Marionnette à tige de Kihachirō Kawamoto (Fonds de l’Atelier Frédéric Back)
Fondé pour promouvoir l’œuvre et les idées du réalisateur de Crac!, de L’homme qui plantait des arbres et d’autres films mémorables, l’Atelier Frédéric Back a fait don à la Cinémathèque québécoise d’une imposante marionnette faisant partie de la collection personnelle de la famille. Il s’agit d’une des protagonistes de la série télé japonaise The Romance of the Three Kingdoms.
Réalisée par Kazuya Satō et Kō Koyama, cette série épique, diffusée de 1982 à 1984, est une adaptation d’un roman historique chinois de Luo Ghanzong datant de la fin du XIVe siècle. Les figurines ont été conçues et fabriquées par le cinéaste d’animation japonais Kihachirō Kawamoto, décédé en 2010, et son équipe d’artisans. Produite par la NHK, elle met en scène en prises de vues réelles des marionnettes à tige manipulées par des comédiens se tenant hors champ. Elle compte 68 épisodes de 45 minutes 1.
En 1988, Kihachirō Kawamoto fait cadeau à M. et Mme Back de cette magnifique marionnette (comme l’indique la dédicace sur la tige). Né en 1925, Kawamoto s’est formé en Tchécoslovaquie au début des années 1960 auprès de Jiri Trnka, père de l’animation de marionnettes dans ce pays. Ses films (citons Dōjōji Temple, 1976; House of Flame, 1979) ont été montrés dans les festivals et ont acquis l’estime de la critique et du public. En 1995, le Gouvernement du Japon lui a remis l’Ordre du Soleil levant, l’une des plus importantes distinctions honorifiques japonaises. Il a imprimé à ces marionnettes une gestuelle qui témoignait de son habileté à composer un jeu dramatique.
Surtout connu pour ses films d’animation, Kawamoto entretenait des liens d’amitié avec Frédéric Back (l’œuvre de Back est d’ailleurs tenue en très haute estime au Japon). Ces liens d’amitié n’étonnent pas dans la mesure où les deux cinéastes transmettaient, à travers leurs œuvres respectives, des valeurs communes fondées sur la recherche et le maintien de l’harmonie, une valorisation de la beauté et des traditions, etc.
La marionnette est de grande taille, atteignant une hauteur de près d’un mètre. Elle porte un costume et un maquillage traditionnels chinois. Les vêtements sont colorés et composés de plusieurs couches de tissus. Elle repose sur une tige fixée sur un socle. Sa tête et ses yeux sont articulés à l’aide de fils placés à l’arrière. Sous le socle apparait, en japonais, le mot « yobi », qui veut dire « la réserve » (ce qui peut laisser entendre que la marionnette était en fait une doublure devant servir à l’occasion lors du tournage).
L’objet est visiblement fabriqué artisanalement avec soin, ce qui lui confère un caractère unique. Associé à l’œuvre d’un grand réalisateur japonais, il rehausse la présence de la production japonaise dans nos collections. Il témoigne d’une pratique télévisuelle aujourd’hui presque entièrement révolue, ainsi que du rayonnement de l’œuvre de Frédéric Back et de ses relations professionnelles et personnelles dans le monde entier. Nous désirons remercier notre collègue du National Film Center de Tokyo, M. Hidenori Okada, qui nous a grandement aidés à documenter ce bel objet offert en donation, de même que l’Atelier Frédéric Back, qui nous accordé sa confiance.
Notes:
- Catherine Munroe Hotes, Puppet Theatre Romance of the Three Kingdoms (人形劇三国志, 1982-1984) [en ligne], 2013, http://nishikataeiga.blogspot.ca/2013/12/puppet-theatre-romance-of-three.html, consulté le 18 mars 2015 ↩