Renaissance Films et LE PÈRE CHOPIN
On ne sait pas exactement de quelle manière ni dans quelles circonstances est né Renaissance Films. Il ne semble pas que DeSève ait été directement mêlé à cette compagnie dès sa fondation qui remonte officiellement au 6 avril 1944, avec un capital de $500,000. réparti en 4000 actions privilégiées de $100. et 10000 actions ordinaires de $10. C’est ce mois- là, on s’en souvient, que la revue Le Film annonce le doublage à Hollywood de succès américains et que l’Orpheum en présente à Montréal. On peut donc croire qu’il y a alors dans l’air un appel de films en français, qu’il est très difficile d’en tourner en France et qu’un producteur quelconque pourrait être tenté de s’aventurer sur cette voie à l’étranger. Or depuis quelques temps est arrivé au Canada un Français, Charles Philipp, qui œuvre dans le cinéma depuis 25 ans et qui avant guerre dirigeait une petite boîte de production à Paris, la Paberlon.
Léon Franque nous trace le portrait de Philipp. “Russe de naissance, il fut à 14 ans de la première équipe de Charles Pathé. Il a visité le monde dans tous les sens; toute sa vie il a été à la recherche de l’image et, doué d’une vitalité étonnante, dynamique et puissante, la catastrophe mondiale, loin de l’arrêter, le retrouve plus agressif que jamais. ‘L’on peut faire du film français partout dans le monde nous disait-il, mais après Paris c’est Montréal qui est le premier centre intellectuel français du globe. Ici, j’ai sous la main tout ce qu’il me faut: décor naturel d’une splendeur inouïe, des talents multipliés par cent, des techniciens habiles, des dévouements qui me laissent béat d’admiration. Ayant tout sous la main, je me mets donc à l’œuvre!…’ À ses bureaux de Paris l’on pouvait voir avant la guerre défiler les plus grandes vedettes de l’écran français… C’est parce qu’il a foi en la France de demain qu’il se prépare tout de suite, chez nous, à fournir à la France du cinéma… Réaliste convaincu et surtout d’un enthousiasme communicatif, M. Philipp est un dynamo humain. Chaque difficulté quotidienne, il la mate; chaque problème est résolu en cinq sec, chaque embarras est renversé. On est ébahi, un peu sidéré devant une telle puissance d’organisation mais on est bien forcé d’ouvrir les yeux”.
Cet homme sûr de sa réussite a en mains un scénario signé Bella Daniel et intitulé LE PÈRE CHOPIN 1. S’il trouve ici les appuis nécessaires pour mettre en marche son œuvre, il doit par contre se mettre à la recherche des personnes compétentes qui peuvent l’aider à réaliser son projet. Naturellement, en ces temps de guerre, ces personnes n’existent qu’aux USA. Il s’y rend donc. Est-ce là qu’il rencontre Fédor Ozep qui vient de tourner THREE RUSSIAN GIRLS ou l’a-t-il déjà rencontré en France où Ozep a déjà travaillé 2? Et George Freedland, son principal adjoint, comment se met-il en contact avec lui? Par hasard ou par l’intermédiaire de Ozep qui aurait pu conseiller Freedland sur le tournage de son film anthologique consacré au cinéma soviétique : THE RUSSIAN STORY (1943)? Mystère. Toujours est-il qu’il recrute là-bas des techniciens et des collaborateurs chevronnés. Au Québec il fait surtout appel à Jean Desprez pour qu’elle adapte son scénario, c’est-à-dire qu’elle lui donne une couleur tant soit peu québécoise, et à des comédiens locaux qui n’ont aucune expérience du cinéma. Il leur adjoint des comédiens français censés jouer le rôle de locomotive : François Rozet, au Québec depuis 42 à l’invitation de France-Film et qui a déjà tourné entre autres dans NOTRE-DAME DE LA MOUISE produit par l’abbé Vachet avec quelques argents de DeSève, et Madeleine Ozeray qui a déjà tourné avec Ozep dans LA DAME DE PIQUE.
