La Cinémathèque québécoise

Collections en ligne

Ce site est rendu possible grâce à la fondation Daniel Langlois

Anciens périodiques

Télécharger pdf

Annexe VII : Mémoire sur M. Léo Janssens v.d. Sande, président de Rex Film, Centrale Catholique de cinéma de Québec et Compagnie de distribution commerciale de films

  1. FONDATION DE LA C.I.F.

En 1947 se fondait en Europe la C.I.F. (…) Dans un document subséquent, feuillet de publicité de la Compagnie “Renaissance Films Distribution Inc. de Montréal”, il est dit en toutes lettres ce qui suit : “La Confédération Internationale du Film, approuvée par le Saint-Siège, travaille avec nous… etc.” Cf. Annexe I

Après enquête faite à Rome même, à la Commission Pontificale du Cinéma, cette “approbation par le Saint-Siège” s’avère non fondée. Cette affirmation de la C.I.F. a été niée par M. l’abbé Deskur, secrétaire de Mgr Gabetto. Après consultation des dossiers et documents relatifs à cette affaire, l’abbé Deskur dit que la correspondance échangée à ce moment entre la Commission et la C.I.F. ne contient que quelques “recepisse” de politesse et l’assurance de communications futures, s’il y avait lieu.

Autre affirmation gratuite de la C.I.F. :

“La C.I.F. étant directement reliée à la Commission Pontificale Internationale Cinématographique, instituée au Vatican sous la présidence de Son Excellence Mgr O’Connor, tient à préciser qu’elle reçoit des directives de cette Commission…” (Cf. Procès-verbal de la Réunion du Comité exécutif de la C.I.F., à Paris, le 23 mars 1949. Dixième résolution).

L’enquête ci-haut mentionnée, faite à Rome en 1954, prouve également la fausseté de cette prétention et de cet écrit de la C.I.F.

  1. FONDATION AU CANADA DE “RENAISSANCE FILMS DISTRIBUTION INCORPORÉE”

Un peu après la fondation de la C.I.F., M. Janssens lance au Canada, plus précisément à Montréal, un grand studio de production, par l’intermédiaire de son agent, M. l’abbé Vachet.

“Déjà dans un rapport précédent nous avions informé Votre Excellence que l’abbé Vachet, qui s’était rendu au Canada en notre nom en 1947, était parvenu à intéresser les catholiques du Canada de financer un grand studio. À cet effet, une société complètement indépendante fut créée à Montréal qui mit plus de 4½ millions de dollars à la disposition pour la construction de ce studio.” (Le souligné est de nous). (Extrait d’une lettre de M. Janssens à Son Excellence Mgr Dr Hanssen, Évêque coadjuteur de Roermond, Roermond, le 14 février 1949).

Le 19 mars 1949 devait commencer la production de cinq films. (Cf. Annexes 2 et 3, lettre de Mgr Georges-Léon Pelletier, évêque de Trois-Rivières, au Président du Conseil d’administration de Renaissance Films, et lettre de ce dernier). De ces films, deux ont été tournés : LE GRAND BILL fait à Montréal et LE DOCTEUR LOUISE fait en France.

Au sujet de ce dernier, Renaissance Films prétendait avoir reçu une approbation de la Commission Pontificale du Cinéma, au Vatican. Or après information auprès de ladite Commission, aucune approbation ni condamnation n’avait été prononcée à Rome pour ce film, pour la bonne raison que ce n’était pas un film religieux. La Commission Pontificale, à ce moment-là, n’avait pour mission que le contrôle des productions cinématographiques religieuses. Donc, une fois de plus, fausses représentations.

  1. DIFFICULTÉS DE LA C.I.F. avec l’O.C.I.C. (Office Catholique International du Cinéma) DE BRUXELLES ET RÉPUDIATION DE LA C.I.F. PAR L’O.C.I.C., LE 31 MARS 1949. (Cf.Annexe 4)

Après de nombreuses rencontres et des tractations multipliées, l’O.C.I.C. et la C.I.F. en étaient venues à un accord. Une lettre destinée à prouver la bonne volonté et l’esprit de collaboration de l’O.C.I.C. fut donc envoyée au secrétaire général de la C.I.F., M. Remo Branca.

