C – Le rôle de l’Office du film du gouvernement canadien (Canadian Government Motion Picture Bureau) (chapitre 10-13)
11 – De l’examen de ces films, j’en conclus que la manière suivant laquelle on procède est la suivante. Les fonctionnaires de chaque ministère commandent leurs films à l’Office et les supervisent. Par malheur, ils prétendent tous savoir ce qu’ils veulent; l’Office n’est donc qu’une manufacture fournissant équipement et caméramans pour tourner des scénarios établis par les ministères. Cette entente est morne et maladroite. Si l’on veut que les films canadiens soient de premier ordre, leur fabrication doit être considérée comme un acte de création. La puissance créatrice de l’Office du film doit être améliorée et les ministères devraient s’attendre à une collaboration active de la part de l’Office.
12 – On ne dira jamais assez que faire du cinéma est un travail d’experts. Cela ne signifie pas seulement être compétent au niveau de la prise de vues mais aussi, quand on veut atteindre le public, la capacité d’interpréter de façon imaginative les demandes du gouvernement. Cette capacité d’interpréter et de présenter, qui est la clé de tout succès, exige une compétence hors pair. Au cinéma, celui qui la possède est le producteur. On ne doit pas le considérer comme le chauffeur qui conduit le véhicule selon les ordres des ministères mais comme celui qui est responsable d’obtenir de bons résultats selon leurs besoins. Puisqu’il est chargé d’une commande précise, on devrait l’appuyer au mieux pour lui permettre de la réaliser. Durant mes dix années d’expérience comme producteur pour le gouvernement britannique, je n’ai jamais vu quelqu’un me faire obstacle une fois une commande passée. On avait décidé, au nom du bon sens, qu’il fallait donner à chaque idée le maximum de chances de se développer; la politique suivie était telle que, une fois la commande donnée, la responsabilité créatrice du film appartenait, pour le meilleur et pour le pire, au producteur et à lui seul. On devrait adopter une attitude semblable dans le cas de la production gouvernementale canadienne. Sinon vous n’obtiendrez pas les services d’hommes compétents et imaginatifs.
13 – Je devine qu’actuellement on ne prend pas l’Office au sérieux. Alors qu’il devrait avoir un rôle moteur dans la propagande cinématographique, il n’est perçu que comme un vulgaire service de la fonction publique. On doit donc le libérer du complexe d’infériorité où l’ont réduit la discipline et les tracasseries ministérielles et faire en sorte qu’il s’épanouisse en tant qu’instrument puissant de la propagande du gouvernement.