Nous n’avons pas trouvé de traces dans les journaux de l’époque qui nous éclaireraient sur les origines de Renaissance Films. Le 27 mai 1944, on lit dans La Presse : “Depuis quelques semaines l’on poursuit à Montréal des essais de photogénie pour le film LE PÈRE CHOPIN. Nous reviendrons plus tard sur cette remarquable initiative déjà en excellente voie d’ailleurs”. Léon Franque qui écrit ces lignes, disserte ensuite sur les qualités photogéniques mais ne nous dit malheureusement pas qui sont ces jeunes talents qui mettent leur espoir dans notre cinéma embryonnaire. Mais dans un article du 2 juin, on nous donne quelques indices : “Hier après-midi, aux studios de l’Associated Screen News, on a visionné les bouts d’essai de quelques artistes locaux pressentis pour les seconds emplois du film… Les meilleurs essais sont ceux d’Ovila Légaré, Pierre Dagenais, Janine Sutto, Ginette Letondal, Mimi Jutras, Murielle Guilbault, May Talbot, Adrien Villandré, Andrée Bastien, Andrée Basilières, Jeanne Démons, Jean-Paul Kingsley”. Nous voilà un peu plus éclairés. On constate que certains de ces noms, les premiers notamment, sont ceux que l’on retrouvera dans le film. Le même article nous fournit des renseignements supplémentaires : “L’aménagement des studios va bon train à Ville St-Laurent. On achève les travaux d’acoustique. Sous peu on entreprendra la construction des décors. Des meubles ont été achetés et l’approvisionnement de pellicule vierge est suffisant”. C’est ce même 2 juin que Charles Philipp annonce aussi qu’il a pressenti comme vedettes masculines, Georges Rigaud, Paul Cambo et Erich von Stroheim. Voilà ce digne compagnon de notre cinéma qui fait son apparition : la rumeur. Que voulez-vous, ça fait dresser l’oreille et ça peut servir de ballon d’essai.
C’est vers cette époque, ou un peu après, que Renaissance Films publie, sous la plume de Raymond Daoust, un texte publicitaire, le seul que nous lui connaissions. “Pour la première fois dans nos annales une firme cinématographique vient s’implanter dans la province de Québec. L’importance de l’événement mérite qu’on le souligne comme il convient. On ne saurait imaginer, même avec la meilleure volonté du monde, tout ce qu’a pu exiger de labeur et de persévérance la mise en marche de cette entreprise vraiment colossale. Des milliers d’obstacles ont surgi propres à décourager l’instigateur du mouvement, M. Charles Philipp, mais doué qu’il était d’un courage indomptable et d’une énergie surhumaine, rien ne pouvait réussir à contrecarrer ses projets. On s’apprête à tourner des films chez nous, dans nos murs! Qui eut pu prévoir un développement aussi imprévu, une réalisation aussi spontanée? Le rêve, pour élevé qu’il était, n’en est pas moins devenu une réalité concrète et saisissable… Le public aura bientôt d’ailleurs l’occasion de juger et… d’apprécier sur l’écran les fruits de cette longue préparation. Pour les temps difficiles que nous traversons, c’est un tour de force peu commun, c’est une affaire prodigieuse. Jamais pareille tentative n’avait été lancée. Il fallait sortir des sentiers battus et faire œuvre nouvelle. Mais, dit un dicton toujours d’actualité, ‘à vaincre sans péril on triomphe sans gloire’. Les animateurs de Renaissance Films ont droit à plus d’un éloge en plus de s’attendre, de notre part, à une gratitude bien légitime”.
À la St-Jean-Baptiste, on informe le public que le tournage débutera le premier juillet. Mais ce jour arrive sans que l’on soit prêt. Le 15 juillet La Presse publie des petites nouvelles de la Renaissance Films. On apprend qu’Ozep, en compagnie de son assistant M. Brodsky et d’une équipe de onze personnes, est présentement à Ste-Agathe pour préparer le découpage technique du film. C’est Ozep lui-même qui a arrêté le choix de Ste-Agathe comme lieu de tournage car les “Laurentides sont un paradis visuel pour tout cinéaste”. Philipp annonce que le romancier Maurice Dekobra doit arriver sous peu à Montréal pour prêter main-forte au travail de rédaction finale du scénario. Il fait part aussi de la venue imminente de Paul Cambo, une fois son visa obtenu. Le mois de juillet se passe donc en préparatifs. On modifie le scénario de façon à lui donner une atmosphère plus canadienne, du moins pour les scènes du début. On peut dire aussi que les principaux acteurs sont choisis; pour la première fois on voit apparaître les noms de Rozet et de Chabrier. Finalement on arrête une nouvelle date pour le début du tournage : le premier août. Mais Philipp caresse aussi d’autres projets; il envisage de tourner au début de l’hiver LE CHANT DE LA VOLGA ou STENKA RAZIN pour tirer parti des paysages hivernaux du Québec. Mais avant cela et tout de suite après LE PÈRE CHOPIN, il compte réaliser un film avec un groupe d’enfants, ANTONIO, pour lequel il a déjà approché un jeune metteur en scène français.