Devant l’abus que faisait ledit secrétaire de ce document auquel il s’empressa de donner la plus large publicité, le président de l’O.C.I.C.,l’abbé Bernard, dut lui écrire une lettre assez sévère, le 30 novembre 1948. Celle-ci n’ayant pas réussi à modifier et à améliorer l’attitude de la C.I.F., une lettre du même fut encore écrite le 31 mars 1949 à M. Branca, cette fois pour répudier définitivement la C.I.F.. En voici la teneur :

“Cher Monsieur Branca,

……  ” (Cf. Annexe 4a)

  1. REFUS DU CANADA (QUÉBEC) DE COLLABORER AVEC L’O.C.I.C.

Au mois de juin 1949, avait lieu, à Québec, la réunion d’un groupe de catholiques intéressés au problème de l’Action catholique du Cinéma. Cette réunion avait été convoquée par Mgr J.-A. Chamberland, P.D., alors correspondant de l’O.C.I.C. au Canada, pour décider de l’opportunité de collaborer à l’avenir avec l’O.C.I.C. au Canada. Parmi les personnes présentes, il y avait M. Samuel Gagné, gérant général de Renaissance Films. On comprend qu’à ce moment, Renaissance Films, intimement liée avec la C.I.F., n’avait pas intérêt à ce que le Canada demeurât en relation avec l’O.C.I.C., ce qui aurait pu devenir très embêtant pour ses dirigeants. D’ailleurs, c’est l’argumentation de M. Gagné qui emporta la décision de se détacher de l’O.C.I.C., décision très hésitante au début chez les personnes présentes à cette réunion et qui n’étaient pas suffisamment saisies du problème, selon leur propre aveu. (Cf. Annexe 5 , procès-verbal de cette réunion).

  1. EN 1950, FAILLITE DE RENAISSANCE FILMS DISTRIBUTION INC.

Les catholiques de la province de Québec y perdent plusieurs millions de dollars.

  1. FONDATION DE REX FILM.

Centrale Catholique de cinéma de Québec et Compagnie de Distribution commerciale de films reconnue par l’Assemblée des Évêques en date du 11 décembre 1951.

Le Président : encore M. Léon Janssens Van der Sande.

Son Excellence Mgr Charles-Omer Garant, Evêque-auxiliaire de Québec et Secrétaire de l’Épiscopat de la Province, faisait tenir la nouvelle de cette reconnaissance officielle à Rex Film par l’intermédiaire de M. l’abbé David Lambert et confiait, par cette même lettre, au nom de l’Épiscopat, l’exclusivité de distribution Rex Film, (Cf. Annexe 6), le jour où la compagnie serait en mesure de fournir les films demandés.

  1. QUI EST EXACTEMENT M. JANSSENS, PRÉSIDENT DE REX FILM?
  1. Un hollandais, tenu en suspicion en propre pays, comme en fait preuve un échange de correspondance entre Son Excellence Mgr Dr Hanssen, évêque coadjuteur de Roermond. Hollande, et le président de l’A.C. du Film du diocèse de Roermond.
  2. L’homme qui a fondé la C.I.F. qui n’a réussi qu’à brouiller les cartes et à se créer des difficultés avec les Centres nationaux catholiques.
  3. Un homme d’affaires qui a présidé à la fondation de Renaissance Films, compagnie qui a abouti à une faillite retentissante, un an après son lancement.
  4. Un industriel du cinéma en rupture de banc avec l’O.C.I.C.
  5. Quelqu’un qui s’étant vu refuser l’entrée au Congrès International Catholique du Cinéma, à Cologne, en 1954, parce que n’étant ni membre actif ni membre correspondant de l’O.C.I.C., a réussi à y pénétrer quand même grâce à une lettre qu’il a obtenue du président de la C.C.C., Son Excellence Mgr Cody, alors que la C.C.C. avait déjà un délégué officiel en la personne de son secrétaire, l’abbé Jean-Denis Cadieux, d’Ottawa.
  6. Un homme au sujet de qui le secrétariat de l’O.C.I.C. recevait encore des plaintes en 1953, du fait qu’il cherchait à recueillir des fonds en Europe, pour Rex Film, au nom des évêques du Canada…

