Discours officiels à l’occasion du 25e anniversaire (extraits)
Allocution du ministre
Maurice Lamontagne, Secrétaire d’Etat
(extraits)
Through the National Film Board, we now have a place in the film world, and I may even say, on the basis of many testimonies, that we produce quality and sometimes exceptional quality. If we are so pleased about these 25th anniversary celebrations, it is precisely because they indicate that in one field of the arts at least, we have succeeded in doing something good, useful and well done. Our achievements are a source of envy for many countries, as you well know.
I would not want to overlook a function of the Board which has been one of the fundamental reasons for its creation. To a large extent, the National Film Board, through its diversified and abundant production, through its concern to portray the diversity of our country, has enabled the Canadian people to better understand themselves, to see themselves as they really are, and to get a greater knowledge of their country.
In another field, which is also very dear to me, the Board has shown throughout the last twenty-five years that two cultures can live together. In my view, the fact that two cultures can manifest themselves freely and independently, according to their own dynamism, with mutual exchanges within the same organization, as in the case at the National Film Board, this fact is an important sign, a justified hope in the future that “cultural inter-relationship may be dangerous” but he also added that “cultural isolationism was in the long run fatal”.
Understanding through culture is understanding at the fundamental and most durable level. I entirely share the opinion expressed not long ago by the editor of Le Devoir, Mr. Claude Ryan who said : “Je crois qu’une société politique composée de personnes, de cultures et de religions différentes loin d’être non-viable, peut plus qu’une société monolithique favoriser l’épanouissement de la liberté et de la primauté de la raison”.
This cultural coexistence in the National Film Board has produced excellent results. Although I could give many examples of this wonderful cultural cooperation, I would just like to mention that some English-speaking film-makers are as well known in Montreal and Quebec as they are in Toronto and Vancouver. For the past few years, the best French productions have received a very warm response from English-speaking audiences.
Je disais donc tout à l’heure que grâce à ses courts métrages, le Canada existe dans le monde du cinéma international. Et je m’empresse d’ajouter que, à mon avis, le court métrage n’est pas un genre mineur au cinéma. Il a une fonction particulière de témoignage direct dont l’importance et le prestige vont durer, je crois, aussi longtemps que va durer le cinéma. Il reste cependant que, comme forme de création artistique, comme témoignage global de l’homme, le film de long métrage est un mode d’expression fort séduisant et sans nul doute très efficace. C’est au cinéma d’aujourd’hui que dans une très large mesure, nous retrouvons toutes les grandes interrogations contemporaines, toutes les angoisses, tous les problèmes, mais aussi toutes les réussites de l’homme. Un pays qui n’a pas de cinéma de long métrage se prive d’un des plus importants moyens de s’exprimer. Une industrie nationale du long métrage, comme il en existe en France, en Italie, en Angleterre, au Japon, permet à un peuple non seulement de dire ce qu’il a à dire dans la forme la plus accessible de notre époque, mais encore de se voir, de trouver un reflet de lui-même sur les écrans de son propre pays, et cela me semble très important. En second lieu, le film, lorsqu’il réunit certaines qualités essentielles, est, de nos jours, le produit culturel le plus facilement et le plus massivement exportable. Si nous décidions de lancer une grande offensive pour faire échec à notre pauvreté culturelle, pour provoquer un épanouissement intellectuel et artistique capable de faire équilibre à notre standard économique, sans doute faudra-t-il alors placer aux premiers rangs de nos objectifs la création d’une industrie du long métrage. Sur l’intervention nécessaire de l’État pour aider une culture à progresser, ma position, je pense, est bien connue. Dans le passé nous avons confié notre vie culturelle presque exclusivement à l’initiative des individus et des organismes privés. L’épanouissement très relatif de notre culture montre que cela n’est pas suffisant. Il m’apparaît que le concours de l’État est aujourd’hui indispensable pour favoriser les progrès culturels d’un peuple. Dans l’ordre du cinéma, le Gouvernement doit soutenir l’Office national du film et je crois que, parallèlement, il doit apporter un appui nécessaire à la réalisation de longs métrages par des producteurs indépendants.
While not detracting in any way from the important contribution which the Film Board has made to Canadian life both at home and abroad, we cannot be equally happy about the present State of the Canadian film industry in some of its important aspects. Unlike most other countries with similar problems and similar professional talents, we seem to have been unable to bring forth a film industry in Canada which could find its aspiration in a Canadian setting and produce and distribute a Canadian-made product to place alongside the production of the Office national du Film. There is nothing new about this problem and clearly it was intended that one of the functions of the Board would be to assist through its own activities in the development of a Canadian film industry. This surely the Board must continue to do.
In recent months, the Government has become particularly interested in this vital Canadian aspect of our national life. We have come to the conclusion that the establishment of a feature film industry in Canada is highly desirable and that technical facilities and talent are available in our country to make such a development practicable. We are also conscious of the fact that some form of public financial assistance is required to foster the Canadian feature film industry.