Plus le temps passe, plus la date de tournage se précise. Philipp décide de marquer le coup en commençant par la séquence de la fin, lorsque le père Chopin peut enfin diriger un vrai concert. Il propose d’organiser ce concert au chalet de la montagne, endroit habituel de concerts estivaux et de le faire servir au bénéfice des Amis de l’Art dont l’animatrice est l’épouse du secrétaire de la province Hector Perrier. Les recettes du concert iront donc à cet organisme et Renaissance va ainsi se gagner une excellente renommée. On annonce pour le 6 août ce gala exceptionnel. Malheureusement c’est sans compter sur les chauffeurs de tramway qui débrayent cette semaine-là. On remet donc le concert au dimanche 13 août. Mais la grève se poursuit toujours. Comme tout le monde est prêt, on décide néanmoins de commencer le tournage avec de la figuration, 220 personnes en tout. Le concert est filmé en deux jours, les 13 et 14 août.
Le 20 août on filme quelques plans du concert public qui a finalement lieu. Le 26, on déménage pour deux semaines à St-Théodore de Chertsey pour les scènes de la vie de village. Une fois les extérieurs terminés, tout le monde déménage à Montréal aux “studios” de Ville St-Laurent, aménagés dans l’aréna du collège. Vers la mi-octobre tout est terminé : 112,000 pieds de pellicule impressionnée, 580 plans! Beaucoup de travail en perspective pour le monteur Freedland. Il s’agit d’abord de faire tirer au laboratoire d’ASN les bonnes prises en évitant le gaspillage : il y a la guerre et les restrictions sur la pellicule sont très sévères. Une fois tout en main, le montage et toutes les autres opérations s’effectuent rapidement, beaucoup plus rapidement qu’à Hollywood : économie oblige. Le 3 février 45, Philipp déclare : “Ce sera un film remarquable et le public montréalais le verra en première mondiale probablement au début de mars”. Les mois à venir sont donc très importants.
Nous avons dit tout à l’heure que nous ne connaissions pas l’implication de DeSève dans Renaissance Films ni la façon dont LE PÈRE CHOPIN a été financé au coût d’environ $200,000. Chose sûre, DeSève voit le film au montage et en mesure immédiatement l’intérêt. Il sait que France-Film a besoin de films français. Il décide donc de fonder une compagnie qui, dans un premier temps, achèterait la majorité (5100) des actions ordinaires de Renaissance Films, s’assurant par le fait même une grande partie des bénéfices réalisables sur LE PÈRE CHOPIN. C’est ainsi que naît Renaissance Films Distribution (RFD) incorporée le 25 avril. DeSève conclut aussi au nom de France-Film un contrat de distribution qui avantage Renaissance Films, donc qui l’avantage, et cela au grand dam de Janin. Le 19 avril LE PÈRE CHOPIN sort en grande pompe au St-Denis. Quel genre de film est-ce? Jean Desprez en a fait un synopsis de 6 pages dont voici des extraits :
“Tout pays a ses légendes. Le Canada a les siennes, comme il a ses fables et ses contes. LE PÈRE CHOPIN, c’est un conte, un conte charmant, fait de candeur et d’invraisemblances. Un conte que vos arrière-petits-enfants raconteront le soir, à leurs petits enfants. Mais pour nous de la quatrième décade du vingtième siècle, il se déroule de nos jours, dans un coin perdu de la Province de Québec, bien bas sur le fleuve, vers son embouchure, et perdu dans des forêts, et perdu dans des montagnes, un tout petit clocher dominant les toutes petites maisons du tout petit village de St-Valentin… Ces âmes simples ont appris à aimer la belle musique. Le père Chopin s’en est fait l’avocat. Le père Chopin? Lui-même rougit encore devant ce sobriquet qu’il considère comme un sacrilège. Paul Dupont est un des privilégiés de la terre : ceux-là qui savent se contenter de la part qui est faite à chacun… Une famille heureuse : cinq enfants de douze à vingt et un ans…. Le tout finirait par un mariage si… dans Montréal, un vieil homme n’avait pas eu la peur de sa vie. Pierre Dupont, riche industriel, est propriétaire des célèbres fabriques de conserves connues dans tout le pays grâce à son fameux programme radiophonique… Monsieur Pierre Dupont a vu sa fin prochaine. Monsieur Pierre Dupont est pris de panique. Il ne veut pas mourir seul. Il ne veut pas mourir comme un vieux chien. Pierre Dupont veut quelqu’un auprès de lui, du monde, de la famille. Il faut trouver sa famille qui vient de Dinard en France… Qu’on se rassure, puisque c’est un conte, ça ne peut que bien finir. Et ce sera le coupable, ce sera l’oncle, avec ses millions, qui saura recoller les morceaux du pot cassé d’abord par lui et ses millions”. On devine aisément la teneur de cette histoire de deux frères séparés et différents qui se retrouvent et des conflits qui surgissent lorsqu’un millionnaire vieux-garçon devient subitement oncle. C’est pourquoi d’ailleurs en France le film s’intitule L’ONCLE DU CANADA.