ANNEXE III

RENAISSANCE FILMS DISTRIBUTION INC.

Mon Révérend Père,

Nous avons l’honneur de vous faire parvenir les documents ci-joints.
Comme vous le constaterez, nous sommes enfin arrivés au moment de la production de films d’esprit chrétien.
Il est plus nécessaire que jamais que toutes les forces chrétiennes se joignent à nous pour gagner une bataille d’une importance capitale.
Il n’y a pas une institution, ni une famille catholique qui puisse se désintéresser du film. Nous nous permettons de vous demander votre concours et nous sommes certains que vous en comprendrez la nécessité. D’avance, nous vous en remercions et nous vous prions de croire en nos sentiments les plus respectueux.

Dr. Paul Gilbert,
Président du Conseil d’Administration
A. Vachet, prêtre,
Aviseur technique et spirituel


ANNEXE IV

NOTE SUR LES RAPPORTS DE L’O.C.I.C. AVEC LA CONFÉDÉRATION INTERNATIONALE DU FILM (C.I.F.R.)

L’idée de cette conférence est sortie de conversations privées tenues à l’occasion du Congrès International de l’O.C.I.C., à Bruxelles, en juin 1947, par M. l’abbé VACHET (France) et MM. JANSSENS VAN DER SANDE (Pays-Bas), BRANCA (Italie) et J.M. CANO (Espagne).

Ces messieurs remirent au Président de l’OCIC une note à ce sujet qui fut discutée en Conseil Général. Estimant que la prudence s’imposait, en raison surtout de la personnalité d’un des promoteurs, le Conseil en prit acte en ces termes : “Le Congrès a appris avec satisfaction que les échanges de vues entre les intéressés au format réduit ont donné lieu à un accord de vue de certaines opérations commerciales à réaliser en commun.”

Le 2 juillet, M. JANSSENS VAN DER SANDE adressait à l’OCIC une longue lettre assez confuse à laquelle nous avons répondu le 19 août, faisant part de certaines observations et demandant des précisions.

À l’occasion d’un voyage à Rome, notre Secrétaire Général, M. A. RUSZKOWSKI rencontra M. BRANCA et les résultats de cette entrevue furent consignés dans un procès-verbal.

Les conditions exigées par l’OCIC furent reprécisées à M. BRANCA dans notre lettre du 23 octobre 1947.

M. RUSZKOWSKI devait représenter l’OCIC au Conseil Général de la C.I.F.R. à Rome, le 28 février 1948, mais la date en fut brusquement reportée au 20 mars, ce qui fut signifié dans une lettre assez déplaisante de M. BRANCA. M. RUSZKOWSKI rencontra cependant ce dernier à Rome, à la fin de février, et M. BRANCA protesta de sa parfaite loyauté à l’égard de l’OCIC, ce qu’il confirma par écrit le 7 mars. Le Président de l’OCIC lui répondit le 15 mars 1948 en termes cordiaux, s’excusant de ne pouvoir assister à leur réunion et chargeant Mgr PROSPERINI d’y représenter l’OCIC.

Le procès-verbal « de la première réunion du Comité Exécutif de la Confédération Internationale du Film Réduit » des 20-23 mars nous fut communiqué et de notre côté nous invitâmes le 20 mai 1948 la C.I.F.R. à participer aux réunions de notre Conseil Général à VENISE, en août suivant, « à titre d’organisation internationale avec qui l’OCIC entretenait des rapports permanents ».

