l’artiste. De plus, comme Mme Barré avait séjourné à New York en 1927 et avait vu son oncle travailler au studio de Pat Sullivan, producteur des Félix le chat, elle devenait à nos yeux un témoin précieux.
Comme Barré a beaucoup voyagé, qu’il passait constamment d’une discipline à l’autre, et comme aussi bien les arts « nobles » que les arts dits populaire font partie de son parcours, il n’a rarement eu droit à une biographie recensant l’ensemble de son œuvre. Étudier Barré exige de faire appel aux connaissances de spécialistes de plusieurs disciplines afin de poser sur l’œuvre un regard global et transversal.
Ce dossier constitue une forme enrichie d’une biographie que nous avions publiée à l’occasion de l’exposition de 2004. Pour la partie se rapportant aux beaux-arts, nous avons fait appel à l’historien de l’art Laurier Lacroix.
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