Ce conte moral de l’opposition des valeurs de l’esprit et de l’amour à celles de l’argent et de l’égoïsme, le public lui fait un malheur : quatre semaines au St-Denis, dans un cinéma où la règle est de ne présenter qu’un film par semaine. “La direction en est venue à cette décision devant les foules qui en fin de semaine notamment, se sont pressées aux portes du théâtre pour applaudir le premier film de langue française entièrement tourné dans la province. Deux éléments sont à la base de ce succès populaire : les interprètes qui sont tous connus de la foule et qui sont de chez nous, et la qualité intrinsèque de la production… Le film est admirable à tous les points de vue. Le dialogue de Jean Desprez est un des atouts du succès et les scènes des Laurentides et de la Métropole font du PÈRE CHOPIN une œuvre cinématographique unique dans les annales du cinéma canadien” (La Patrie, 6 mai). Ce ton superlatif, ces motifs de plaisir, ces raisons du succès, pratiquement tous les journaux les partagent, qu’ils soient francophones ou anglophones.
Toutefois dans The Gazette, Herbert Whittaker déplore certaines carences : “In fact, now that one cornes to think of it, LE PÈRE CHOPIN is delightful when its presenting Québec rural life and scenes, but much less so when it attempts to go in the direction of Hollywood. Had there been more of Québec in it, LE PERE CHOPIN might be held as a minor masterpiece of the French film, capturing the particular quality of the one part of the world that Canada alone can show to the rest of the world — which is Québec. There is simply not enough of Québec in LE PÈRE CHOPIN. The actors speak Parisian French rather than the tongue of this province. Much flavor is lost to the film this way… (Puis s’adressant à Renaissance Films et à Philipp) You have made a first film that is clear in story-telling, has some beauty of a kind rarely seen on the screen, is high entertaining and technically a great credit to you. Go ahead, make more films. Show us the things that are Québec, with Canadian voices talking about Canadian problems in real Canadian settings. And when you’ve made such a film, in Québec, for Québec people, you will find that you have made a film that the rest of the world will be interested in. And your second film, who knows, may be a masterpiece”. Comme on le voit, dès son premier film, le cinéma québécois pose la problématique de son authenticité et de sa personnalité, problématique qui domine et oriente toute la production des années 40-50 et demeure récurrente depuis lors.
En fait, dans ce concert de louanges, il n’y a qu’une voix discordante, celle de R.O. Boivin dans le RadioMonde du 5 mai : LE PÈRE CHOPIN n’est pas, comme on veut le faire croire, le premier film “canadien” de langue française mais bien un film de caractère international tourné au Canada en entier, comme il y a quelques années M. Duvivier vint tourner au Canada plusieurs scènes de MARIA CHAPDELAINE en notre pays sans pour cela baptiser son œuvre canadienne. Puisqu’il s’agit donc d’une production cinématographique de commerce, sans caractère national, je suis donc libre de l’apprécier comme n’importe laquelle autre, sans tenir compte des sensibilités ou des moyens de financement… Nous sommes devant un film de qualité pauvre dont la banalité est corrigée par deux éléments qui ne peuvent que nous flatter : le dialogue de Jean Desprez et la preuve qu’il nous apporte de l’incontestable facilité des nôtres devant la caméra… Dieu merci que ces gens-là, définis comme amateurs, ne soient pas des professionnels, si cette qualité a pour attribut l’insincérité notoire de Madeleine Ozeray et l’afféterie de François Rozet… Voyons maintenant côté technique. À quoi donc attribuer l’irrégularité du son, si ce n’est à l’insouciance? Pourquoi n’a-t-on pas établi l’équilibre de la sonorité de sorte que l’oreille du spectateur ne fut pas torturée?… Et puis la mise en scène?… Et la figuration maintenant?… Honnêtement je ne peux arrêter ici. Il faut que je passe au découpage. On ne dira toujours pas que ce sont des amateurs qui l’ont accompli. Nous voici devant un ensemble débalancé!… Est-ce dire que le film est mauvais? Intrinsèquement, suivant le barème international, oui! Pour nous non!” Il est finalement frappant de constater qu’en définitive personne ne se questionne sur le sens du film. Comme quoi, à certains moments, les processus de reconnaissance et d’identification masquent toute autre perspective.