À la suite de longues et laborieuses conversations qui eurent lieu à VENISE à cette occasion avec MM. BRANCA et HEYNE, et pour prouver la bonne volonté totale de l’OCIC. — sans exclure la prudence exigée par l’expérience des mois écoulés aussi bien sur le plan international que national, dans certains pays — le Président de l’OCIC adressa le 31 août 1948 à M. BRANCA une lettre à laquelle il s’empressa de donner la plus large publicité.

Mais l’attitude des dirigeants de la C.I.F.R. nous oblige, dès le 30 novembre 1948, à écrire à M. BRANCA une lettre sévère dont copie fut communiquée aux membres du Comité Directeur de l’OCIC et, le 31 mars 1949, en dépit des protestations d’amitié réitérées entre-temps par M. BRANCA, une autre lettre plus catégorique encore.

Nous avions en effet reçu des protestations très vives du CENTRO CATTOLICO ClNEMATOGRAFICO de Rome quant à la manière dont la C.I.F.R. se servait de nos “approbations » pour bafouer son autorité en Italie. Aussi bien que la KATHOLIEKE FILMACTIE des Pays-Bas, traités avec la même désinvolture par M. JANSSENS VAN DER SANDE, ce que nous ne pouvions évidemment admettre à l’égard de nos propres Centres nationaux, mandatés par la Hiérarchie.

En ce qui concerne les Pays-Bas, nous avions été saisis en outre, le 20 mars 1949, par l’intermédiaire de M. le Doyen BROEKMAN, d’une demande de renseignements émanant de l’Évêché de ROERMOND à la suite d’un rapport remis par M. JANSSENS sur son voyage aux États-Unis et au Canada, rapport qui n’inspirait qu’une confiance limitée et contenait un appel de fonds.

Dans ces conditions, nous n’avons pas jugé opportun d’inviter un délégué de la C.I.F.R. à la réunion de notre Conseil Général de LONDRES, en juillet 1949, d’autant plus que la C.I.F.R. s’était toujours arrangée pour tenir ses réunions sans la présence d’un délégué de l’OCIC (à part celle de Rome en mars 1948, peut-être…), en envoyant systématiquement ses invitations trop tard, etc.

M. l’abbé HEYNE, délégué de M. JANSSENS VAN DER SANDE, a bien essayé d’imposer sa présence à Londres, mais il a été fermement tenu à l’écart et, mis au courant de tous les faits signalés, le Conseil Général de l’OCIC a décidé que désormais, prenant d’ailleurs exemple sur l’attitude de CENTRO CATTOLICO CINEMATOGRAFICO italien, “il ne considérera plus la CIFR que comme une organisation commerciale parmi les autres, ne lui accordant plus aucune position privilégiée.

Au mois d’octobre dernier, M. l’abbé VACHET a tenté personnellement un rapprochement, et il lui a été répondu cordialement, bien que sa démarche ne nous inspire pas grande confiance et que l’OCIC soit peu enclin à perdre encore son temps à tenter d’établir des accords qui ne seront pas plus observés que les précédents.

CONCLUSION

Les buts de la C.I.F.R. sont certainement bons en théorie.

Le besoin se fait actuellement sentir de plus en plus d’une ou de plusieurs organisations qui sur le terrain commercial mais avec un but élevé, se chargent de fournir en bons films les institutions, collèges, paroisses, etc. etc. de tous les pays.

Nous avions sincèrement espéré que la C.I.F.R. jouerait ce rôle, mais nous avons dû constater qu’au lieu de travailler sérieusement ce terrain qui était le sien, elle a perdu son temps et fait perdre celui des autres en empiétant sans cesse sur le terrain des Centres nationaux et de l’OCIC. Il est d’ailleurs un fait que, dans presque tous les pays, les dirigeants ou délégués de la C.I.F.R. sont en discorde avec le Centre national et qu’il est impossible d’obtenir d’eux un travail discipliné ou une collaboration réelle.