Therefore, it is the intention of the government to ask Parliament for the necessary authority to establish a loan fund for the production of feature films of high quality in Canada. In our view, one of the important limiting factors in our country has been the availability of risk capital to finance such film production.
It will take some months before the authority can be secured from Parliament to undertake this programme. The Government, with the assistance of the National Film Board and in consultation with the industry, intends to use this period for a further intensive study of the problems faced by the feature film industry, including the distribution problem both at home and abroad. A more detailed announcement of Government plans will be made when these studios have been completed. (…)
Cette industrie du long métrage que nous voulons voir naître et prospérer, je crois qu’elle va bénéficier de l’impulsion qu’a donnée l’Office national du film depuis vingt-cinq ans. Je souhaite vivement que, par les efforts combinés de l’Office, des producteurs privés et du gouvernement, l’homme canadien soit, et cela dans un avenir prochain, de plus en plus présent sur les écrans de son propre pays et sur ceux de nombreux pays étrangers, que ce soit par le long ou le court métrage. Ce sera là un signe de notre progrès et peut-être aussi de notre maturité culturels.
Allocution de Monsieur Guy Roberge,
Président de l’Office national du film
et Commissaire du Gouvernement à la cinématographie
à l’occasion des fêtes du 25e anniversaire
le 5 août 1964. (extraits)
Ladies and Gentlemen :
Ce témoignage de René Clair affirmant que :
« … l’Office national du film est une institution absolument unique au monde et… » ajoutait-il « … je ne vous fais pas un compliment, j’énonce une vérité. » Je le rappelle en offrant au personnel de l’Office l’expression de notre gratitude pour ce travail d’équipe qui, en vingt-cinq ans, a fait l’Office national du film. (…)
Le Secrétaire d’État nous honore aujourd’hui de sa présence. Je veux, par son entremise, assurer le Parlement de notre fidélité aux buts qui nous furent fixés par la Loi nationale sur le film. L’honorable Maurice Lamontagne et moi, sommes liés par une amitié qui remonte à l’époque de nos débuts, lui, à l’Université, et moi, au Barreau. Je le connais bien, et je me permets de reprendre à son égard, en la modifiant à peine, la première phrase de Mémoires célèbres : « Toute ma vie, je me suis fait une certaine idée (du Canada). Le sentiment me l’inspire aussi bien que la raison. »
Cette idée du Canada, Monsieur le ministre, c’est aussi la mienne et, croyez-moi, c’est également celle de cette maison. (…)
À John Grierson, à qui cette maison doit son impulsion initiale, l’orientation dynamique qui s’est manifestée dès le début, je veux exprimer notre reconnaissance. Longtemps après son départ, l’Office a continué sur les lancées de Grierson, et les lancées de Grierson, c’était la ferveur, l’enthousiasme et une certaine conception virile du service public.
Puis Ross McLean devint Commissaire du gouvernement à la cinématographie. McLean qui avait suscité la préparation du rapport Grierson et qui avait été l’adjoint du premier patron. Ross McLean assuma la tâche de conduire l’Office à travers la difficile époque de transition et de réadaptation de l’après-guerre. McLean sut donner à l’Office un nouvel équilibre. (…)
Il nous a semblé que ce 25e anniversaire devait être en quelque sorte une heure de vérité, un moment d’intense réflexion. Un organisme comme l’Office national du film n’a de raison d’être que s’il est pleinement au service de la population, et cela selon les méthodes les plus enrichissantes et les plus efficaces, que ce soit au niveau de la production ou de la distribution des films. Pour bien accomplir sa fonction, un organisme comme le nôtre doit constamment réviser ses positions, s’interroger sans cesse et faire en sorte, sinon de devancer l’évolution dynamique du pays lui-même, du moins d’être toujours en accord avec elle. Depuis vingt-cinq ans, le Canada a vécu intensément. À travers un quart de siècle aussi riche et aussi mouvementé, les organismes publics qui ont pour mission de refléter le pays, de l’aider à résoudre ses problèmes, se devaient d’évoluer eux aussi. C’était pour eux la seule façon d’être vraiment utiles en répondant aux besoins nouveaux qui se manifestaient au cours des années. L’Office national du film s’est adapté à une société qui se modifiait sans cesse. J’ai toujours cru — et cela demeure pour moi une règle qui me guidera aussi longtemps que j’aurai la direction de cette maison — que l’Office ne pouvait et ne peut se permettre d’être en marge de la vie qui se fait au pays; au contraire, nous nous devons d’y participer aussi étroitement que possible. Voilà pourquoi le Conseil d’administration de l’Office national du film a voulu que ce 25e anniversaire soit pour tous en cette maison un temps de réflexion, une espèce d’heure de vérité.