La Cinémathèque québécoise

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Correspondance (1936)

LE VOYAGE À TRAVERS L'IMPOSSIBLE (1904)
LE VOYAGE À TRAVERS L’IMPOSSIBLE (1904)
Coll. Cinémathèque québécoise

Orly, 7 décembre 1936

Cher Monsieur,

Nous avons vivement regretté de ne pas vous avoir revu, samedi matin, avant notre retour à Orly, mais nous avons dû reprendre notre train à 11h20, parce que, d’une part, j’avais un enterrement à midi, auquel j’étais obligé d’assister, et que, d’autre part, ma femme n’ayant pas pu dormir, était très fatiguée. Nous ne sommes plus habi­tués au vacarme des rues de Paris, dans notre silencieux patelin, et les autos, les boîtes de laitiers, les poubelles, et les bavards se sont chargés de nous tenir éveillés. Peu importe, d’ailleurs, et je dois vous remercier de la très agréable soirée que vous nous avez fait passer, j’ai été très heureux, pour ma part, de me revoir dans mon jeune temps, et très content de permettre à ma petite fille de voir quelques films de son grand-père. Elle n’en avait jamais eu l’occasion, et ces scénarios rocambolesques l’ont bien amusée, malgré les très nombreuses disparitions des trucs les plus importants et les plus cocasses, dues au mauvais état des copies, et aux coupes sombres qu’elles ont subies.

Naturellement, les éditions originales présentées, chez nous, à Robert-Houdin, commentées par un speaker, accompagnées au piano, avec les effets soulignés par des bruits en coulisse faisaient plus d’effet, mais, telles qu’elles sont aujourd’hui, et tron­quées, elles permettent néanmoins de rendre un compte approximatif d’un genre fan­taisiste que l’on ne rencontre plus dans la production moderne qui n’est guère que du théâtre ou du roman mis en images, et non de l’invention cinématographique origi­nale.

Samedi matin, j’avais fait monter trois cafés au lait, mais la patronne s’est absolu­ment refusée à me les laisser payer, déclarant que tels étaient vos ordres. Vraiment vous avez trop bien fait les choses et je vous remercie, de nouveau, de votre hospita­lité… écossaise. (On chante cela dans la “Dame Blanche”!)

“Chez les montagnards écossais…
L’hospitalité se donne et ne se vend jamais!”

Ce n’est probablement pas vrai, en Écosse, mais, à Paris, ce fut vraiment une réalité.

Vous m’avez dit un mot de votre projet d’installation de réserve de films, à Orly, et de votre idée de produire un film nouveau, l’été prochain; si vous avez l’intention de donner suite à ces projets et d’en causer un peu avec moi, nous serions très désireux, ma femme et moi, de vous avoir à déjeuner à Orly, avec votre collaborateur, le jour de votre choix. Un petit mot la veille pour nous prévenir, et tout ira bien. Nous aurons, alors, un bon moment pour bavarder dans l’après-midi, et voir un peu ce qu’il est possible de faire.

Bien cordialement,