Il est à craindre que cette situation ne se modifie pas avec les dirigeants actuels et peut-être vaudrait-il mieux repartir sur de nouvelles bases, telles qu’elles ont été esquissées lors des réunions du Conseil Général de l’OCIC à Londres en juillet 1949, dont le rapport complet est annexé.


ANNEXE IVa

À M. Remo Branca, (secrétaire gén. de la C.I.F.R.)

« Je me suis obligé à mon grand regret de constater par des témoignages qui me parviennent de divers pays, que la C.I.F.R. n’a rien changé à sa manière d’agir, à la suite de mon premier avertissement du 30 novembre 1948. Bien au contraire, il apparaît de plus en plus que les représentants nationaux de la C.I.F.R., aussi bien que ses dirigeants internationaux, sortent sans cesse, par leurs paroles et leurs écrits, des limites de leur compétence, telles qu’elles ont été établies de commun accord entre nous à Venise.”

“Dans ces conditions, l’O.C.I.C. doit renoncer à donner à la C.I.F.R. une situation privilégiée et un appui spécial, et je vous prie donc de considérer comme nulle et non avenue ma lettre du 31 août 1948, et d’en avertir les membres de votre organisation. Je compte donc que vous n’utiliserez plus jamais cette lettre pour votre propagande, sous quelque forme que ce soit, faute de quoi je me verrais obligé de rendre publique la présente lettre.”

« Regrettant d’avoir dû vous écrire ce qui précède, je vous prie de croire, cher Monsieur Branca, à mes sentiments les plus distingués.”

(signé) Abbé Jean Bernard,
Président de l’O.C.I.C.
(31 mars 1949)


ANNEXE V

Réunion du 16 juin 1949 sous la présidence de Mgr le Directeur National de l’OCIC, au Canada, tenue au Secrétariat National de l’Oeuvre pontificale de la propagation de la Foi, à Québec.

Étaient présents : Mgr J.-Alfred Chamberland, P.D., Directeur national de l’OCIC, M. l’abbé Maurice Proulx, cinéaste de Ste-Anne-de-la-Pocatière, Madame Ernestine Pineault-Léveillé, psychiatre de Montréal; M. le Notaire Oscar Hamel de Québec; M. Samuel Gagné, gérant général de Renaissance Films (Montréal); M. Jean-Paul Lemieux de l’Action Sociale Catholique de Québec.

La réunion débute à 3h. 15 par la récitation de la prière. Mgr le Directeur invoque Notre-Dame du Cinéma.

Puis Mgr le Directeur national s’empresse de souhaiter la plus cordiale bienvenue à toutes les personnes présentes qui ont répondu à son invitation. Il précise le but de cette réunion qui est de savoir s’il y a lieu de former un comité permanent actif de l’OCIC au Canada. Actuellement, dit-il, nous avons l’honneur d’être le directeur national de cet office catholique international du Cinéma au Canada, mais ici il n’existe pas de comité permanent. Or, le 5 mars dernier, ayant reçu du secrétariat général de l’OCIC à Bruxelles, une pressante invitation à répondre à un long questionnaire sur la situation actuelle du Cinéma catholique au pays, nous avons jugé bon de réunir quelques distinguées personnes qui seraient en mesure d’apporter de la lumière sur cette question que nous nous posons depuis quelque temps : “Est-il opportun de former un comité permanent actif de l’OCIC. Si oui, consentez-vous à en faire partie provisoirement jusqu’à ce que nos Seigneurs les évêques aient donné leur approbation à ce nouveau conseil. Alors, s’ils le jugent à propos, vous pourrez en devenir les membres réguliers.” Le silence règne quelques moments, mais est vite rompu par M. Samuel Gagné qui expose à l’assemblée réunie son point de vue personnel.

