Tendre silence
Voici que nous nous retrouvons enfin au cœur de ces orages aveugles dans cette nuit de couteaux sans cibles.
Roland Giguère
« La main au feu »
« Over my dead body ». C’était la nuit à l’intérieur du labyrinthe. La nuit des complicités.
Michel (Brault) qui avait installé un lit de camp dans sa cellule plantait des harts dans la batture archaïque de l’île aux Coudres sous l’œil narquois de Grand Louis.
Gilles (Groulx) et sa noire compagne plaçaient de la dynamite sous des escalators climatisés de Miami.
J’opposai à la puissante C.I.P. le désespoir des bûcherons nomades de la Manouane pendant que tu déambulais parmi les peuples noirs et élégants du Niger.
Nous étions pris dans le marasme du montage et des dead lines et j’ai vu que le Pierrot lunaire n’était qu’un masque. Une volonté inflexible d’écorché.
« Dis-toi : « Over my dead body » et le rouleau compresseur de l’administration sera forcé de s’arrêter. »
Je sauvais mon premier film.
Tu as dit qu’il serait fallacieux de chercher la liberté d’un poulain sauvage dans une cage en or.
Boucherville-sur-le-fleuve
La claire maison de bois et les dialogues aimables et les journées clémentes. Tu y recevais une partie de la tribu onéfienne.
Ta mère aussi quand passaient, par hasard, Jean Rouch ou Edgar Morin.
« Ça, c’est un Jutras ; il avait 6 ans. Ça, c’est un Borduas… »
Y venaient aussi Dède et Alain Pontaut et Patrick Straram.
La douceur du temps et des soirées d’été.
Nous continuerons de converser en silence ; les commissaires se sont évanouis.
Arthur Lamothe