Le succès du PÈRE CHOPIN enclenche le véritable développement de l’industrie cinématographique au Québec, la nouvelle ruée vers l’or, comme titre The Standard. (Dans cet ouvrage, nous ne regarderons que son volet Renaissance et nous reviendrons dans une autre publication sur les autres compagnies). Nous avons vu tout à l’heure que RFD prend rapidement le contrôle de Renaissance Films; le conseil de cette dernière est alors composé de Paul Leblanc, président, DeSève, vice-président et gérant, Jean Filion, secrétaire et Lionel Leroux, directeur. Cette compagnie cessera pratiquement toute activité en 1946, date du dernier rapport qu’elle envoie au gouvernement. De toute manière, quelle est son utilité depuis l’arrivée de RFD? Apparemment aucune, bien qu’elle puisse un jour servir. En cette année 45, RFD voit à la distribution du PÈRE CHOPIN, à sa vente en Europe et aussi à ses projets futurs. DeSève, qui n’est plus à France-Film, devient en août directeur-gérant de RFD. 3 À ce moment-là le conseil d’administration est composé des personnes suivantes :
président et directeur gérant : J.A. DeSève
producteur : C. Philipp
administrateur : Paul Pratt, président de l’Union des municipalités du Québec, président de l’Office central catholique
administrateur : Rosaire Beaudoin, C.R., administrateur de plusieurs compagnies de la province
trésorier : Léo Choquette, propriétaire de plusieurs cinémas
secrétaire : Edgar Tessier, directeur de la troupe de théâtre L’équipe.
Sous la houlette de ce conseil, la compagnie met en branle une nouvelle production en acquérant pour un peu plus de $8000. le scénario du VILLAGE DU PÉCHÉ 4. C’est à peu près tout ce qui se passe cette première année.
Au premier décembre la situation de la compagnie est la suivante:
Notes:
- En fait, selon notre collègue D. John Turner des Archives nationales du film qui a contacté les intéressés, il s’agirait du pseudonyme de Philipp d’après le nom de sa femme Bella et de son fils Daniel. ↩
- Notamment sur LA DAME DE PIQUE (1937), GIBRALTAR (38). ↩
- La nomination de DeSève coïncide avec la visite à Montréal d’Émile-Albert Salomon, employé de France-Film à Paris et pour l’occasion envoyé par le gouvernement français pour s’enquérir des liens cinématographiques entre la France et le Canada et sur la façon de les améliorer au plan de la distribution et de la production. Salomon n’est pas sitôt arrivé que DeSève lui met le grappin dessus, le soustrait à Janin, l’empêche de donner à France-Film des documents et des renseignements qui la concerne et le convainc finalement de représenter les intérêts de RFD en France, ce qui n’a pratiquement aucune suite. Ce ne sera pas la première fois que quelqu’un sera dupé par DeSève dont le style de direction extrêmement personnalisé empêche l’interlocuteur de savoir exactement avec quelle compagnie il fait réellement affaire puisque pour lui c’est toujours DeSève le point de référence. Nous retrouverons cette situation plus tard avec Than et Fields. ↩
- Certains journaux, en parlant du projet, écrivent VILLAGE DE PÉCHÉ : en majuscule et en Gaspésie, lieu de l’action, les nuances se perdent et les coquilles se justifient. Mais le cocasse de l’histoire c’est que les revues canadiennes-anglaises annoncent THE FISHERMEN’S VILLAGE au lieu de THE VILLAGE OF SIN. Pour faciliter les choses, plus tard le projet portera le titre du VILLAGE DU PARDON puis de L’HOMME AUX BONBONS… ↩