Selon M. Gagné, le Canada français catholique a assez discuté la question cinématographique en rapport avec les principes de morale catholique, il s’agit maintenant pour lui principalement, non plus de travailler à l’assainissement moral du cinéma canadien, car cette mesure opportune se poursuit actuellement par les divers bureaux de censure provinciale, encouragés et soutenus par de nombreuses organisations d’Action catholique cinématographique; mais bien de remplacer le mauvais film par le bon film et la meilleure façon d’en arriver là, c’est encore en produisant des films d’esprit chrétien.

Au Canada, ce que les catholiques ont besoin, en matière de cinéma, c’est plutôt d’une aide financière. Or, il ne ressort pas de l’OCIC de nous apporter cet appui dont nous avons un pressant besoin. L’OCIC est un centre d’étude, d’information, d’impulsion pour le travail cinématographique des catholiques du monde entier. L’OCIC est surtout une sorte de mouvement d’Action catholique. C’est un excellent organisme en soi, mais pourquoi morceler nos forces? Nous aurons à Montréal d’ici quelques semaines un comité actif de la Confédération internationale du Cinéma (C.I.F.).

Nous avons étudié ce mouvement de près, dernièrement en Europe nous avons rencontré ses dirigeants et personnellement nous sommes convaincus que cette confédération est plus en mesure de répondre aux besoins actuels du cinéma d’esprit chrétien au Canada. Quant au comité de l’OCIC dont vous faites mention, Mgr, nous regrettons mais présentement nous croyons que ce serait peine perdue pour nous d’en faire partie. Maintenant, si un jour ou l’autre, l’autorité ecclésiastique juge qu’il serait mieux pour nous d’y apporter notre humble concours, nous nous ferons un plaisir d’y collaborer.

Mgr le Directeur remercie vivement M. Samuel Gagné d’avoir ainsi exposé son opinion personnelle. Il invite ensuite les autres membres présents à imiter M. Gagné et à faire jouir l’assemblée de leur propre expérience concernant la question cinématographique.

M. le Notaire Hamel est du même avis que M. Gagné. Tant au Canada français qu’au Canada anglais, selon M. le Notaire, un travail formidable d’assainissement moral a été accompli. Nous avons combattu, dit-il, de toutes nos forces le mauvais cinéma; nous avons réussi à rendre plus hygiéniques et plus salubres les salles de spectacle. Nous avons fait disparaître en grande partie les affiches obscènes et immorales, nous avons mis sur pied un système de renseignements sur la valeur morale des films présentés.

Si nous considérons l’état actuel des salles de spectacles, des films qu’on y présente et de la publicité qui les accompagne en rapport avec ce qui existait il y a 25 ans, nous nous rendons compte qu’il y a un changement notable dans le bon sens. Il y a encore beaucoup à faire c’est évident, mais nous sommes de l’avis de M. Gagné, à savoir que l’heure de la production est arrivée et qu’il est inutile de diviser les forces des catholiques en matière de cinéma. Si réellement, il existe à Montréal un centre actif de la Confédération internationale du Film, pourquoi ne pas lui laisser libre voie et l’appuyer ardemment?

M. l’abbé Proulx et M. Lemieux approuvent les affirmations de M. Gagné et de M. le Notaire Hamel. Toutefois, M. l’abbé Proulx avoue humblement qu’il n’est pas bien au courant de la nature et du but de l’OCIC. Il sait par contre ce qui se fait présentement à Montréal et ce que Renaissance Films et Québec Productions ont produit malgré les obstacles nombreux qu’elles ont rencontrés. Il connaît intimement les dirigeants de ces compagnies de production et il a confiance en eux. D’ailleurs, M. l’abbé Proulx est lui-même un producteur depuis nombre d’années et tous reconnaissent en lui un expert du cinéma au Canada.

Mme Pineault-Léveillé au début de la réunion était convaincue de la nécessité de créer un comité national de l’OCIC au Canada, mais elle ignorait, avoue-t-elle, d’une part le travail im­mense d’assainissement poursuivi par divers mouvements d’Action catholique et d’autre part les efforts généreux fournis par les compagnies canadiennes de production en vue de produire des films en conformité avec l’enseignement sûr des Souverains Pontifes dans ce domaine. Aussi après avoir présenté à l’assemblée un magnifique travail, sans être tout à fait au point sur la situation actuelle du cinéma au Canada et sur l’action des catholiques canadiens en matière de cinéma, elle semble moins empressée à former un comité permanent actif de l’OCIC ici au pays.

Mme Léveillé se dit très heureuse de participer à cette réunion, mais elle trouve qu’on n’étudie pas assez longuement ce que l‘OCIC pourrait apporter au Canada en matière de Cinéma. Il serait préférable, dit-elle, que nous tenions ainsi quelques assemblées au cours desquelles nous étudierions la question avant de confier à un autre mouvement le soin de se tenir en relation avec l’OCIC. Cependant, elle s’unit à toute l’assemblée réunie pour seconder la proposition de Mgr Chamberland qui s’énonce ainsi :

“Attendu que la plus grande partie des membres réunis considère qu’il est inopportun de former un conseil national de l’OCIC au Canada, nous transmettrons les minutes de cette réunion aux membres du Conseil général de l’OCIC à Bruxelles et nous les prierons de nous autoriser à présenter ces mêmes minutes à S. Exc. Mgr Georges-Léon Pelletier, évêque des Trois-Rivières, et président de la commission du cinéma catholique à la Conférence catholique canadienne et à le prier de désigner celui des mouvements d’Action catholique cinématographique le plus apte à représenter l’OCIC au Canada.”

Mgr le Directeur remercie de nouveau tous les membres présents du bienveillant concours qu’ils ont bien voulu lui apporter aujourd’hui et il termine la réunion par la récitation de la prière.


ANNEXE VI

ARCHEVÊCHÉ DE QUEBEC

Québec, le 10 mars 1952.

Monsieur l’abbé,

Il Nous est agréable de communiquer à Rex Film, par votre entremise, la résolution adoptée par Nosseigneurs les Archevêques et Évêques de la Province de Québec, à leur réunion du onze décembre dernier. Vous remarquerez le désir de Leurs Excellences de favoriser l’organisation d’une centrale catholique de cinéma, dont l’existence s’avère de plus en plus nécessaire.

“L’assemblée des Évêques reconnaît l’institution Rex Film, fondée d’après les directives de l’Encyclique « Vigilant Cura”, comme seule centrale catholique du cinéma.

« Dorénavant toutes nos institutions, associations, centres de loisirs, salles paroissiales, qui font du cinéma, soit de format 16mm., soit de format 35mm., soit continuellement, soit occasionnellement, doivent réserver leurs programmes exclusivement à cette Centrale Catholique du Cinéma.

« Le Secrétaire communiquera à Rex Film la présente décision et s’entendra avec cette organisation sur la manière d’appliquer cette mesure.

“Chaque Ordinaire sera averti du moment propice pour donner cette directive dans son diocèse, selon les possibilités de Rex Film, qui peut déjà, de toute façon servir d’intermédiaire.”

Veuillez agréer, Monsieur l’abbé, l’expression de mes sentiments les meilleurs en Jésus et Marie,

(Signé) Charles-Omer Garant,
Evêque-Auxiliaire à Québec,
Secrétaire de l’Épiscopat de la Province de Québec.

À Monsieur l’abbé David Lambert
REX FILM
Place Jean-Talon
QUÉBEC/ P.Q.


Source : Archives de l’Office des communications sociales

Date de rédaction probable : 1954

Certaines erreurs existent dans ce mémoire notamment au sujet des rapports entre Janssens et Renaissance. Il est facile au lecteur de les corriger à la lumière de ce que nous avons dit précédemment.

Nous avons fait sauter quelques passages ou annexes qui reprennent ce qui se trouve déjà dans les pages qui précèdent.